Vu les violations répétées des termes de l’accord nucléaire de 2015 par la troïka européenne — l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni —, ces derniers ont perdu leur droit d’activer le mécanisme de retour automatique des sanctions (snapback) qui réimposerait toutes les sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies à l’encontre de l’Iran, a indiqué le représentant permanent de la Russie auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov.
Ces remarques ont été formulées ce lundi 21 juillet, lors d’une interview accordée au journal russe Izvestia, quelques jours après que l’E3, en coordination avec les États-Unis, a menacé d’initier le processus de 30 jours d’activation du mécanisme de retour automatique des sanctions si aucun progrès n’est constaté dans les négociations nucléaires avec l’Iran d’ici la fin août.
« En ce qui concerne les menaces des Occidentaux d’activer le mécanisme de retour automatique des sanctions, il est à juste titre noter que cette initiative est illégitime », a déclaré M. Oulianov.
« Les Américains eux-mêmes se sont retirés du PGAC, renonçant ainsi aux droits et obligations d’un participant à l’accord nucléaire », a-t-il indiqué, en faisant référence au Plan global d’action commun (PGAC), dont les États-Unis se sont retirés en 2018 avant de rétablir les sanctions illégales qu’ils avaient levées contre l’Iran et de lancer la campagne dite de « pression maximale ».
Après le retrait américain, les signataires européens du PGAC n’ont pas respecté leurs engagements et n’ont entrepris aucun effort pour sauver l’accord.
« L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont à plusieurs reprises violé le PGAC ainsi que la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cela signifie qu’ils se sont également privés du droit d’utiliser le snapback », a-t-il affirmé.
Ailleurs dans ses remarques, le diplomate russe a critiqué les Européens et les Américains pour avoir recours à des « tactiques de pression coercitive » contre Téhéran, estimant qu’une telle approche est vouée à l’échec.
« L’habitude qu’ont les Européens et les Américains de fixer constamment des délais est totalement contre-productive », a-t-il déploré, en prenant pour exemple les négociations menées entre 2021 et 2022 pour restaurer l’accord nucléaire iranien.
Dans un poste publié dimanche 20 juillet sur X, Mikhaïl Oulianov a souligné que l’E3 « n’a aucun droit légal ni moral » d’activer le mécanisme de retour automatique des sanctions internationales à l’encontre de l’Iran.
Plus tôt, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a adressé une lettre au secrétaire général de l’ONU, au président du Conseil de sécurité et au haut représentant de l’UE, affirmant que l’E3 avait renoncé à son rôle de « participants » au PGAC, rendant toute tentative d’activation du mécanisme de snapback « nulle et non avenue ».