Tout le monde dit que les Kurdes sont les grands perdants du retrait des troupes américaines du sol syrien, mais peu d’analystes parlent de la France, dont le président se sent sous une pression accrue depuis l’annonce de la décision très controversée de son homologue américain.
Selon le site d’information libanais Al-Ahed, « la décision du président américain de retirer ses forces militaires de Syrie n’est pas la première du genre. En janvier 2017, Donald Trump a annoncé, pour la première fois, sa décision de faire retourner ses troupes déployées en Syrie aux États-Unis. C’est en avril 2018 que le locataire de la Maison-Blanche a parlé, pour la deuxième fois, du départ des soldats US. À ce moment-là, le président français Emmanuel Macron a rencontré son homologue américain alors qu’il avait promis de tenter de le dissuader de cette décision ».
Et de continuer : « Les Américains avaient envisagé une série d’objectifs à réaliser avant de quitter la Syrie : renverser le gouvernement syrien, expulser les forces iraniennes du sol syrien et éradiquer le groupe terroriste Daech. C’est ce qu’avait annoncé Donald Trump lors de sa campagne électorale où il a fait état de la création de Daech par Barack Obama et Hillary Clinton. »
Le site Al-Ahed s’est ensuite référé aux propos de Walid ben Talal, un prince saoudien, qui a déclaré, en 2014 à l’antenne de la chaîne de télévision CNN, que le groupe terroriste Daech avait été mis sur pied par les émirats arabes du golfe Persique en vue de renverser le gouvernement Assad.
Al-Ahed poursuit : « Outre les miliciens kurdes syriens qui se sentent totalement lâchés et poignardés dans le dos par les Américains, la France semble également un autre perdant du retrait US. Au début, la France a acheminé un nombre limité de militaires en Syrie avec pour mission d’assurer la sécurité de la cimenterie Lafarge qui se trouvait dans le nord-est de la Syrie. En avril, la France a augmenté le nombre de ses militaires et accepté de s’occuper des affrontements alors en cours dans le champ pétrolifère d’al-Omar, à l’est de l’Euphrate. À ce moment-là, l’Élysée avait refusé de confirmer les informations sur la présence de ses forces spéciales en Syrie celles ni sur le nombre en hausse de ses militaires. Or, le quotidien libanais An-Nahar a révélé la présence de 900 militaires français, conseillers et forces spéciales inclus, dans le nord-est de la Syrie. Le quotidien libanais a également levé un coin du voile sur le déploiement des effectifs de l’unité d’artillerie de la force navale française. »
Le quotidien libanais indique que le retrait des forces américaines du sol syrien met en évidence la présence des militaires français en Syrie, ce qui rend la situation de plus en plus compliquée pour Emmanuel Macron. « À présent, les hommes d’affaires français multiplient leurs demandes pour le départ de la France du territoire syrien. Ce qu’ils réclament n’est pas seulement de mettre fin à la présence militaire des Français en Syrie. En effet, les hommes d’affaires français rejettent toute mesure de Paris aboutissant à l’escalade des tensions en Syrie. Ils sont pour une solution politique à la crise », ajoute al-Ahed.
Le quotidien libanais revient ensuite sur la réaction de Moscou au départ des forces américaines de Syrie :
« Le président de la commission de la défense à la Douma russe cite le président Poutine pour dire qu’il faut rester vigilant face à cette décision des Américains, car ceux-ci trouveraient probablement de nouveaux prétextes pour rester en Syrie. »
Al-Ahed conclut en disant que la décision de la Maison-Blanche découle apparemment de l’échec des politiques des États-Unis au Moyen-Orient.