À l’occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires, 20 organisations internationales ont publié une déclaration commune dénonçant les conséquences durables des explosions réalisées par la France dans le Sahara algérien.
Dans un communiqué publié le 29 août, vingt ONG, dont la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF) et l’Observatoire des armements, rappellent que les 17 essais nucléaires français et une quarantaine de tests supplémentaires ont laissé un lourd héritage de contamination radioactive dans le Sahara. Selon elles, les effets sanitaires, environnementaux et sociaux persistent, avec une augmentation des cancers, des maladies chroniques, des malformations congénitales et une dégradation profonde des conditions de vie locales.
Selon l’édition en langue française de la chaîne RT, les signataires regrettent l’absence de réponse des gouvernements français et algérien aux interpellations adressées par des rapporteurs spéciaux de l’ONU en septembre 2024. Ils appellent à traiter ce dossier comme une priorité humanitaire et environnementale, et non comme un enjeu de négociations politiques.
Des « crimes nucléaires »
Le texte réclame notamment la création d’une commission conjointe algéro-française chargée de suivre les conséquences des essais, la reconnaissance officielle par Paris des « crimes nucléaires », l’indemnisation et la prise en charge des victimes, ainsi que la déclassification et la transmission intégrale des archives relatives aux sites contaminés. Les ONG demandent également à la France de signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).
Du côté algérien, elles exhortent les autorités à élaborer un plan national de prise en charge des populations touchées, à renforcer la transparence des travaux de l’Agence nationale pour la réhabilitation des sites d’essais nucléaires et à ratifier le TIAN.
Pour les organisations, la mémoire des essais nucléaires en Algérie « ne peut ni être oubliée ni instrumentalisée ». Elles insistent sur une responsabilité « historique, morale et juridique » partagée entre Alger et Paris, et réaffirment leur engagement à poursuivre la mobilisation jusqu’à ce que justice soit rendue et que les zones affectées soient sécurisées pour les générations futures.
Malgré les années et les appels répétés des victimes et des organisations internationales, la France persiste à nier sa responsabilité. Comme le soulignent les organisations signataires, « six décennies se sont écoulées depuis ces explosions », et pourtant, la France n’a toujours pas agi de manière concrète.
La Loi Morin, censée indemniser les victimes françaises des essais nucléaires, ne prend en compte aucune victime algérienne, rendant toute compensation pratiquement impossible pour les survivants algériens. Ce refus catégorique de réparation est un affront pour les Algériens, dont la souffrance est ignorée depuis trop longtemps.