Le nombre de décès de personnes sans domicile fixe atteint un niveau record en France, révélant une crise sociale persistante.
Le collectif Les Morts de la Rue révèle jeudi un record tragique. En 2024, 912 personnes sans domicile fixe sont décédées, soit 16% de plus qu’en 2023, un chiffre d’une ampleur inédite qui s'explique à la fois par une hausse du sans-abrisme et par un recensement associatif plus efficace. Parmi eux, 4% sont des mineurs de moins de 15 ans, un chiffre qui a doublé en dix ans. En 2023, le collectif avait recensé la mort de 735 personnes sans domicile dans la rue en France.
« Tous les indicateurs sont au rouge, il y a urgence à se mobiliser », alerte auprès de l’AFP Adèle Lenormand, membre du collectif.
Le bilan tragique présenté par le collectif le 30 octobre met en lumière une crise humanitaire : des jeunes et des personnes vulnérables meurent dans la rue en France. Les chiffres, en constante augmentation, interrogent sur l’efficacité des politiques publiques face au phénomène d’appauvrissement généralisé.
Avec un âge moyen de décès à 47,7 ans, 32 ans sous la moyenne nationale, les sans-abri paient un lourd tribut. Les hommes dominent (82 %), mais les femmes (13 %) et les enfants (4 %) sont de plus en plus touchés. En août, l’UNICEF alertait déjà sur la présence de 2 159 enfants à la rue en France.
Géographiquement, l’Île-de-France concentre 37 % des décès (338 cas), les Hauts-de-France 163, dopés par les drames des traversées de la Manche.
Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Abbé Pierre) s’indigne sur le réseau social X et met en cause les politiques de logement menées par le gouvernement.
912 morts de la rue en un an, mais la priorité du ministre du Logement c'est
— Manuel Domergue (@Manuel_Domergue) October 31, 2025
- expulser les "délinquants" de leur logement
- lutter encore plus contre quelques centaines de malheureux squatters, y compris ceux entrés dans le logement avec un bail légal... https://t.co/4Jke1GVIZ3
Le collectif, qui mène ce recensement depuis 2012, dénonce « un nouveau record effroyable » et appelle à « agir face à la précarité qui tue ». « Face à cette tragédie, l’urgence est double : protéger les plus vulnérables et réformer en profondeur les politiques publiques pour que le droit au logement convenable devienne enfin une réalité », souligne Les Morts de la Rue dans un communiqué.
Le collectif dénonce également l’échec des dispositifs politiques mis en place et rappelle que 70 % des victimes de 2024 vivaient à la rue depuis plus de cinq ans. Malgré la promesse d’Emmanuel Macron en 2017 de loger tous les sans-abris, les recours contre l’État pour « carence fautive » s’accumulent dans un contexte économique dégradé, alors que le pays connaît une instabilité gouvernementale chronique.