Alors que les débats parlementaires sur le budget viennent de s’ouvrir dans un contexte de finances publiques fortement dégradé, l’agence de notation Moody’s a rendu, vendredi 24 octobre, son verdict sur la soutenabilité de la dette française. Contrairement aux deux autres agences, S&P et Fitch, Moody’s a choisi de maintenir la note de la France, du moins pour le moment.
En effet, Moody’s a conservé à la dette française la note de Aa3, signifiant que, selon l’agence, prêter à l’État français présente toujours un risque « très faible ». Ceci tombe alors que S&P et Fitch avaient successivement abaissé la note du pays, la reléguant dans la catégorie moins envieuse des crédits à faible risque — un « très » en moins qui se traduit par une hausse des taux d’intérêt.
Moody’s n’est cependant pas dupe : l’agence a révisé les perspectives de « stables » à « négatives », évoquant l’instabilité politique qui pourrait freiner les efforts de réduction des déficits publics et de l’endettement.
Autrement dit, la France est en sursis. Conscient de cet avertissement, le ministre français de l’Économie, Roland Lescure a réagi dans la minute, estimant que la décision de Moody’s témoignait de « la nécessité absolue d’un compromis budgétaire » au sein de l’Assemblée nationale.
La croissance est désormais attendue par le gouvernement français à 0,7 % cette année et à 1 % en 2026. Moody’s souligne que le changement de perspective de sa notation « reflète les risques croissants d’un affaiblissement des institutions et de la gouvernance en France », ainsi qu’un « recul partiel des réformes structurelles ».
L’agence de notation soulève le risque « d’une fragmentation durable du paysage politique du pays », qui pourrait « nuire au fonctionnement des institutions », avec des gouvernements « continuant à avoir du mal à obtenir une majorité parlementaire ».
En avril, Moody’s indiquait pourtant qu’un retour en arrière sur les réformes telles que la réforme des retraites était un critère de baisse de la note. Et la France a actuellement le déficit public le plus élevé de la zone euro, la dette publique la plus importante en masse à près de 3 500 milliards d’euros, et la troisième de la zone en pourcentage du PIB, derrière la Grèce et l’Italie.