Le Premier ministre français, François Bayrou, a qualifié les propos de Donald Trump d’ingérence dans les affaires intérieures de Paris, après que ce dernier a apporté son soutien à Marine Le Pen, ancienne présidente du Rassemblement national et triple candidate à la présidentielle condamnée pour détournement de fonds publics à quatre ans de prison.
Dans un message publié jeudi sur Truth Social, le président américain Donald Trump a qualifié Le Pen de victime d'une « chasse aux sorcières », estimant qu'elle avait été poursuivie en raison de ses convictions politiques.
« LIBÉREZ MARINE LE PEN ! », a demandé le président américain dans son poste.
Pourtant, le Premier ministre français François Bayrou a affirmé, lors d'une interview au magazine Le Parisien que les propos de Donald Trump constituaient une ingérence dans les affaires intérieures de la France.
« Oui, et l'ingérence est devenue la loi du monde », a-t-il déploré.
« Il n'y a plus de frontières pour les grands débats politiques. Ce qui se passe chez nous est relayé à Washington. Et nous sommes, à juste titre, touchés par ce qui se passe en Turquie, par exemple », a ajouté Bayrou, faisant référence aux manifestations antigouvernementales en cours à Istanbul et dans d'autres grandes villes turques.
« Pendant trois quarts de siècle, c’est-à-dire le temps d’une vie humaine, on a cru que notre conception de la démocratie et de l’État de droit allait s’imposer de manière irrésistible partout sur la planète. L’alliance autour des États-Unis, c’était cela : l’alliance des libertés. La certitude qu’il y a des droits fondamentaux au-dessus des lois que nous votons, et qui doivent les limiter », a-t-il précisé au Parisien.
Interrogé sur la question de savoir si cela n'est « plus vrai », Bayrou a répondu : « Nous découvrons soudain que le monde a changé. »
Plus loin dans ses propos, le Premier ministre français admet que sur plusieurs continents, certains essaient de constituer une internationale de l’indécence, illibérale, qui a décidé que les droits de l’Homme, l’État de droit, l’entente démocratique entre les nations devaient appartenir au passé. »
Ce lundi 31 mars, le tribunal français a condamné Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux ferme aménagés sous bracelet et à cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire, ce qui l’empêche de se porter candidat à l’élection présidentielle en 2027.
Selon le procureur du dossier, cette femme politique chevronnée a été reconnue coupable d’avoir utilisé les fonds européens destinés à financer le travail des assistants du Parlement européen pour rémunérer son personnel en France. Elle a nié tout acte répréhensible et promis de faire appel du verdict.