Selon un sondage réalisé par l’institut Elabe pour la chaîne de télévision française BFMTV et publié mardi 4 mars, une majorité de Français ont été « choqués » par l’altercation qui s’est déroulée à la Maison-Blanche entre le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. 64 % des personnes interrogées manifestent leur inquiétude quant à l’éventualité d’une propagation du conflit jusqu’en France.
Chaque jour qui passe, le lien transatlantique se délite. Donald Trump tourne de plus en plus le dos à l’Ukraine et à l’Europe afin de mieux tendre les bras à la Russie de Vladimir Poutine.
Comme plusieurs figures politiques telles que François Hollande ou Olivier Faure, 73 % des Français estiment aujourd’hui que les États-Unis ne sont plus un allié de la France, selon un nouveau sondage « L’Opinion en direct », piloté par l’institut Elabe pour BFMTV. Et ils sont 76 % à craindre une propagation du conflit militaire au-delà des frontières ukrainiennes, voire 64 % jusqu’aux frontières françaises. À noter que cette inquiétude est stable depuis juin 2024.
64 % des Français veulent une poursuite de l’aide à l’Ukraine
Près de trois Français sur quatre se disent également « choqués », dont 39 % « très choqués », par l’altercation qui a eu lieu entre le président américain et son homologue ukrainien au sein du bureau ovale devant la presse vendredi 28 février. Donald Trump, appuyé par son vice-président J. D Vance, a accusé Volodymyr Zelenksy de ne pas être assez reconnaissant envers les États-Unis, de jouer avec la troisième guerre mondiale, et l’a menacé de le laisser tomber.
Pour 59 % des personnes interrogées, le 47e président des États-Unis est responsable de cette altercation. Seules 8 % imputent la faute à Volodymyr Zelenksy, quand 19 % pointent du doigt les deux dirigeants. Le président ukrainien a plus largement une bonne image au sein de la population française. 65 % des sondés disent avoir une « bonne image » contre 34 % une « mauvaise image ». Au contraire, Vladimir Poutine et Donald Trump sont à la peine : 86 % ont une mauvaise image du maître du Kremlin et 80 % ont une mauvaise image du président républicain.
De fait, une majorité des interrogés (64 %) veulent que la France accentue (20 %) ou poursuive de la même manière (44 %) l’aide militaire à l’Ukraine. À l’inverse, 18 % estiment qu’il faut réduire ce soutien et 17 % l’arrêter. Les électeurs d’Ensemble, du Nouveau Front populaire (NFP) et de la droite sont favorables à une telle poursuite de l’aide quand les électeurs du Rassemblement National (RN) souhaitent majoritairement sa réduction ou son arrêt.
Si depuis juin 2024, la part des personnes souhaitant une continuité du soutien à l’Ukraine est croissant, trois Français sur quatre ne se disent pas prêts à payer plus d’impôts pour cela, dont 43 % pas du tout. Seuls 24 % se disent prêts. Les sondés qui bouclent facilement leurs fins de mois sont plus enclins (37 %) que ceux qui ont des difficultés (18 %). Politiquement, 44 % des électeurs d’Ensemble y sont favorables, 36 % du NFP, 28 % des électeurs de droite et 9 % du RN (91 % y sont donc opposés).
67 % des Français favorables à un envoi de troupes en Ukraine après la guerre
Militairement, une majorité de Français (68 %) est opposée à l’envoi de troupes françaises en Ukraine tant que la guerre avec la Russie n’est pas terminée. En revanche, 67 % sont favorables à un tel envoi de troupes après la signature d’un accord de paix avec Moscou dans l’optique de garantir la sécurité et la paix sur le sol ukrainien.
De même, le calendrier divise pour l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’UE. Concernant l’OTAN, 40 % se disent favorables à une adhésion après la guerre et 30 % dès maintenant quand 29 % y sont tout bonnement opposés. 35 % sont favorables à une entrée dans l’Union européenne après la guerre, 31 % dès maintenant et 33 % sont opposés.
En dépit des divergences d’opinion sur le timing, les électeurs d’Ensemble et du NFP sont majoritairement favorables à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN (respectivement 92 %, 82 %) et à l’UE (83 %, 83 %). En outre, les électeurs de droite (66 % OTAN, 60 % UE) soutiennent majoritairement ces adhésions quand les électeurs du RN sont beaucoup plus partagés. Ils sont 53 % à se dire favorables pour l’OTAN (47 % opposés) et 49 % pour l’UE (50 % opposés).
Donald Trump, qui a ordonné une pause dans l’aide militaire cruciale des États-Unis à l’Ukraine, exclut l’idée d’une adhésion de Kiev à l’OTAN, car il s’agit d’une ligne rouge pour Moscou.