Alors que Joe Biden est loin de minimiser la portée des menaces russes proférées contre l’Occident concernant l’utilisation d’armes nucléaires dans la guerre en Ukraine, la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen est revenue dans un rapport sur la puissance militaire de la Russie et le degré de probabilité d’utilisation de la bombe atomique par Poutine sans manquer de préciser qu’en cas de conflit nucléaire entre les deux parties, les forces de l’OTAN seront détruites dans un délai maximum d’une demi-heure.
Les missiles russes à ogives nucléaires, dont certains sont autoguidés, peuvent être lancés depuis toutes les plates-formes terrestres et maritimes ainsi que des avions de chasse, a indiqué le rapport ajoutant que Moscou a évoqué à plusieurs reprises le recours aux armes nucléaires comme un moyen de dissuasion, dont le développement était depuis longtemps une priorité stratégique pour Moscou.
Le kremlin a déclaré à plusieurs reprises qu’il utilisait tous les moyens possibles pour protéger son territoire et sa souveraineté, dont le dernier en date marquait une nouvelle étape de l’opération spéciale de la Russie en Ukraine.
Une autre preuve, a fait savoir le rapport, montrant la détermination de la Russie en matière de dissuasion nucléaire consistait à l’annonce par le président russe Vladimir Poutine en 2018 de la mise en service de cinq nouveaux types de systèmes de missiles, dont trois sont capables de transporter des armes nucléaires sans compter l’état d’alerte maximale en février des forces de dissuasion stratégiques russes, à la suite de l’escalade du conflit en Ukraine.
Les capacités nucléaires de la Russie sont basées sur trois types d’armes étant capables de porter les ogives nucléaires : des ICBM fixes et mobiles, des missiles qui peuvent être lancés depuis les sous-marins et des missiles de croisière embarqués sur des bombardiers stratégiques.
La marine russe dispose de dix sous-marins nucléaires équipés des missiles balistiques d’une portée maximale de 8 000 kilomètres. Quant à l’armée de l’air, les principaux porteurs d’armes nucléaires sont les bombardiers Tu-160 et Tu-95, capables d’emporter des missiles de croisière Kh-55 d’une charge utile de 200 à 500 kilotonnes.
En outre, la Russie possède des armes nucléaires tactiques conçues pour augmenter la puissance de feu lors d’opérations de combat dans une zone géographique limitée y compris des ogives nucléaires qui peuvent être embarquées sur des missiles tactiques Iskander-M.
Cela dit, Moscou dispose de capacités militaro-nucléaires suffisantes, mais on ne peut pas commenter avec certitude sur la possibilité d’une utilisation immédiate d’armes nucléaires tactiques ou stratégiques par la Russie dans la guerre en Ukraine. Or, la dissuasion nucléaire ferait partie de la stratégie du Kremlin.
Il y a des raisons de hausser le ton de la rhétorique utilisant le nucléaire plus influent sur les plans géopolitique et stratégique, qui sont liés à un conflit de civilisations plus profond et plus riche en dimensions, ce que le président russe a exprimé dans son récent discours.
Selon Mohammad Saifuddin, un autre expert et analyste de la chaîne d’al-Mayadeen, il y a des facteurs qui peuvent rendre tangible la possibilité d’utiliser les armes nucléaires dans la guerre en Ukraine qui, si cela se produit, peut avoir des conséquences stratégiques et géopolitiques [mondiales] pouvant même aller jusqu’à l’extinction de civilisations.
En effet, fait savoir l’expert, l’insistance de Washington et de Kiev à rejeter la voie politique, ou du moins à la reporter, afin d’atteindre des progrès dans le champ de bataille crée d’innombrables risques pour Poutine :
Sur le plan militaire, ce refus rétrécit les options aux limites de l’affrontement sur le terrain, ce qui place Moscou devant deux possibilités : soit la Russie mobilisait un grand nombre de forces conventionnelles et menait une guerre de longue durée, ce qui modifiera ainsi le titre de l’action russe en Ukraine d’une opération spéciale à une véritable guerre globale, soit se contenterait d’utiliser les mêmes nombres des forces actuelles sur le champ de bataille permettant à Washington de réaliser un gain très bénéfique.
Entre ces deux cas, le Kremlin a choisi une troisième option consistante à la mobilisation partielle d’environ 300 000 militaires. Sur le plan politique, cette option maintient la Russie dans sa position antérieure, à savoir qu’elle ne veut pas de guerre à grande échelle avec l’Ukraine, et qu’elle est engagée dans la confrontation, consciente de la nécessité de poursuivre des relations historiques avec le peuple ukrainien, et ne pas risquer de faire de l’Ukraine un pays ennemi.
Quant à la quatrième option, qui est l’utilisation d’armes nucléaires, il n’est pas possible d’en parler avec certitude, car selon la doctrine stratégique de la Russie après la guerre froide, en particulier à l’ère de Vladimir Poutine, cette option deviendra nécessaire lorsque la Russie fera face à des risques existentiels et décisifs menaçant son territoire, son peuple et ses intérêts.
Dans le cas de l’Ukraine, et compte tenu de la complexité des affrontements entre Moscou et Kiev, qui aurait conduit à un conflit mondial, la mise en œuvre de ce scénario n’est pas anodine si l’un des facteurs suivants se produit :
1. le déclenchement d’un conflit direct entre l’OTAN et l’Amérique avec la Russie. Washington et Bruxelles insistent pour dire qu’ils ont adopté une position neutre dans la guerre en Ukraine, ce qui contredit la réalité de leur soutien militaire à Kiev, d’où la possibilité d’utiliser l’arme nucléaire.
2. Kiev reçoit des armes stratégiques (nucléaires ou conventionnelles) qualifiées pour infliger de lourdes pertes aux forces russes
3. La Russie se trouve au bord de la défaite dans la guerre malgré l’équipement militaire de pointe dont elle dispose. Et si une guerre nucléaire éclate, une nouvelle grande ligne rouge sera tracée à l'échelle de confrontations mondiales ; car ce n'est pas que sur l'Ukraine que reposent des conflits entre les grandes puissances. C'est plutôt de l'ordre mondial dont il s'agit.