Depuis trois semaines maintenant, Madagascar est secoué par une crise inédite qui a culminé ce 12 octobre avec l’exfiltration du président Andry Rajoelina par un avion militaire français. Une opération que l’on dit être réalisée dans le cadre d’un accord direct entre Rajoelina et Emmanuel Macron. La France insiste cependant sur le fait qu’elle n’interviendra pas militairement dans la crise et qu’aucune opération ne sera menée sur le territoire malgache.
Andry Rajoelina devait prononcer ce lundi un discours au peuple malgache, comme l’avait annoncé la présidence. Or, il restait invisible, des internautes multipliant les rumeurs de fuite, notamment en France, sur fond d’appels à la démission.
En outre, la presse française vient d’annoncer son départ de Madagascar à bord d’un avion militaire français.
L’opposition à l’Assemblée nationale va entamer une procédure de destitution contre lui, a déclaré lundi aux médias occidentaux le chef de l’opposition Siteny Randrianasoloniaiko.
Alors que les services présidentiels assuraient que le chef de l’État restait dans l’île, son ancien Premier ministre Christian Ntsay est arrivé à Maurice dans la nuit de samedi à dimanche par un vol privé. L’entrepreneur Maminiaina Ravatomanga, ami personnel du chef de l’État, lui tenait compagnie, rapportent les médias.
« Aucune intervention militaire française n’est en cours ni prévue à Madagascar, dont la France respecte pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale », a déclaré l’ambassade de France sur l’île via les réseaux sociaux.
Le pays est secoué depuis le 25 septembre par des manifestations dénonçant les coupures d’eau et d’électricité. Elles se sont muées en contestation contre le pouvoir.
Le chef de l’État a dénoncé dimanche « une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force ».
Pendant le week-end, le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT) a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants. Des soldats du CAPSAT ont rejoint samedi les milliers de manifestants dans les rues de la capitale.
Le CAPSAT a nommé un nouveau chef d’état-major, reconnu par l’actuel ministre des Armées. Il a appelé le gouvernement à démissionner.
La gendarmerie, la police et les autres forces armées du pays ont décidé de ne plus obéir aux ordres du président, selon les médias.
Alors que le président Rajoelina est désormais hors du territoire, la situation politique demeure incertaine. Le départ du chef de l’État et le contrôle partiel des forces de sécurité par les manifestants ont ouvert une période d’instabilité dont l’issue est encore imprévisible. Pour l’heure, le peuple malgache continue de manifester sa colère face à une gouvernance qu’il juge défaillante et à des conditions de vie dégradées.