La tension diplomatique entre Paris et Alger a connu un regain d’intensité, marqué par l’appel de l’Algérie à 12 diplomates français de quitter le territoire dans les 48 heures.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a indiqué, ce lundi 14 avril, que l’Algérie avait demandé aux diplomates français de quitter le pays à la suite de l’arrestation de trois ressortissants algériens en France.
« Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d’expulsion », a déclaré le locataire du quai d’Orsay, ajoutant : « Si la décision de renvoyer nos agents est maintenue, nous n’aurons d’autre choix que d’y réagir immédiatement ».
Depuis plusieurs décennies, les relations entre l’Algérie et la France ont connu d’innombrables bouleversements d’ordre diplomatique. L’annonce faite ce lundi est intervenue à un moment particulièrement délicat de ces relations bilatérales, témoignant des obstacles persistants à réparer les liens.
Début avril, le ministre français des Affaires étrangères s’était rendu en Algérie pour tenter de résoudre les problèmes qui ont conduit les deux pays au bord de la rupture diplomatique.
Après une rencontre avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, Jean-Noël Barrot a alors fait part de la volonté des deux pays de « reconstruire un partenariat d’égal à égal ».
Dans le cadre des relations tendues Alger-Paris, il est à noter que, le parquet français a inculpé, vendredi 11 avril, trois Algériens, dont un agent consulaire, les accusant d’être impliqués dans l’enlèvement en 2024 d’un opposant au gouvernement algérien, Amir Boukhors, dit « AmirDZ », dans la banlieue de Paris.
Les trois ressortissants algériens, également poursuivis pour ce que la France qualifie du « terrorisme » et « complot », ont été placés en détention provisoire.
L’Algérie a vivement protesté, samedi 12 avril, contre l’arrestation et le placement en détention d’un de ses agents consulaires sur le sol français et a réclamé sa libération « immédiate ».
Selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, la protestation a été exprimée à l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet.
En outre, les autorités algériennes ont précisé que l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante infraction aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions auprès du Consulat d’Algérie à Créteil, ainsi qu’aux pratiques prévalant en la matière entre l’Algérie et la France.
Qualifiant ce tournant de « malheureux et malvenu », les autorités algériennes ont estimé que ce « nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations franco-algériennes et ne contribuera pas à l’apaisement ».
« L’Algérie n’a pas l’intention de laisser cette situation sans conséquence tout comme elle veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire », toujours selon le même communiqué.
L’Algérie et la France ont traversé, pendant huit mois, une crise diplomatique inédite.