Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Sous le carcan du FCFA, l'Afrique ne pourra jamais se développer
La libération du franc CFA et le retour vers un partenariat avec la Russie sont des atouts qui assureront une souveraineté économique et monétaire des pays africains où le franc CFA représentant un « joug colonial » continue de circuler, a annoncé le président du Parti National Républicain du Tchad.
Le franc CFA reste aujourd’hui un « joug » de Néo-colonialisme qui, pendant pratiquement plus de 60 ans, a sapé le développement de la région et a « joué dans le cadre de l'enfoncement plutôt de l'économie », a affirmé à Sputnik Mahamat Adoum, président du Parti National Républicain du Tchad, en marge du 2e Sommet Russie-Afrique.
« Si vous voulez qu'on se développe et qu'on reste toujours sous ce carcan du franc CFA, on ne pourra jamais se développer […]. On veut plutôt vivre, on veut se libérer de ce joug colonial qui continue avec une nouvelle forme de Néo-colonialisme », a-t-il martelé.
Selon Mahamat Adoum, le temps est arrivé pour le peuple de « prendre ses responsabilités » et d’exprimer à tout le monde « de manière beaucoup plus encore démocratique » son vœu de s’affranchir du franc CFA. Selon lui, cette libération s’avère une condition préalable nécessaire pour assurer le développement économique et la souveraineté monétaire du pays.
« On ne pourra jamais se développer tant que cette souveraineté économique et monétaire n'est pas plutôt privilégiée d'avance », a-t-il affirmé.
Pour l’homme politique tchadien, dans les nouvelles conditions d’un monde multipolaire qui se profile dans le contexte politique actuel, le peuple « a une nouvelle aspiration » au-delà des dirigeants politiques et exige « un pas en avant pour pouvoir s’égaler aux autres peuples qui sont en train de vivre ».
Quelques jours avant, le problème du franc CFA pour les pays africains a été abordé dans un entretien avec Kémi Séba, chef de l’ONG Urgences panafricanistes, lors de son interview à Sputnik en marge du Sommet Russie-Afrique. Pour le militant anticolonialiste, le franc CFA « est un cancer » qui « anéantit tout processus de compétitivité ». Adossé à l’euro qui est une monnaie trop forte pour les économies locales, le franc CFA se trouve « en décalage avec la réalité économique de nos pays », selon Kémi Séba.
De l’autre côté, il y a des partenariats qui « n'avaient pas fait leur chemin » dans le passé, mais qui sont aujourd’hui une opportunité « sur laquelle on veut plutôt s'attarder ». Tel est le cas de la Russie qui « non seulement nous tend les moyens, mais nous offre aussi le développement », a souligné M.Adoum.
« La Fédération de Russie a pratiquement offert à l'Afrique des voies et moyens pour un développement et un décollage pratiquement économique de l'Afrique », a avoué Mahamat Adoum citant à titre d’exemple des projets conjoints dans l’industrie pétrolière qui vont s’installer au Tchad avec la contribution de Moscou.
Selon le parlementaire, outre le pétrole qui est « la mamelle de l'économie aujourd'hui », le Tchad a bien d’autres secteurs « plus importants » qui restent malheureusement « dans le cadre informel ». Il s’agit notamment de l’élevage, avec un cheptel de plus de 15 à 20 millions des têtes de bétail, dont les chameaux et les vaches, a continué Mahamat Adoum.
Il a noté qu’au-delà du pétrole et de la viande, le Tchad regorge d'uranium qui n’a été jamais encore touché, ainsi que de l'or. Toutefois, pour le politicien, sans l’autonomie financière et économique, on ne pourra prétendre à faire un développement tous azimuts.
2. Mali : quel avenir pour le français, relégué en langue de travail ?
Dans la nouvelle Constitution du pays, les langues nationales sont devenues des langues officielles.
Le Mali est-il en voie d’abandonner le français, langue officielle du pays depuis son accession à l’indépendance en 1960 ?
Dans la nouvelle Constitution, promulguée le 22 juillet courant, cette langue française est reléguée en langue de travail. Les 13 langues nationales parlées dans le pays deviennent, du coup, des langues officielles selon l’article 31 de l’acte fondamental. Qu’est-ce qui justifie ce choix ? Des experts se prononcent.
« La langue française n’était pas une langue choisie. D’abord c’est une langue coloniale qui a été imposée, ensuite, au départ du colonisateur dans les années 1960, ils nous ont légué cette langue française et l’administration française, ce qui fait que tout le mode de gouvernance c’était justement calqué sur le prototype de la mauvaise gouvernance coloniale », a expliqué l’universitaire Boubacar Bocoum.
Bocoum souligne que « malgré les indépendances, les dirigeants ont continué à gérer le pays avec l’esprit néocolonial, le système administratif colonial et tout ce que le système colonial leur a laissé et n’ont jamais pensé à un moment donné qu’il fallait s’adapter aux réalités sociales, culturelles du pays ».
Pour l’universitaire Boubacar Bocoum « le problème de la langue, c’est le lien entre la France et ses ex-colonies ».
« La langue française qui est une langue hégémonique était une langue de manipulation, de propagande, d’aliénation qui a fait que, à un moment donné, on ne pouvait que réfléchir par le référentiel français ».
« Ce qui a posé beaucoup de préjudices. Nous avons étudié dans cette langue, nous avons été endoctrinés par les grandes théories de ces pays et que, finalement, nos dirigeants ne réfléchissent que par la France ».
Selon Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil National de Transition (CNT) et porte-parole du collectif pour la refondation du Mali « ce choix s’explique par le principe de respect de la souveraineté linguistique et culturelle », soulignant qu’« officialiser la langue d’autrui, ce n’est que développer la Culturation. Aujourd’hui, on a décidé d’être souverain de façon linguistique et c’est vrai que la France nous colonise depuis plus de 100 ans. Et après 60 ans d’indépendance, c’était la même chose, mais aujourd’hui, nous avons décidé d’officialiser nos langues nationales dans les fora officiels ».
Fomba affirme que « les 13 langues nationales parlées dans le pays seront utilisées dans toutes les structures étatiques, privées et en tout lieu », précisant que « la colonisation la plus ardente, c’est le fait d’abandonner ses propres langues ».
Aboubacar Sidiki Fomba explique que « nous sommes en voie d’abandonner le français petit à petit en attendant l’adoption d’autres lois pour essayer d’abandonner le français, puisque beaucoup de documents sont écrits en français, raison pour laquelle nous la maintenons d’abord comme langue de travail, celle de transmission administrative des données ».
La même source précise, en outre, que « cela va changer dans les jours à venir, mais pas brusquement. La langue bamanakan, la langue la plus parlée au Mali peut devenir de la langue de travail s’il convient d’adopter comme écriture phonétique le “N’ko” ou d’autres écritures des langues parlées par 15% de la population ».
Par ailleurs, Fomba note que « l’anglais peut devenir aussi la langue du travail au Mali du fait qu’il est la langue la plus parlée au monde ».
En attendant, la possibilité est donnée aux Maliens d’apprendre d’autres langues, mais de parler aussi de leurs propres langues et de les valoriser, dit-il.
Pour Pr Germy Coulibaly enseignant chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako « une loi organique sera prise pour organiser la mise en œuvre de tous ces éléments et qui va répondre à tous les questionnements autour de la différence entre langue officielle et langue de travail ».
Toutefois, l’enseignant affirme que « désormais, dans nos administrations, si vous parlez une de nos langues nationales, désormais officielles, cela ne posera plus de problèmes », cependant, dit-il, « l’administration qui travaille avec des papiers, des documents, va continuer à écrire en français, puisque la plupart de nos langues nationales sont des langues, des traditions orales ».
« A chaque fois qu’une de nos langues nationales peut résoudre un problème, on l’utilise, mais s’il y a des limites, on utilise le français. On va continuer à utiliser le français comme langue de travail à l’école. Mais dans certains secteurs, comme dans les mairies, dans les zones rurales, ce seront nos langues nationales qui vont être utilisées », poursuit-il.
Coulibaly explique par ailleurs que « les Gouverneurs, les préfets et les sous-préfets seront obligés dans les zones dans lesquelles ils sont établis, de s’adresser aux habitants du terroir dans la langue couramment parlée pour que les habitants puissent comprendre ce que l’État veut leur transmettre comme information ».
3. Le Niger prêt à faire face à une intervention militaire française !
L’opération d’évacuation volontaire des ressortissants français et d’autres pays principalement européens a commencé ce mardi 1er août avec le départ de 262 personnes qui ont atterri dans la nuit à l’Aéroport Charles de Gaulle de Paris. Plusieurs autres rotations sont prévues ce mercredi, mais pour le moment, ce rapatriement ne concerne pas les 1 500 soldats français stationnés au Niger pour protéger les intérêts de la France et de ses alliés occidentaux. Ce qui n’est pas sans inquiéter certaines associations de la société civile qui soupçonnent les autorités françaises de manœuvres suspectes notamment en lien avec l’intervention militaire qu’envisage la Cédéao.
« Face à la dégradation de la situation sécuritaire au Niger, et profitant du calme relatif dans Niamey, une opération d’évacuation par voie aérienne est en cours de préparation depuis Niamey ». C’est en substances le message envoyé, lundi, par l’Ambassade de France à ses ressortissants au Niger. Par la suite, le ministère des Affaires étrangères a précisé que l’opération qui débutera dès le lundi est ouverte aux « ressortissants européens qui souhaiteraient quitter le pays ». Selon les autorités françaises, la décision aurait été prise suite à des « violences qui ont eu lieu contre l'ambassade et la fermeture de l’espace aérien qui laisse les Français sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens ».
La veille en effet, des manifestants survoltés ont pris d’assaut les locaux de l’ambassade de France au Niger, situé dans le quartier Yantala de Niamey, dans la zone dite des « Ambassades », et des actes de vandalisme ont été enregistrés, alors que jusqu’à présent, aucun ressortissant français ou européen n’a été blessé. Par contre, les manifestations devant l’ambassade de France ont occasionné six blessés, notamment des blessés par balle selon certains témoins, bien que la France s’est évidemment défendue d’avoir utilisé des armes létales contre les manifestants.
Il faut dire, comme en témoignent les déclarations faites à des médias français, beaucoup de résidents affirment ne pas vouloir retourner en France car, « ils ne sentent pas leur sécurité menacée ».
Aussi, depuis les évènements du mercredi 26 juillet 2023 et bien que la France soit l’une des cibles privilégiées à être dénoncées par les manifestants lors des marches de soutien organisées un peu partout dans le pays en soutien au CNSP, aucun ressortissant étranger n’a été pris à parti.
Dans un communiqué publié ce mardi 1er août 2023, le Mouvement de la société civile M62, fer de lance de la protestation de la présence des forces étrangères au Niger, a manifesté son inquiétude relativement à cette évacuation imminente par la France de ses ressortissants. « Considérant la décision injuste de la France et de la Cédéao soutenue par une poignée des dignitaires du régime déchu, d’intervenir militairement au Niger… », le Mouvement a estimé que « cette tentative d’évacuation urgente par la France témoigne de ses vraies interventions à intervenir militairement au Niger pour protéger ses intérêts, et ce, même s’il faut tuer des milliers de Nigériens ». Le M62 a par conséquent au CNSP, le groupe d’officiers qui a renversé le président Bazoum et son régime, de « conditionner toute évacuation des Européens au départ immédiat des forces étrangères militaires ».
La France dispose d’au moins 1 500 soldats stationnés au Niger, notamment à la Base aérienne projetée (BAP) de Niamey, située près de l’aéroport international. Pour le moment, ces soldats ne sont pas concernés par l’opération d’évacuation qu’ils coordonnent d’ailleurs.
La France a annoncé qu’elle ne reconnait pas les nouvelles autorités nigériennes issues du coup de force du 26 juillet 2023 et qu’elle soutiendra toute mesure qu’entreprendra la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Pour beaucoup dans le pays, cette opération d’évacuation est une manière pour Paris de prendre les devants au cas où l’organisation communautaire décide de mettre sa menace à exécution, celle d’user de la force pour restaurer l’ordre constitutionnel en cas de refus du nouveau pouvoir en place de réinstaller Mohamed Bazoum dans ses fonctions à l’expiration du délai d’une semaine qui lui a été accordé lors du Sommet extraordinaire des Chefs d’État de dimanche dernier à Abuja, au Nigeria, sur la situation au Niger.
Dans un communiqué rendu public ce mardi 1er août 2023, le Conseil National de Transition (CNT) réaffirme son soutien inconditionnel et sa solidarité vis-à-vis des décisions prises par les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali et les exhorte à œuvrer aux cotés des nouvelles autorités nigériennes pour aider le peuple nigérien à surmonter ces moments difficiles et l’accompagner dans sa quête de souveraineté et de prospérité. Ci-dessous le Communiqué.
Le Président du Conseil National de Transition et l’ensemble des membres du CNT ont appris les décisions prises par les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et de la République du Mali à travers le Communiqué Conjoint du 31 juillet 2023 relatif aux conclusions des sommets extraordinaires de la CEDEAO et de UEMOA sur la situation du Niger.
Le Conseil National de Transition félicite les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et de la République du Mali suite aux mesures indiquées dans ledit communiqué, en réponse aux conclusions des sommets extraordinaires de la CEDEAO et de I’UEMOA tenus le 30 juillet 2023, à Abuja, au Nigéria.
Le Conseil National de Transition regrette lesdites conclusions qui portent préjudice à la souveraineté du Niger et exprime sa profonde indignation face à cette posture inhumaine de la CEDEAO qui ne tient pas compte des graves conséquences qu’elle pourrait causer sur la situation déjà fragile du peuple frère du Niger.
Le Conseil National de Transition encourage les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et de la République du Mali pour leur détermination commune à faire face à l’arbitraire de la CEDEAO dans la gestion de la crise au Niger.
Le Conseil National de Transition tout en réaffirmant son soutien inconditionnel et sa solidarité vis-à-vis des décisions prises par nos deux pays, exhorte les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et de la République du Mali à œuvrer aux cotés des nouvelles autorités nigériennes pour aider le peuple nigérien à surmonter ces moments difficiles et l’accompagner dans sa quête de souveraineté et de prospérité.
Le Conseil National de Transition invite enfin les populations du Burkina Faso et du Mali à la sérénité et à rester toujours mobilisées derrière leurs Autorités de Transition respectives.