Deux jours après la nomination de son gouvernement, ce mardi 14 octobre, une journée décisive s’annonce pour le premier ministre français, Sébastien Lecornu, avec son premier conseil des ministres à l’Élysée et une déclaration de politique générale à haut risque devant l’Assemblée nationale.
Lecornu est déjà confronté à une motion de censure. La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) ont prévu de faire tomber l'exécutif, alors que le soutien du Parti socialiste (PS) et écologistes pourrait s’avérer déterminant pour la survie du gouvernement.
Les groupes de LFI et du RN ont publié lundi leur motion de censure à l’Assemblée nationale. Pour LFI, seul un départ d’Emmanuel Macron permettrait de résoudre la crise politique, tandis que le RN demande « le retour au peuple » et la dissolution de l’Assemblée nationale.
La crise politique en France survient alors que le président de la République, Emmanuel Macron, a critiqué, lors du sommet sur Gaza, à Charm el-Cheikh en Égypte, les positions de l’opposition en faveur de la dissolution de l’Assemblée ou d’une élection présidentielle anticipée, et averti contre « les paris sur l’instabilité ».
Il a appelé les forces politiques à « se ressaisir » et à « œuvrer à la stabilité », au lieu de « faire des paris sur l'instabilité ».
Macron s'est défaussé sur la classe politique de toute responsabilité dans la crise, mettant plutôt en avant son rôle diplomatique.
Selon le règlement de l’Assemblée nationale, la discussion des motions de censure doit intervenir « au plus tard le troisième jour de séance suivant l’expiration du délai constitutionnel de quarante-huit heures » après dépôt. Ainsi, les motions déposées lundi par LFI et le RN devraient être discutées et votées d’ici vendredi. Cela pourrait intervenir dès mercredi après-midi ou jeudi.
Dans un article publié lundi, TF1 a évalué les chances d’adoption de cette motion, indiquant que les députés de gauche se refusent toujours à apporter leurs voix aux textes de l'extrême droite, tandis que les partisans de Marine Le Pen n'ont pas de problème à voter les motions insoumises.
TF1 indique également que même en comptant les voix du RN et d’autres formations droites (Union des droites pour la République d’Éric Ciotti) avec celles des insoumis et des élus écologistes et communistes ayant signé le texte, la motion n’atteindrait pas la majorité absolue de 289 voix, restant autour de 225 votes.
Tous les regards tournés vers les socialistes
Toujours lundi, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a rappelé que, sans suspension de la réforme des retraites annoncée lors de la déclaration de politique générale mardi, « le PS censurera un gouvernement qui tombera aussitôt ».
Ce sont donc les troupes d'Olivier Faure qui détiennent l'avenir de Sébastien Lecornu et ses 69 députés pour ajouter leurs votes aux insoumis et aux élus RN.
La position des écologistes reste à clarifier après la déclaration de politique générale.
Les socialistes ne voudront pas signer les motions de censure LFI et RN, mais pourraient déposer leur propre texte mardi après-midi à l'issue du discours de politique générale de Sébastien Lecornu dont ils attendent une chose : la suspension "immédiate et complète" de la réforme des retraites de 2023.
Avec les voix socialistes (69 élus) et écologistes (38 députés), la majorité absolue serait atteinte. D'autant plus que les 17 membres du groupe communiste joindraient logiquement leurs voix à l'ensemble de la gauche.
La déclaration de politique générale de Lecornu et les réactions du PS détermineront le sort du gouvernement français, qui fait face depuis des mois à des crises politiques majeures telles que des manifestations syndicales, dont « Bloquons tout » et les démissions successives des Premiers ministres.