Dans toute la France, le mouvement des Gilets jaunes a célébré son premier anniversaire via une manifestation d’envergure qui a surpris et les autorités et les milieux politiques. Quelque 28. 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, ont battu le pavé: un événement totalement inouï vu le vaste arsenal de répression utilisé par le régime au pouvoir. Ce qui est indéniable, c’est que les Gilets jaunes ont refait la réputation d’une France insoumise aux diktats étrangers, une France souveraine.
Mais la protestation en France se réduit-elle à une simple couleur à une simple étiquette ? Rien n’est moins sûr: depuis un an, les Français ont compris que la démocratie dans laquelle ils vivent n’est qu’une mascarade: pas de liberté de manifester, pas de liberté d’exprimer leur opinion. La France compte désormais des prisonniers politiques, plus d’un millier, 2 000 prévenus, 11 000 arrestations arbitraires. Sans avoir fait la guerre, la France compte désormais des mutilés, des handicapés à vie, et tout ceci parce que le système capitaliste rejeté par une majorité des Français est tenace et sanguinaire et qu’il fait son jeu sous le masque de la démocratie.
Les analystes estiment que la France de l’après-Gilets jaunes ne ressemble plus à la France d’avant et que le mouvement va se poursuivre. Et sa répression ? Il est difficile de croire que le système néolibéraliste en place puisse se réformer ou qu’il accepte de concéder quoi que ce soit aux manifestants.
Les Gilets jaunes sont-ils racistes, xénophobes, anti-sémites ? Des accusations sans fondement ont fusé mais le mouvement n’est ni d’extrême droite, ni antisémite, ni islamophobe. C’est une conscience qui s’exprime.
Déjà le 16 novembre, la police a fait preuve d’une violence inouïe : matraque, LBD, gaz lacrymogène, canons à eau et arrestations ont été tous au menu.
Mais les Français étaient là: leur mouvement a radicalement changé les perceptions globales de la démocratie tout en contribuant à exposer sous les yeux du monde que les donneurs de leçon à Paris ne sont rien moins que des pires dictateurs.
Alexandre Beauvais-Chiva, analyste politique, et Philipe Hugon, reporter de guerre, s'expriment sur le sujet.