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La France perd sa crédibilité plus que jamais dans le monde

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un manifestant porte une banderole portant l'inscription « France, quitte la Libye » lors d'une manifestation contre l'offensive du général Khalifa Haftar en vue de s'emparer de Tripoli, le 12 avril 2019.©AA

Comme la guerre de Libye - déclenchée en mars 2011 par Nicolas Sarkozy au mépris du droit international - l’a montré, la France est désormais prête à toutes les aventures militaires. Il lui faut simplement avoir la certitude qu’elle recevra sans tarder l’aide de l’OTAN. C’est précisément ce qui a engendré la mort de Mouammar Kadhafi et la destruction du système institutionnel qu’il avait peu à peu élaboré, depuis 1969, au contact des diverses populations présentes sur le sol libyen…

Nous savons, toutes et tous, ce qu’est devenue la mer Méditerranée où, désormais, viennent mourir des milliers de personnes qui n’ont fait que subir les conséquences directes et indirectes d’un crime abominable qui restera, à tout jamais, de la responsabilité de la France.

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Ce pays pourrait-il reprendre le même chemin ? Quels sont les facteurs, désormais permanents, qui déterminent sa conduite sur la scène internationale ? Sans doute faut-il qu’ils soient d’une extrême puissance puisqu’ils le poussent à mettre régulièrement en péril la paix mondiale. C’est ce qu’il a fait à travers la guerre de Syrie, et tout au long de la période pendant laquelle il n’a cessé de participer aux menaces lancées contre l’Iran.

En effet, dans sa situation actuelle, la France paraît pouvoir dire: « Périsse le monde, pourvu que je garde mon rang !... » Quel « rang » ? Tout simplement le rang de puissance impériale majeure…

Bien avant la Révolution de 1789, qui s’est achevée sur les grandes guerres napoléoniennes, la France s’est trouvée en concurrence avec l’Angleterre, essentiellement sur les mers, et avec la Prusse, sur le continent européen. En 1870-1871, engagée une nouvelle fois contre la Prusse, elle a perdu une province entière : l’Alsace-Lorraine. Il s’agissait là d’une région très industrialisée. Mais, de plus, le très célèbre château de Versailles a alors accueilli une cérémonie déterminante pour la suite de l’Histoire européenne : le roi de Prusse y est devenu Empereur d’Allemagne…

Il a fallu plus de quarante ans à la France pour se préparer à reprendre l’Alsace-Lorraine à l’Empire allemand, ce qu’elle fit à l’occasion de la Première Guerre mondiale, bientôt suivie de la Seconde, le tout s’enchaînant à merveille.

En 1945, il y a eu une capitulation sans conditions de l’Allemagne, mais la paix n’a pas pu être signée, le pays vaincu demeurant lui-même coupé en deux : la République fédérale allemande (rangée dans le camp des États-Unis) et la République démocratique allemande (rangée dans le camp de l’Union soviétique).

Face à ce pays divisé, la France a cru pouvoir se sentir forte. Avec la République fédérale d’Allemagne, elle a participé à la création du Marché commun (traité de Rome, 1957).

Mais soudainement, il y a eu un coup de tonnerre sur la politique française : alors que l’Union soviétique connaissait de multiples problèmes (qui devaient culminer en 1991), il est devenu bientôt très clair que la République démocratique allemande était en voie d’implosion : la réunification de l’Allemagne d’avant 1945 devenait possible.

Le 3 octobre 1990, c’était chose faite.

Dès ce moment-là, le déséquilibre entre la France et la nouvelle Allemagne était déjà tout à fait inquiétant, mais, à travers l’extension de l’Union économique européenne aux pays appartenant antérieurement au bloc de l’Est dirigé par l’Union soviétique, il apparut bientôt que l’Allemagne se rendait économiquement maîtresse de la Bulgarie, de la Croatie, de l’Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovénie, de la Slovaquie et de la République tchèque, c’est-à-dire de ce que l’on appelle plus généralement les PECO (pays de l’Europe centrale et orientale).

Grâce à une forme de colonisation économique minutieusement développée par l’Allemagne qui se trouve désormais physiquement au centre d’une Europe élargie, et qui peut peser sur les pays de l’Europe du Sud : Grèce, Italie, Espagne, Portugal, l’ancienne puissance coupée en deux domine entièrement la France qui n’a désormais plus qu’une idée en tête : retrouver les moyens qui lui permettraient de reconstituer, de façon même minimale, l’Empire qui était encore le sien au sortir de la Seconde Guerre mondiale : on y trouvait d’abord l’Algérie, la Tunisie et le Maroc, mais également l’Indochine et différents pays d’Afrique, et, tout aussi bien, le Liban et la Syrie.

La France sait pertinemment que, sans les Anglo-Saxons, elle ne peut parvenir à rien dans la dimension militaire. Les dernières guerres où elle s’est trouvée toute seule, se sont achevées sur des désastres : Indochine (1945-1954) et Algérie (1954-1962).

Si donc, aujourd’hui, elle peut rendre quelques petits services aux États-Unis (surtout !) mais aussi à la Grande-Bretagne (sait-on jamais ?), elle y est toute prête. Et c’est ce qui la rend extrêmement dangereuse : elle se dit qu’on pourra toujours lui laisser quelques petits morceaux.

Voici donc planté le décor général de l’Histoire de France récente. Il nous faut maintenant voir quels sont les instruments militaires qu’elle est disposée à mettre en œuvre pour atteindre ses premiers objectifs et passer éventuellement aux suivants.

Cela se trouve dans des documents officiels français que nous pourrons donc étudier tout à loisir dès la prochaine occasion.

Article écrit par Michel J. Cuny, écrivain professionnel et indépendant depuis 1976, pour Presstv français.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV