Après le lancement de l’opération « Source de paix » par la Turquie et ses supplétifs dans le Nord syrien, les forces américaines, principaux soutiens des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans ces mêmes régions, ont, sous l’ordre du président US, commencé à se retirer des zones d’opérations, laissant leurs alliés kurdes seuls face à l’agression de l’armée turque.
Des forces américano-occidentales étaient déployées dans 16 petites et grandes bases sur le territoire syrien. Outre la base d’al-Tanf à l’est de la province de Homs dans l’ouest de la Syrie, les autres positions et bases desdites forces sont majoritairement répandues dans le Nord syrien surtout dans les provinces de Hassaké et Raqqa.
Avec l’avancée de l’armée turque et ses mercenaires dans le Nord syrien, les États-Unis ont commencé à retirer progressivement leurs forces des zones où la Turquie envisage de créer sa zone de sécurité. La première base qu’ont quittée les forces américaines se trouve dans la ville de Manbij dans la province d’Alep, une base que les terroristes de l’ASL (Armée syrienne libre soutenue par Ankara) comptaient attaquer sans coordination avec les responsables turcs.
Après que les forces américaines eurent quitté cette base, l’armée syrienne et la police militaire russe s’y sont déployées. Des images sur cette base, publiées par les sources d’information, dont le site d’information et d’analyse politique Mashregh News, montrent que les constructions et les équipements militaires sont restés intacts, laissant conclure que les Américains n’ont pas senti la nécessité de détruire, avant de partir, d’éventuels document ou équipement sensibles.
Ces derniers jours, l’on a constaté que les Américains ont accéléré l’évacuation de leurs troupes de leurs différentes positions en Syrie ainsi que leur transfert vers l’Irak via la frontière de Simalka dans le Nord-Est syrien ; tandis que des rapports ont circulé disant que l’aviation américaine a bombardé les bases susmentionnées, après leur complète évacuation.
Les États-Unis n’ont publié aucune photo ni aucun enregistrement vidéo montrant leurs anciens sièges en Syrie, sauf des photos satellitaires tout récemment publiées, et qui montrent que certaines installations dans une des plus importantes bases de la coalition américaine en Syrie, située au sud de la ville de Kobané (Aïn al-Arab), ont été détruites lors du bombardement des lieux par l’aviation américaine.
Connue sous le nom de l’usine de ciment Lafarge et situé sur l'axe Kobané-Raqqa, cette base était le plus grand siège des forces occidentales sur le territoire syrien et leur centre de commandement de toutes les forces impliquées dans la soi-disant lutte anti-Daech dans le cadre de la coalition internationale.
La base Lafarge accueillait les forces spéciales américaines et françaises et recelait huit hélicoptères de transport américains ainsi que six hélicoptères français. Cette base se situe à 20 km de la frontière turque entre les deux villes de Kobané et d’Aïn Issa. La base Lafarge tombe exactement sur la route internationale et stratégique M4 reliant la ville d’Alep au centre de la province de Hassaké et puis, au Nord irakien. Les zones situées entre cette route et la frontière turque constituent en réalité l’endroit même où la Turquie souhaite créer sa zone de sécurité.
Sur le trajet qui les menait à la route M4, les forces sous commandement turc qui partaient de Tall Abyad dans le gouvernorat de Raqqa sont arrivées le 16 octobre, à l’endroit même où se trouvait la base Lafarge. Les forces américaines et des FDS sur place commencent alors à évacuer les lieux pour se diriger sur-le-champ vers l’Est. Dans le même temps, le porte-parole des forces de la coalition, le colonel Myles Caggins, écrit sur sa page Twitter qu’après l’évacuation complète des forces de la base Lafarge, deux avions de chasse F-15E de l’aviation américaine ont procédé au bombardement des lieux.
L’on ne sait pas exactement quelles sortes d’équipements auraient été détruites lors du bombardement, mais puisque la base Lafarge servait de base de commandement à la coalition américaine pour les opérations en Syrie et en Irak, il est fort probable qu’il y avait dans cette base des équipements d’écoute et d’espionnage, ainsi que des systèmes radar et électroniques hypersensibles en grand nombre que les Américains auraient décidé de supprimer eux-mêmes.
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Dans ce cas particulier, les Américains ont donc bombardé l’une de leurs propres bases officielles. Et apparemment, Lafarge n’est pas la seule base US à avoir été détruite ; d’autres sièges des forces de la coalition en Syrie ont connu le même sort, la station radar d’al-Aziziya dans la province de Hassaké ayant été bombardée après son évacuation. La réaction officielle des responsables américains à ce sujet se fait toujours attendre et aucune photo n’a encore été publiée sur cet événement par des autorités ou instances officielles américaines.