Le gouverneur de la Banque de France alerte sur la situation budgétaire du pays; le cercle vicieux de l’accroissement du poids de la dette et les conséquences de l’instabilité politique qui paralyse la France depuis plus d’un an.
La situation dégradée des finances publiques fait courir à la France le risque d'un « étouffement progressif », a averti samedi 25 octobre le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau dans une interview publiée par La Croix au lendemain de la révision à la baisse par Moody’s de ses perspectives sur la note de la France.
Le gouverneur était interrogé sur l'avertissement lancé vendredi par l'agence de notation Moody's, qui a maintenu la note souveraine de la France mais a abaissé sa perspective de « stable » à « négative ».
Moody's a expliqué vouloir ainsi refléter « les risques croissants d'un affaiblissement des institutions et de la gouvernance en France, ainsi que d'un recul partiel des réformes structurelles ».
Pour ce haut fonctionnaire, « notre problème spécifique est donc budgétaire ». Il a appelé à « dire la vérité » aux Français sur « deux grandes illusions » : celle que « ce n’est pas si grave et que nous pouvons continuer à dépenser comme avant » et « la seconde qu’il n’y a pas de solution ».
« Toutes les agences de notation s’alarment de l’instabilité politique et de notre sérieux problème budgétaire », a déclaré François Villeroy de Galhau.
Le gouverneur rappelle que le poids de la dette française, qui dépasse désormais plus de 3 000 milliards d'euros, soit 110 % du PIB, constitue une contrainte majeure sur les marges de manœuvre budgétaires. Selon lui, la hausse des taux d’intérêt rend la situation « de plus en plus coûteuse », alors que les marges fiscales se réduisent.
« Plus nous attendons, plus difficiles les remèdes in fine seront, donc la France doit traiter son problème budgétaire », avait-il notamment assuré mi-septembre dans une matinale de BFM Business et RMC Découverte.
La France est plongée dans une crise politique sans précédent sous la Ve République depuis la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juin 2024, au soir d’une cuisante défaite du parti présidentiel et de ses alliés aux élections européennes face au Rassemblement national. Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au sommet de l’État au printemps 2017, l’endettement de la France s’est aggravé de plus de 1 100 milliards d’euros.