L’agroalimentaire français s’inquiète de plus en plus de son propre déclassement commercial, et alerte sur une accélération exceptionnelle de la dégringolade en 2025.
Entre janvier et août, le solde commercial alimentaire français n'a pas dépassé 0,35 milliard d’euros cumulés, relève le premier Observatoire des exportations alimentaires françaises publié ce 18 novembre par le Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires (CNPA), à l’occasion d’une matinée d’Assises de l’export alimentaire.
Un niveau de 93 % inférieur à celui des huit premiers mois de l'année 2024 (4,5 milliards d’euros cumulés), souligne le CNPA, et « au plus bas depuis 25 ans », alertait déjà en septembre l’Association nationale de l’industrie agroalimentaire (Ania).
« On est dans une perspective d’avoir en 2025 une balance commerciale agroalimentaire française négative, pour la première fois depuis 1978, a souligné Dominique Chargé, le président de la Coopération agricole, lors d’assises sur les exportations agricoles, mardi. La part de la France à l’export dans le monde baisse, mais, surtout, nos importations augmentent, et ça traduit bien la faiblesse de notre appareil de production. »
Après un excédent commercial record de 10,3 milliards d’euros en 2022, l’agriculture a lentement décroché : à 6,5 milliards d’euros d’excédent en 2023, puis 4,9 milliards d’euros en 2024. L’atterrissage s’annonce très violent cette année, avec déjà un déficit cumulé de 353 millions d’euros sur les neuf premiers mois, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture.
Un choc pour un secteur d’activité qui pointait à la troisième place de l’export tricolore, après l’aéronautique et le spatial (28,7 milliards) et les parfums et les cosmétiques (17,3 milliards) en 2024.
La flambée des prix de certaines matières importées, à commencer par le café et le cacao, explique en partie cette situation. Du côté des exportations, la baisse conjointe des volumes et des prix des céréales vendus hors des frontières de la France vient peser négativement sur les performances de l’agriculture française. Les produits laitiers, traditionnellement bénéficiaires, décrochent aussi, plombés par une envolée de 19 % des importations sur les huit premiers mois de l’année quand les exportations n’ont augmenté que de 2 %, selon le site Pleinchamp.
