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L’agriculture française au bord du gouffre : un déficit historique se profile après près d’un demi-siècle

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des agriculteurs lors d’une manifestation à Paris, en février 2024. ©SIPA

Symbole de puissance économique pendant des décennies, l’agriculture française traverse une crise inédite. D’après le laboratoire d’idées Agridées, l’excédent commercial agroalimentaire de la France s’est effondré à huit millions d’euros sur les sept premiers mois de 2025, faisant redouter le premier déficit depuis 1978 et menaçant un pilier de l’identité nationale.

Cette dégradation marque une rupture nette avec les décennies précédentes, où les excédents atteignaient régulièrement plus de neuf milliards d’euros entre 2000 et 2015. En 2024, ils étaient déjà passés sous la barre des cinq milliards, et la chute s’accélère encore. Entre conjoncture défavorable et faiblesses structurelles, la compétitivité de l’agroalimentaire français, longtemps vitrine de l’excellence nationale, vacille. Les manifestations de fin septembre ont d’ailleurs révélé l’inquiétude grandissante du monde agricole.

Parmi les facteurs principaux, la récolte céréalière de 2024, amputée d’un tiers à cause d’une météo instable, a lourdement pesé sur les exportations de blé et de maïs, réduisant le solde commercial céréalier à 6,2 milliards d’euros, selon Inrae-Smart. La faiblesse des prix mondiaux n’a fait qu’aggraver les pertes. Thierry Pouch, économiste des Chambres d’agriculture, fait état d’une baisse de 17 % des exportations de céréales entre juillet 2024 et 2025, entraînant une chute vertigineuse de 82 % de l’excédent global, désormais limité à 1,2 milliard d’euros.

Les boissons alcoolisées, fleurons à 14,3 milliards d’euros en 2024, ont souffert d’une vendange historiquement faible et des taxes douanières américaines et chinoises. Les produits laitiers, plombés par une hausse de 19 % des importations de beurre, voient leur contribution reculer à moins d’un milliard.

Le président de la Fédération nationale des Syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), proche du gouvernement déplore le fait que « les menaces pour nos agriculteurs soient bien réelles », tout en saluant le travail de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.

Structurellement, les importations intra-européennes explosent. Le déficit avec l’UE atteint 3,7 milliards d’euros en 2024, contre des excédents de huit milliards avec les pays tiers. L’inflation des produits tropicaux, comme le café et le cacao, creuse un déficit supplémentaire de 539 millions.

Le secrétaire national de la Coordination rurale Christian Convers se montre très pessimiste, notamment du fait de la situation politique intérieure, déclarant au micro de CNews : « On s’aperçoit que la France est la risée des autres pays européens ».

À l’instabilité nationale s’ajoute un contexte mondial très compliqué pour Paris.

La parité euro-dollar, à 1,20, pénalise les exportations, tandis que des boycotts, comme celui de l’Algérie, profitent à la Russie. Les inquiétudes formulées par le FMI sur la croissance française ne font que noircir le tableau d’une situation économique préoccupante.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV