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Les analyses de la rédaction :
1. Sahel : l’alliance malienne et nigérienne frappe fort
La scène sécuritaire en Afrique de l’Ouest connaît un tournant décisif, marqué par la montée en puissance des forces armées africaines, notamment celles du Mali et du Niger. Grâce à une coordination exemplaire et à une détermination sans faille, ces armées démontrent que l’avenir de la sécurité dans le Sahel repose sur les épaules des nations africaines elles-mêmes.
Ce week-end, des opérations conjointes entre les Forces armées maliennes (FAMa) et nigériennes ont frappé un coup décisif contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région. À Ménaka, une base terroriste a été démantelée grâce à une offensive parfaitement synchronisée, appuyée par les aéronefs de l’armée nigérienne. À 25 kilomètres au nord de l’Abbézanga, dans le cercle de Ouattagouna, une autre base terroriste a été détruite, entraînant la neutralisation de plusieurs éléments ennemis et la saisie de matériels militaires.
Ces succès s’inscrivent dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), une initiative stratégique qui redéfinit la sécurité régionale. Cette coopération démontre que les armées sahéliennes, unies par une vision commune, peuvent relever les défis sécuritaires sans dépendre de l’ingérence occidentale.
Les Forces armées maliennes poursuivent également leurs opérations dans les régions les plus vulnérables du pays, avec des résultats impressionnants :
À Médina Coura, Mopti : Une vingtaine de suspects, dont des cadres terroristes présumés, ont été arrêtés grâce à un renseignement précis.
À Chôbougou, Mopti : Une intervention rapide a permis de neutraliser trois terroristes, d’en capturer trois autres, et de récupérer 29 sacs de céréales volés à des paysans.
À Niafunké, Tombouctou : Deux guetteurs ont été neutralisés, et des suspects ont été appréhendés dans la région de Gao.
Ces résultats reflètent l’efficacité croissante des FAMa dans le renseignement, la planification et l’exécution des opérations.
Ces succès contrastent fortement avec l’image souvent surfaite des armées occidentales dans la région. Malgré des décennies de présence, les forces étrangères ont échoué à éradiquer la menace terroriste et à restaurer la sécurité. Les armées sahéliennes, en revanche, prouvent qu’elles sont mieux placées pour comprendre les dynamiques locales et répondre efficacement aux défis sécuritaires.
Au-delà des actions militaires, les communautés locales s’organisent pour soutenir les efforts de sécurisation. À Saye, dans la région de Ségou, une marche pacifique a rassemblé la jeunesse, les associations féminines, et les autorités coutumières pour attirer l’attention sur la menace des groupes armés. Cette mobilisation témoigne de l’unité entre les forces armées et les populations civiles dans la lutte contre le terrorisme.
L’exemple des armées maliennes et nigériennes souligne l’importance d’une coopération sahélienne renforcée. L’Alliance des États du Sahel incarne une souveraineté retrouvée et une volonté de prendre en main le destin sécuritaire de la région.
Loin des discours paternalistes, ces armées africaines démontrent que l’efficacité ne dépend pas de la puissance technologique ou financière, mais de l’engagement, de la coordination et de la compréhension du terrain. Le Sahel, bastion de résilience, prouve aujourd’hui que les solutions aux défis sécuritaires sont africaines avant tout.
Les forces armées africaines ne se contentent plus d’être des spectateurs dans leur propre maison. Elles en sont les bâtisseuses, avec une vision claire et un avenir entre leurs mains.
2. Mali : défendre sa souveraineté économique face aux multinationales
Les arrestations des employés de Barrick Gold, deuxième producteur mondial d’or, soulèvent des questions fondamentales sur la relation entre les multinationales et les États souverains en Afrique. Alors que les médias étrangers s’attardent sur les accusations portées par le Mali, il est essentiel de contextualiser ces actions dans une perspective plus large, celle de la lutte pour la souveraineté économique et la justice fiscale.
Le Mali, troisième producteur d’or d’Afrique, reste un pays où l’immense richesse minière ne se reflète pas dans les conditions de vie de la majorité de sa population. Les multinationales, souvent accusées de pratiques d’optimisation fiscale ou de non-respect des obligations légales, profitent d’un système qui leur a historiquement permis d’accumuler des profits exorbitants au détriment des pays hôtes. L’accusation portée contre Barrick Gold – « pratiques non orthodoxes » et « impôts non payés » – révèle une tension récurrente entre le désir de l’État malien d’exercer sa souveraineté et les intérêts économiques des grandes entreprises étrangères.
Les 320 milliards de FCFA réclamés par Bamako ne sont pas seulement une somme ; ils représentent un symbole de revendication légitime pour un partage équitable des ressources. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique plus large où le Mali cherche à reprendre le contrôle de ses richesses stratégiques. La récente affaire de Resolute Mining, où le gouvernement a obtenu 160 millions de dollars après des négociations, montre une volonté claire de ne plus se laisser dicter les règles par les multinationales.
Les critiques adressées à ces actions par certains médias internationaux illustrent souvent un biais en faveur des intérêts économiques occidentaux. Pourtant, il est crucial de rappeler que chaque État a le droit – et même le devoir – de défendre ses ressources naturelles et de garantir que celles-ci profitent d’abord à sa population. Le Mali, en adoptant une posture ferme face à Barrick Gold, envoie un message fort : les pratiques opaques et les avantages indus ne seront plus tolérés.
Pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, il est nécessaire d’instaurer un dialogue basé sur la transparence entre les États et les entreprises. Les multinationales opérant en Afrique doivent non seulement respecter les lois locales, mais aussi contribuer de manière juste au développement des pays qu’elles exploitent.
L’affaire Barrick Gold est un révélateur des défis auxquels le Mali et d’autres pays africains sont confrontés dans leur quête d’une souveraineté économique réelle. Ces actions, souvent perçues comme controversées, traduisent une volonté croissante de ces États de ne plus être de simples spectateurs face à l’exploitation de leurs ressources. À l’heure où l’Afrique redéfinit son rôle sur la scène mondiale, de telles initiatives doivent être soutenues et encouragées pour permettre une gestion équitable et durable des richesses nationales.
3. La France face à l’Afrique souveraine
Depuis son entrée en fonction, Jean-Noël Barrot, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, a entamé un périple en Afrique subsaharienne. Ce voyage, qui inclut des étapes au Tchad et en Éthiopie, s’inscrit dans une tentative évidente de repositionnement stratégique de la France sur un continent où son influence s’effrite rapidement. Cependant, il convient de se demander : cet effort peut-il réellement inverser une dynamique déjà bien ancrée ?
Au Tchad, dernier bastion de l’ancienne force Barkhane dans le Sahel, la mission officielle de Barrot inclut des visites humanitaires, mais il est clair que la priorité réelle reste militaire et géopolitique. La montée en puissance de nouveaux partenaires comme la Russie, combinée à la volonté croissante des États africains de diversifier leurs alliances, place la France dans une position délicate.
Dans un passé récent, l’expulsion des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger a illustré l’ampleur du rejet de la présence militaire française dans la région. Ce sentiment anti-français, exacerbé par des accusations de collusion avec des groupes terroristes, a renforcé l’idée que la France agit avant tout pour protéger ses propres intérêts économiques et géostratégiques, au détriment des aspirations souveraines africaines.
Face à cette perte d’influence, de nouveaux acteurs comme la Chine, la Russie, la Turquie ou encore l’Iran ne cessent de gagner du terrain. Ces puissances offrent des partenariats souvent perçus comme plus respectueux, car moins contraints par des conditionnalités politiques ou économiques. Cette approche pragmatique séduit des gouvernements africains qui cherchent à consolider leur souveraineté.
Par exemple, la Russie a su s’imposer comme un partenaire sécuritaire crédible dans plusieurs régions d’Afrique, tandis que la Chine investit massivement dans les infrastructures, favorisant le développement économique sans interférer dans les choix politiques locaux. Ces stratégies, bien que parfois critiquées, répondent davantage aux attentes des États africains que les relations paternalistes qu’entretenait la France.
Pour l’Afrique, le défi ne réside pas seulement dans le rejet des anciens schémas de domination. Il s’agit également de construire une nouvelle dynamique où les nations africaines contrôlent pleinement leurs richesses et leur destin.
La promesse française de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies peut sembler un geste louable, mais elle intervient dans un contexte où la légitimité de la France à parler au nom du continent est de plus en plus remise en question. L’Afrique n’a pas besoin d’un porte-voix, mais de la reconnaissance de son autonomie et de sa capacité à définir ses propres priorités.
La mission actuelle de Jean-Noël Barrot illustre les efforts désespérés d’une France qui peine à maintenir son influence en Afrique. Cependant, l’Afrique a changé. Les peuples africains, conscients de leurs ressources et de leur potentiel, ne se contenteront plus de promesses creuses ou de politiques d’assistanat.
La souveraineté, la gestion équitable des ressources et la coopération gagnant-gagnant sont désormais les piliers sur lesquels repose l’avenir du continent. La France, avec son lourd passé colonial, devra s’y conformer ou accepter de voir sa place se réduire sur un continent qui n’entend plus se laisser dicter sa voie.
L’heure est venue pour l’Afrique de s’affirmer comme un acteur incontournable sur la scène internationale, en rejetant toute forme de néocolonialisme et en embrassant pleinement son indépendance.