L’ambassadrice d'Italie en France, Emanuela D'Alessandro, a été convoquée, jeudi 21 août, au Quai d’Orsay à la suite des propos « inacceptables » de Matteo Salvini, vice-Premier ministre italien.
Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a enjoint, le 20 août à Milan, le président Emmanuel Macron à aller lui-même se battre en Ukraine pour dénoncer la proposition française d’envoyer des troupes sur place.
« Des soldats italiens en Ukraine ? Absolument pas. Si Emmanuel Macron le veut, qu'il y aille lui-même. Mets un casque, prends un fusil et vas-y toi-même en Ukraine », a-t-il lancé.
Dès le lendemain, Emanuela D'Alessandro était au Quai d’Orsay, où elle avait été convoquée, ont rapporté plusieurs médias publics français.
« Il lui a été rappelé que ces propos allaient à l'encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays », a déclaré à France Inter une source diplomatique.
Des propos jugés « inacceptables » qui, selon cette même source, mettraient à mal les « récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s'agissant du soutien sans faille à l'Ukraine ».
Selon le quotidien italien La Repubblica, cette convocation de l’ambassadrice ferait suite à l’absence de réponse du Palais Chigi – siège de la présidence du Conseil des ministres – ainsi que du ministère italien des Affaires étrangères, que le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron et l’ambassadeur français auraient appelé à désavouer la Ligue du Nord, que dirige Matteo Salvini.
Depuis février 2024, le président français plaide régulièrement pour un envoi des troupes européennes en Ukraine, une option qu’il a été évoquée dès juin 2023 lors d’un conseil de Défense et qui a été remise sur la table à l'occasion du sommet Trump-Poutine en Alaska.
Lors d’une réunion des membres de la « coalition des volontaires » le 10 juillet, Emmanuel Macron avait obtenu la création d’un « quartier général » à Paris, pour une durée d’un an avant une rotation avec Londres.
La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête de cette coalition, envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.
De son côté, la Première ministre italienne Giorgia Meloni s'y refuse. L’Italie aurait « clairement indiqué » qu’elle n’engagerait aucun soldat, à l’instar de la Pologne et de l’Espagne.
Le vice-Premier ministre italien avait déjà qualifié en mars le président français de « fou », l'accusant de pousser l'Europe à la guerre avec la Russie.
« Zelensky demande la paix, Trump œuvre pour la paix, Poutine veut la paix» tandis qu’« à Bruxelles et Paris, il y a un fou », avait-t-il lancé
Au-delà de Matteo Salvini, l’inimitié entre le clan macroniste et le gouvernement italien de Giorgia Meloni est de notoriété publique… et pas uniquement vis-à-vis de l’attitude à adopter à l’égard des États-Unis de Donald Trump.
En mai 2023, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani avait annulé une visite à Paris après des critiques de Gérald Darmanin à l’endroit de la présidente du Conseil des ministres, l’estimant « incapable de régler les problèmes migratoires ».