En France, une très large majorité de la population se dit opposée à la volonté du Premier ministre, François Bayrou, de supprimer des jours fériés, en vue du budget de l’année 2026, dans une enquête Odoxa publiée par le Parisien.
À l’aube d’une rentrée politique sous haute tension, la proposition de François Bayrou de supprimer deux jours fériés pour 2026 suscite un rejet massif. Selon un sondage Odoxa publié le 24 août, 84 % des Français s’opposent à la suppression du lundi de Pâques et du 8 mai, mesure visant à économiser 4,2 milliards d’euros dans le cadre d’un plan budgétaire de 43,8 milliards d’économies. Cette annonce, faite mi-juillet, a alimenté les discussions estivales et fragilisé le gouvernement, déjà menacé par une motion de censure.
L’opposition transcende les clivages sociaux et politiques. Parmi les 1 004 personnes interrogées les 20 et 21 août, 87 % des actifs rejettent catégoriquement la mesure, perçue comme une atteinte à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Pour 80 % des sondés, il s’agit d’un « impôt déguisé », tandis que 66 % ne voient aucun lien entre travailler davantage et réduire la dette.
Gaël Sliman, président d’Odoxa, souligne : « Les Français vivent cette proposition comme une violence, un préjudice à leur qualité de vie ». Le rejet est quasi unanime : 91 % des sympathisants du Rassemblement national, 99 % de La France insoumise, 83 % du Parti socialiste, 88 % des Écologistes et même 72 % des Républicains s’opposent à la mesure. Seuls les soutiens de la majorité présidentielle montrent une approbation relative (52 %).
La ministre Aurore Bergé a ainsi soutenu qu’« augmenter le temps de travail dans notre pays est une nécessité » le 25 août sur CNews. La vice-présidente du Rassemblement national Hélène Laporte lui a rétorqué sur le réseau social X : « La véritable nécessité c’est de s’attaquer aux économies que l’État devraient faire : immigration, contribution à l’UE disproportionnée, fraude sociale… ».
Par ailleurs, 80 % des Français estiment qu’il n’y a pas de jours fériés en trop, et 59 % jugent travailler suffisamment, voire trop, un sentiment particulièrement marqué chez les actifs.
Si l’on force les sondés à choisir un jour à supprimer, l’Assomption (26 %), l’Ascension (25 %) et le lundi de Pâques (23 %) arrivent en tête, loin derrière des intouchables comme le 1er mai ou Noël. Mais ce choix reste artificiel : 83 % refusent de sacrifier le moindre jour férié.
Face à ce mur d’opposition, les alternatives comme augmenter les impôts (89 % contre) ou imposer des heures supplémentaires non rémunérées (75 % contre) ne trouvent pas non plus grâce. Cette réticence reflète une aspiration profonde à préserver l’équilibre vie privée-vie professionnelle.
L’exécutif français semble être dans une impasse, confronté à une opinion publique résolue à dire « non » à toute mesure perçue comme sacrificielle.
