L’Assemblée nationale française a voté l’instauration d’une taxe de deux euros sur les « petits colis » importés de pays hors Union européenne, d’une valeur inférieure à 150 euros. La mesure, soutenue par la majorité gouvernementale et le groupe UDR, vise à financer le contrôle de produits, jugés parfois dangereux ou non conformes.
Mercredi 19 novembre au soir, 208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l’examen en première lecture du budget de l’État. La mesure entrera en vigueur dès le 1ᵉʳ janvier.
La mesure a suscité de vifs débats. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.
Le Rassemblement national dénonce « une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes ». « Faire croire aux Français qu’en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c’est se moquer du monde, souligne Marine Le Pen, présidente du groupe RN. Elle note que “l’année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés”.
La France Insoumise, se disant soucieuse, a, de son côté, demandé que les plateformes soient taxées directement pour protéger les consommateurs.
500 millions d’Euros dans le viseur du gouvernement
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a défendu la taxe comme une “redevance” nécessaire pour sécuriser les produits importés. Cette décision intervient après que les ministres des Finances de l’Union européenne ont supprimé l’exonération de droits de douane sur ces petits colis.
Cette taxe, qui devrait rapporter environ 500 millions d’euros, sera utilisée pour acheter des scanners et recruter des douaniers. Le gouvernement a précisé que la perception pourrait passer par la TVA, alimentée par les plateformes, afin de limiter l’impact direct sur les consommateurs.
Cette mesure intervient alors que des associations telles que Restos du cœur évoquent 15 % de Français vivant désormais sous le seuil de pauvreté en France.
650 000 pauvres supplémentaires en un an
Le Secours catholique a publié jeudi, son 30e rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. En une année, 650 000 personnes supplémentaires sont tombées dans la pauvreté. Niveau de vie médian des ménages : 565 euros par mois.
C’est un constat quotidien pour les bénévoles du Secours catholique. La pauvreté ne recule pas. Pire, elle augmente. Depuis 30 ans, en novembre tous les ans, un état des lieux de la pauvreté en France est dressé.
Lire aussi: La France à “un des pires déficits de (son) histoire”, dit le nouveau ministre de l’Économie
Jamais depuis 30 ans, la pauvreté n’a été aussi élevée. 9,8 millions de personnes sont concernées, selon les chiffres de l’Insee publiés en juillet 2025. C’est 15,4 % de plus soit 650 000 personnes supplémentaires en un an.
Le visage de la pauvreté en France, ce sont avant tout les femmes et les enfants. En 2024, trois mères isolées sur quatre vivaient dans l’extrême pauvreté. 39 % des personnes aidées par le Secours catholique sont des enfants.
Autres indicateurs : le retour progressif de la pauvreté chez les séniors. Ils représentent 7,3 % de la population aidée par l’association l’an dernier. Une part qui a triplé depuis 1999. De même, plus d’un ménage sur six aidé vit en zone rurale. C’était un sur huit en 1994.
Preuve que la vie quotidienne est archi difficile : le niveau de vie médian des ménages accueillis par le Secours catholique en 2024 était de 565 euros par mois. En 2014, c’était 658 euros. 25,7 % des familles accueillies en 2024 n’avaient aucune ressource financière. 74 % des personnes rencontrées vivent sous le seuil d’extrême pauvreté. Ces familles sont confrontées à des choix impossibles et des privations quotidiennes.
Dans 71 % des cas, ce sont des personnes de nationalité étrangère (contre 26,5 % il y a 25 ans).
En 2015, la France s’était engagée devant les Nations Unies à éliminer l’extrême pauvreté d’ici 2030. À ciq ans de l’échéance, le compte n’y est pas. Le Secours catholique appelle à un sursaut collectif et à la mobilisation générale.