1,3 million de personnes vivent en situation de mal-logement en Île-de-France, et près de 3 millions sont en grande fragilité vis-à-vis du logement. Derrière chaque chiffre, ce sont des vies mises à l’écart, selon un rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés.
Avec ses 12,3 millions d’habitants (5,4 millions de ménages), la région francilienne représente 19 % de la population nationale. L’Île-de-France fait face à une crise du logement ancienne et profonde. Le coût des logements, à l’achat comme à la location, s’est progressivement déconnecté des revenus des habitants. La production de logements, en particulier sociaux, est en panne. Les dispositifs d’hébergement sont saturés. Les parcours résidentiels se bloquent. Le droit à être bien logé devient, pour beaucoup, inaccessible.
Selon un rapport de la Fondation pour le logement des défavorisés, 1,3 million de personnes, soit 10 % des habitants, sont en situation de mal-logement. Publié le 13 octobre, ce document — issu de l’ancienne Fondation Abbé Pierre — dresse un « tableau noir » de la crise du logement en région parisienne, où près d’un tiers des 12,3 millions d’habitants fait face à de graves fragilités.
De la sur-occupation aux impayés de loyers, les chiffres soulignent une détérioration accélérée, exacerbée par la flambée des prix immobiliers dans un contexte de progression de la pauvreté dans le pays, alors qu’un Français sur cinq serait en situation de précarité, selon le Secours populaire.
Plus de 634 000 habitants de la région Île-de-France vivent dans un logement manquant d’au moins deux pièces par rapport à une occupation normale, un chiffre en hausse de 8 % entre 2013 et 2020, d’après l’enquête de l’Insee. À cela s’ajoutent 1,2 million de personnes en surpeuplement modéré, touchant près de 30 % des locataires, soit deux fois plus qu’ailleurs en France.
« Le phénomène est très francilien », alerte Éric Constantin, directeur régional de la Fondation, qui rappelle les chiffres : 2,9 millions de Franciliens fragilisés par leur logement et 1,3 million en situation critique.
Parmi les 288 000 personnes sans logement personnel, la moitié est hébergée chez un tiers, un chiffre qui a bondi de 30 % chez les demandeurs de HLM entre 2019 et 2024.
Les loyers ont grimpé 1,6 fois plus vite que les revenus entre 2002 et 2022, forçant les ménages à y consacrer 34 % de leurs ressources. Résultat : plus de 350 000 impayés de loyers ou de charges, et un record de 8 106 expulsions en 2024.
Dans un contexte de progression de la pauvreté en France et en Europe, la Fondation recense aussi 125 500 personnes sans domicile, dont 4 000 sans-abris et 4 150 en bidonvilles, malgré le triplement des places d’hébergement par l’État depuis 2012.
L’Île-de-France concentre ainsi plus d’un tiers des 4,3 millions de mal-logés en France, alors qu’elle ne représente que 18 % de la population, une tendance qui s’explique par l’attrait pour la capitale, berceau d’emploi, mais aussi parce que la région parisienne concentre le marché immobilier le plus cher de France.