Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a affirmé que l’adoption à l’Assemblée nationale française d’une résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 était, pour le moment, une affaire « franco-française ».
« C’est attristant de voir un pays aussi grand que la France faire de l’histoire d’un autre pays, indépendant, souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée », a dit M. Attaf dans un entretien à la chaîne d’information algérienne AL24, dimanche 2 novembre .
« Très sincèrement, j’ai beaucoup de respect pour l’Assemblée nationale française, mais lorsque j’ai vu ce vote […], la première pensée qui m’est venue à l’esprit (est) + la course à l’échalote se poursuit + », a-t-il déclaré.
Jeudi, les députés français ont adopté une proposition de résolution du Rassemblement national (RN, extrême droite) visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968, dans un geste symbolique. Ce texte, non contraignant, a été adopté à une majorité d’une voix par la chambre basse du Parlement français, avec l’appui de députés des partis de droite LR et Horizons.
« Sur le fond, cette affaire est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire intérieure, c’est une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment », a souligné le chef de la diplomatie algérienne.
Ahmed Attaf a toutefois précisé qu’« elle pourrait nous concerner si ça devient une affaire de gouvernement à gouvernement parce que l’accord de 68 est un accord intergouvernemental. C’est un accord international et le gouvernement français ne nous a rien dit à ce sujet et donc sur le fond, nous ne réagissons pas. »
« Nous n’avons rien vu venir et nous espérons ne rien voir venir », a conclu le ministre algérien. Cet accord, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de 3 mois en France et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial.
Depuis plus d’un an, les relations entre Paris et Alger traversent une crise diplomatique, déclenchée par la décision de la France, à l’été 2024, de reconnaître le plan d’autonomie du Sahara occidental placé « sous souveraineté marocaine ».