TV

Le déclin de la puissance des États-Unis a commencé il y a des années (Le Monde)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président des États-Unis, Donald Trump, le 13 mars 2025. ©Keystone

Dans une chronique publiée ce samedi 12 avril dans le journal français Le Monde, l’économiste et écrivain français, Thomas Piketty, a critiqué les politiques du président américain Donald Trump envers des pays du monde, précisant que la crise actuelle ne se limite pas à une crise économique, mais qu’elle constitue également une crise de légitimité et de performance politique enracinée dans l’inefficacité de la structure du pouvoir aux États-Unis.

Le président américain voudrait que la Pax Americana (latinisation du terme linguistique contemporain Paix américaine) soit récompensée par un tribut versé par le reste du monde, de façon à financer éternellement ses déficits. Le problème est que la puissance américaine est déjà déclinante et qu’il faut imaginer le monde sans elle, explique l’économiste français.

Les États-Unis ne sont plus un pays fiable. Pour certains, le constat n’a rien de nouveau. La guerre d’Irak lancée en 2003 – avec plus de 100 000 morts – avait déjà montré au monde les méfaits de l’hybris militaire américaine. Mais la crise actuelle est nouvelle, car elle met en cause le cœur même de la puissance économique, financière et politique du pays, qui apparaît comme déboussolé, gouverné par un chef instable et erratique, sans aucune force de rappel démocratique.

Pour penser la suite, il faut prendre la mesure du tournant en cours. Si les trumpistes mènent une politique aussi brutale et désespérée, c’est parce qu’ils ne savent pas comment réagir face à l’affaiblissement économique du pays, note Piketty.

Exprimé en parité de pouvoir d’achat, c’est-à-dire en volume réel de biens, de services et d’équipements produits chaque année, le PIB de la Chine a dépassé celui des États-Unis en 2016. Il est actuellement plus de 30 % plus élevé et atteindra le double du PIB américain d’ici à 2035. La réalité est que les États-Unis sont en train de perdre le contrôle du monde, peut-on lire dans la suite.

Plus grave encore, l’accumulation des déficits commerciaux a conduit la dette extérieure publique et privée du pays à une ampleur sans précédent (70 % du PIB en 2025). La remontée des taux d’intérêt pourrait conduire les États-Unis à devoir verser au reste du monde des flux d’intérêts considérables, ce à quoi ils avaient jusqu’ici échappé grâce à leur mainmise sur le système financier mondial. C’est ainsi qu’il faut lire la proposition détonante des économistes trumpistes, visant à taxer les intérêts versés aux détenteurs étrangers de titres américains.

Plus direct encore, Trump veut renflouer son pays en s’appropriant les minerais ukrainiens, en prime du Groenland et de Panama.

D’un point de vue historique, il faut noter que l’énorme déficit commercial américain (environ 3 % à 4 % du PIB en moyenne chaque année, de 1995 à 2025) a un seul précédent pour une économie de cette taille : c’est approximativement le déficit commercial moyen des principales puissances coloniales européennes (Royaume-Uni, France, Allemagne, Pays-Bas), entre 1880 et 1914.

Dans sa chronique, l’économiste français a fait référence à d’autres puissances économiques émergentes du monde, à l’instar des BRICS et des pays du Sud. Il a ainsi souligné que les États-Unis ne disposent pas de la capacité à exercer leur autorité sur ces entités.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV