Le porte-avions américain Gerald R. Ford est arrivé, mardi 11 novembre, au large de l'Amérique latine, renforçant la présence militaire des États-Unis dans la région et accentuant les tensions avec le Venezuela qui qualifie la présence militaire américaine de menace « impérialiste ».
Le porte-avions, le plus avancé de l’armée américaine, transporte entre autres quatre escadrilles d’avions de combat et est accompagné notamment de trois destroyers lance-missiles.
Depuis août, Washington maintient dans les Caraïbes une importante présence militaire avec notamment une demi-douzaine de navires de guerre.
Le Venezuela considère le déploiement de cette armada comme un prétexte visant en réalité à renverser le président Nicolas Maduro et à s’emparer des réserves pétrolières du pays.
Le président américain Donald Trump, qui a autorisé des opérations clandestines de la CIA au Venezuela, a donné des indications contradictoires sur sa stratégie, évoquant par moments des frappes sur le sol vénézuélien et « des jours comptés » pour Nicolas Maduro, mais écartant aussi l’idée d’une guerre.
Des manœuvres militaires vénézuéliennes
Parallèlement à l’annonce du Pentagone, l’armée vénézuélienne a annoncé un déploiement « massif » dans tout le pays. Le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez a déclaré que 200 000 militaires ont participé à l’exercice.
Le gouvernement a annoncé à maintes reprises des manœuvres militaires dans le pays.
« Le Venezuela doit savoir qu’il a un Venezuela gardé, protégé, défendu », a déclaré M. Padrino, qui a qualifié les militaires américains de « mercenaires » qui « assassinent des personnes sans défense, qu’elles soient ou non des narcotrafiquants ».
La veille, Nicolas Maduro, qui a appelé plusieurs fois au dialogue avec Washington, avait assuré que Caracas disposait de « force et de pouvoir » pour répondre aux États-Unis : « Si l’impérialisme venait à porter un coup et à causer des dommages, l’ordre d’opérations, de mobilisation et de combat de tout le peuple vénézuélien serait décrété. »
Ces dernières semaines, les États-Unis ont mené une vingtaine de frappes aériennes dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations qu’ils accusent – sans présenter de preuves – de transporter de la drogue, faisant au total 76 morts.
Opérations « inacceptables »
Des experts remettent en question la légalité de ces frappes. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a exhorté lundi 10 novembre Washington à enquêter sur la légalité de ses frappes, évoquant de « solides indices » qu’elles constituent des exécutions extrajudiciaires.
Et le lendemain, le ministre russe des Affaires étrangères a qualifié ces frappes d’« inacceptables ». « C’est ainsi, en général, qu’agissent les pays [...] qui se considèrent au-dessus des lois », a déclaré Sergueï Lavrov lors d’un entretien avec des médias russes, retransmise sur les chaînes d’État.
Le déploiement militaire américain dans les Caraïbes a provoqué des inquiétudes du Brésil et de la Colombie. Le président colombien Gustavo Petro a annoncé ce 11 novembre suspendre les échanges de renseignements avec les États-Unis, en réponse aux bombardements menés par Washington contre des bateaux soupçonnés de trafic de drogue dans les Caraïbes et le Pacifique, faisant au moins 76 morts.
« L'ordre est donné à tous les niveaux des renseignements des forces de l'ordre de suspendre l'envoi de communications et autres opérations aux agences de sécurité américaines », a annoncé Petro sur le réseau social X, ajoutant que cette décision « sera maintenue tant que les attaques par missile contre des bateaux se poursuivront ».