En France les rapports fallacieux se suivent et se ressemblent. Ces derniers jours, certains éléments anti-iraniens ont essayé de ternir l’image de l’Iran à travers un nouveau rapport sur une prétendue infiltration de la République islamique d’Iran en France. Des accusations qui ne s’appuient pourtant sur aucun fait réel ou des données vérifiables.
Le rapport publié en octobre 2025 prétend que la République islamique d’Iran cherche à « exercer une influence culturelle, politique, scientifique ou numérique ». L’ambassade iranienne à Paris a été accusées pour « être impliquées dans cette infiltration, en recrutant des éléments dans des cercles universitaires, médiatiques, associatifs, et politiques » et en « ciblant particulièrement les partis de gauche, les organisations pro-palestiniennes, et certains mouvements musulmans ».
En dépit de la gravité des accusations, aucune preuve concrète n’est fournie. Toutes les allégations s’articulent autour de propos non étayés. Aucun fait établi n’en confirme la validité.
Ailleurs dans ce rapport, il est dit que « de nombreux chercheurs, étudiants ou institutions universitaires s’impliqueraient dans la diffusion de certaines idées, notamment autour de la question palestinienne ».
Toutefois, aucune opération documentée, aucun financement identifié et aucune activité illégale n’ont été rendus publics par les auteurs de ce rapport remis au président du Sénat, présidente de l’Assemblée nationale ainsi qu’au ministre de l’Intérieur de la France.
Cette allégation a été faite alors que les autorités françaises avaient arrêté, le 28 février 2025, l’universitaire iranienne Mahdieh Esfandiari, sous prétexte de son activité pro-palestinienne sur sa chaîne Telegram. Un cas qui représente l’exemple de prise d’otage à but politique en violation du droit international, selon beaucoup d’experts et analystes.
🔴🇮🇷🇫🇷 Le moment où l’universitaire iranienne Mahdieh Esfandiari a été libérée d’une prison en France après plus de 230 jours d’emprisonnement illégal pour ses activités pro-palestiniennes. pic.twitter.com/LkISFAOQkj
— Press TV Français (@fr_presstv) October 23, 2025
La jeune Iranienne a été détenue pendant plus de 50 jours sans accès à un téléphone, maintenue à l’isolement et privée de tout contact avec sa famille ou ses amis jusqu’à la mi-avril. Les témoignages de sa famille font état de souffrances psychologiques subies pendant sa détention, notamment le retrait de son hijab et des mauvais traitements infligés par des officiers masculins.
Après plus de 238 jours d’arrestation injuste, un juge français a accordé le 22 octobre la libération conditionnelle à l’universitaire iranienne.
Dans ce texte, les auteurs ont aussi fait référence au journaliste indépendant, Shahin Hazamy, qui avait été brutalement arrêté, le 22 avril 2025, à son domicile, sous les yeux de son épouse et de leurs deux petits enfants, rien que pour son soutien à la cause palestinienne.
Il avait été ciblé par des articles diffamatoires publiés par certains médias français, chaînes d’information et agents d’influence pro-israéliens. Tout son matériel de travail – ordinateurs, téléphones, tablettes – contenant ses reportages et interviews avait été confisqué, et les données contenues dans son matériel de travail journalistique ont été infiltrées et exploitées malgré son refus catégorique.
Victime de l’accusation fallacieuse d’« apologie du terrorisme » pour avoir dénoncé le génocide à Gaza, Shahin Hazamy a été libéré sous contrôle judiciaire. Conformément aux conditions fixées, il doit se présenter une fois par semaine au commissariat de police de son lieu de résidence. De plus, ses passeports ont été confisqués et il lui est interdit de quitter le territoire français.
En l’absence de preuves tangibles, les accusations formulées par ce texte apparaissent davantage comme un outil politique que comme un constat fondé sur des évaluations sécuritaires.
Cette idée se renforce d’autant plus que parmi les auteurs de ce rapport l’on remarque les noms de journalistes réputés pour leurs publications ouvertement hostiles envers la République islamique d’Iran et pour leurs interprétations souvent spéculatives.
Et si la commission d’enquête à l’origine du rapport se veut « indépendante », ce n’est guère difficile de constater que ce n’est pas le cas.
À ce sujet, une association indépendante française de critique des médias rappelle qu’initialement c’est Le Figaro qui se charge de la promotion de l’œuvre (29/10), sur les soi-disant moyens d’un entrisme iranien en France.
Cette association française précise que ce nouveau rapport, pas plus scientifique que de précédentes publications de ce genre, a été coordonné avec d’autres titres de la presse française, y compris Valeurs Actuelles, Franc-Tireur, Paris Match, Atlantico, et qu’il était abordé régulièrement sur CNews, Europe 1 et Sud Radio.
« La commande du rapport est elle aussi bien située : l’exposé de 85 pages a été produit à la demande de France2050, un tout nouveau think tank présidé par un maire LR. »
Ce premier rapport du think tank France2050 que Le Figaro avait qualifié de « véritable pavé dans la mare politique et diplomatique », « ne va pas connaître un immense succès médiatique, et seule la presse de droite et d’extrême droite va s’en faire l’écho », selon cette association indépendante française de critique des médias.
« Il est intéressant d’observer les synergies entre les différents titres de la presse des milliardaires : l’actualité a été forgée par la presse Dassault (Le Figaro), martelée par la presse Bolloré (JDD, Europe 1, CNews), puis réanimée par la presse Arnault (Le Parisien) alors qu’elle était en train de s’éteindre, sans avoir réussi à se répandre. » Quoi qu’il en soit, conclut l’association, les rapports sur cette soi-disant infiltration se suivent et se ressemblent, mais leur succès varie en fonction du reste de l’actualité ou du « sérieux » que peuvent leur conférer les journalistes...