Emmanuel Macron menace la Chine d'imposer des droits de douane sur ses produits, l'accusant de ne pas répondre aux déséquilibres commerciaux. Le président français alerte sur la menace existentielle qui pèse sur l'industrie européenne et ajoute que le protectionnisme américain réduit l'Europe à un « marché d'ajustement ».
L'Union européenne pourrait bientôt prendre des mesures sévères contre la Chine, notamment en imposant des droits de douane sur les produits chinois, si Pékin ne réagit pas aux différends commerciaux, a déclaré le président français dans une interview accordée au journal Les Échos.
« Je leur ai dit que, s'ils ne réagissaient pas, nous, Européens, serions contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes et de dé-coopérer, à l'instar des États-Unis, comme par exemple en imposant des droits de douane sur les produits chinois », a-t-il affirmé.
Selon lui, l'excédent commercial de la Chine repose sur des bases instables, car le pays n'importe « plus grand-chose de nous ». La question des mesures de rétorsion a déjà été discutée par le président français et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« La Chine vient percuter le cœur du modèle industriel et d'innovation européen, historiquement basé sur la machine-outil et l'automobile », a déclaré Emmanuel Macron. Comme le souligne le journal, la situation est devenue critique pour l'Europe dans un contexte de croissance des exportations chinoises vers les marchés européens et de forte compétitivité de l'industrie chinoise.
Emmanuel Macron a également déclaré que la politique protectionniste des États-Unis aggravait la situation de l'Europe en redirigeant les flux commerciaux chinois vers les marchés européens. Selon lui, l'Europe s'est retrouvée « entre les deux », et il a qualifié la situation de « question de vie ou de mort » pour l'industrie européenne. « Nous sommes devenus le marché d'ajustement et c'est le pire des scénarios », a-t-il ajouté.
Le président français est revenu d'une visite officielle de trois jours en Chine, où il s'est efforcé « d'approfondir la relation franco-chinoise en matière économique, commerciale, culturelle et éducative ». En 2024, le déficit commercial entre la France et la Chine s'élevait à environ 47 milliards d'euros.
L'Union européenne est l'un des principaux partenaires commerciaux de la Chine, avec des échanges s'élevant à des centaines de milliards d'euros chaque année. Cependant, cette relation est marquée par plusieurs tensions, notamment en matière de droits de l'homme, de politique commerciale et de sécurité.
Les États-Unis ont exercé une pression constante sur l’UE pour qu’elle adopte une ligne plus dure vis-à-vis de la Chine, notamment sur des questions telles que le commerce équitable, les pratiques de propriété intellectuelle, et la concurrence déloyale. Le partenariat économique entre la Chine et l'UE a été entravé par des inquiétudes croissantes concernant la sécurité des infrastructures critiques, telles que les réseaux 5G (avec Huawei, par exemple), et la dépendance à l'égard des chaînes d'approvisionnement chinoises.
Les sanctions américaines imposées à des entreprises chinoises et la guerre commerciale entre les deux superpuissances ont mis l'UE dans une position difficile, car elle doit choisir entre maintenir des relations commerciales avec la Chine ou répondre aux préoccupations sécuritaires et stratégiques des États-Unis. Cela a, dans certains cas, conduit l’UE à réduire sa coopération avec la Chine, par exemple, dans le domaine de la technologie et de la 5G.
En raison de la pression américaine, l'UE a dû ajuster certaines de ses stratégies économiques, parfois au détriment de ses propres intérêts commerciaux avec la Chine. Le marché européen a donc perdu une partie de son potentiel de croissance en raison de ces tensions géopolitiques.
L'un des principaux défis pour l'UE dans ses relations économiques avec la Chine, la Russie et l'Iran est la pression exercée par les États-Unis pour qu’elle suive une ligne dure, que ce soit par des sanctions ou par des initiatives politiques comme la "guerre commerciale" avec la Chine. Les sanctions américaines ont souvent entraîné des conséquences économiques négatives pour l'UE, en limitant l'accès à des marchés potentiellement rentables, comme en Russie et en Iran, ou en incitant l’UE à prendre des décisions qui vont à l’encontre de ses propres intérêts économiques, comme en Chine.
De plus, la position de l'UE vis-à-vis de la Chine, de la Russie et de l'Iran est également compliquée par des divergences internes entre les États membres de l'UE, certains étant plus enclins à coopérer avec ces pays pour des raisons économiques, tandis que d'autres sont plus sensibles aux préoccupations géopolitiques.
Finalement, l'UE se trouve dans un dilemme constant, cherchant à équilibrer ses intérêts économiques avec la pression exercée par les États-Unis et ses préoccupations géopolitiques croissantes vis-à-vis de la Chine, de la Russie et de l'Iran. Cette situation entraîne des "marchés perdus" pour l'Europe, et la recherche de nouvelles stratégies économiques sera un enjeu clé pour l'avenir.
