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Dominique de Villepin dresse un bilan sans concession de la crise politique française

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Cette photographie prise le 17 juillet 2023 montre une vue générale du bâtiment de l’Assemblée nationale française à Paris. (Photo à titre d’illustration de l’AFP)

Lors de son passage sur le plateau de « C dans l’air » ce 11 octobre, l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a livré une analyse acerbe de la situation politique nationale, émettant de vives critiques tant sur la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon que sur la stratégie présidentielle qu’il juge en décalage avec les aspirations populaires et la réalité parlementaire.

Pour l’ancien chef de gouvernement, le macronisme traverse l’ultime phase de son existence politique. « Si j’étais plus cruel encore, je dirais que nous sommes dans les dernières pirouettes d’un macronisme qui a perdu sa boussole, celle de l’intérêt général, celle des Françaises et des Français », a-t-il déclaré, soulignant ce qu’il perçoit comme une rupture définitive entre l’Élysée et les préoccupations citoyennes.

L’ancien Premier ministre critique la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, malgré sa récente démission. « Vous êtes devant des Français qui veulent que soit mis fin à la politique macroniste. Vous choisissez de donner le signal, par deux fois, celui qui est le plus proche de vous », remarque-t-il, estimant que le choix du président « ne traduit pas une volonté d’écoute des citoyens ».

Dominique de Villepin dénonce également, de manière plus générale, « un président qui n’a que du mépris pour les institutions, pour la classe politique, pour les partis politiques et malheureusement pour nombre de nos compatriotes ». Il met en garde contre les conséquences d’une démission du président et la tenue d’une élection présidentielle anticipée : « Tous les futurs présidents seraient suspendus à la première difficulté, à une demande de démission, de destitution… Ce serait une instabilité systématique que nous ne pouvons pas accepter. »

L’ancien Premier ministre insiste sur la nécessité de préserver la stabilité institutionnelle et de permettre au gouvernement Lecornu 2 de fonctionner : « Il faut tout faire pour arriver à lui permettre d’avoir des résultats, dans l’intérêt du pays, de tous les partis politiques ». Enfin, il souligne l’importance d’un « armistice budgétaire » pour garantir l’adoption du budget et stabiliser la situation politique.

Au surlendemain de la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, l’incertitude plane toujours sur les perspectives de son gouvernement, dont la composition reste inconnue et qui peine à rallier des soutiens. Le Premier ministre reconduit Sébastien Lecornu doit rapidement former un gouvernement afin de présenter, la semaine prochaine, une première copie de son budget pour 2026, laissant le soin au Parlement de surmonter ses divisions pour trouver un compromis.

La loi impose en effet au gouvernement un calendrier pour permettre au Parlement d’adopter un budget d’ici le 31 décembre. Lundi est la date butoir officielle pour présenter en Conseil des ministres puis à l’Assemblée nationale un projet de budget. Jusqu’au bout, des tractations ont été menées avec les forces politiques pour tenter de rallier une majorité parlementaire et éviter la perspective d’une censure ou de nouvelles élections législatives anticipées.

Après s’être cristallisé sur la taxe Zucman sur le patrimoine des ultrariches, réclamée par la gauche, mais refusée par Sébastien Lecornu, le débat s’est déplacé sur un autre terrain miné, celui des retraites.

Le Parti socialiste réclame la suspension de la réforme fixant à 64 ans l’âge légal de départ, sur lequel le gouvernement s’est dit prêt à débattre. Mais cette perspective, qui coûterait au moins 3 milliards d’euros en 2027, fracture le camp présidentiel et rebute la droite comme le patronat.

Faute de temps, le projet de budget pourrait être identique à celui que Sébastien Lecornu a envoyé le 2 octobre au Haut Conseil des finances publiques (HCFP). Ce dernier a d’ores et déjà rendu un avis à son sujet, comme la loi l’exige, mais qui reste encore confidentiel, a indiqué son président Pierre Moscovici.

Certaines mesures, inspirées de la copie de l’ex-Premier ministre François Bayrou qui prévoyait un effort de 44 milliards d’euros, ont déjà été dévoilées : diminution du train de vie de l’État, baisse d’un impôt de production réclamé par les entreprises, taxe visant les holdings familiales parfois utilisées pour contourner l’impôt, maintien d’une contribution supplémentaire des hauts revenus.

Mais pour se donner de la marge en vue d’un compromis, Sébastien Lecornu a accepté de revoir à la baisse ses ambitions d’assainissement des finances publiques. La zone d’atterrissage du déficit public est désormais projetée « en dessous de 5 % » du produit intérieur brut (PIB), plutôt qu’à 4,7 %.

Cinquante ans après son dernier budget excédentaire, la France a affiché en 2024 le pire déficit de la zone euro : 5,8 % du PIB, soit un « trou » de quasi 170 milliards d’euros entre les dépenses et les recettes. Le déficit atteindrait 5,4 % en 2025.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV