Le Premier ministre français François Bayrou a survécu jeudi à son premier grand test à l'Assemblée nationale après que les députés socialistes et le Rassemblement national d'extrême droite ont choisi de ne pas soutenir une motion de censure présentée par le parti d'extrême gauche La France insoumise.
Jeudi 16 janvier, deux jours après sa déclaration de politique générale, François Bayrou a survécu à sa première motion de censure, déposée par La France insoumise et signée par Les Écologistes et le Parti communiste.
Le Parti socialiste et le Rassemblement national ayant choisi de ne pas soutenir cette initiative, seuls 131 députés ont voté la censure, bien loin des 288 voix requises pour renverser le gouvernement.
Le défi à l'Assemblée nationale intervient après la déclaration de Bayrou cette semaine sur son programme politique gouvernemental, dans laquelle il a ouvert la porte à de nouvelles discussions sur une réforme des retraites en 2023 "sans tabou" mais a également déclaré que les déficits "excessifs" de la France devaient être réduits dans le budget de cette année.
Le discours a suscité la condamnation de la plupart de l'opposition au Parlement où Bayrou - en poste depuis seulement le mois dernier - est bien loin de la majorité absolue, ce qui rend son gouvernement très vulnérable à toute motion de censure qui, en cas de succès, le forcerait à démissionner.
Après de longues discussions parfois houleuses et moult tergiversations, le Parti socialiste a pris la décision, lors d'un bureau national, de ne pas voter cette censure. « Nous ne censurons pas aujourd'hui mais ce n'est pas un accord de non-censure, c'est insuffisant. Ce gouvernement est en sursis », a déclaré jeudi le député Arthur Delaporte. Le PS reste « dans l'opposition » mais est « ouvert au compromis », a ensuite affirmé dans l'hémicycle son premier secrétaire Olivier Faure, prévenant également qu'un changement d'avis des socialistes sera « possible à tout moment ».
Le député RN Jean-Philippe Tanguy a prévenu que le RN pourrait encore s'en prendre à Bayrou au sujet de son budget pour 2025, qui se fait attendre depuis que le précédent gouvernement de Michel Barnier a été renversé en raison de ses plans d'austérité. L'annonce du budget du nouveau gouvernement serait un « moment de vérité », a déclaré M. Tanguy.
Bayrou a quant à lui accusé l'extrême gauche de vouloir entraîner la France sur la voie des « luttes intestines ».
Le Premier ministre a salué la décision des socialistes de gauche modérée de refuser leur soutien à la motion LFI, bien qu'ils soient alliés à La France insoumise depuis les élections générales de l'année dernière.
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La motion de censure a recueilli le soutien de 131 députés, bien en deçà des 288 nécessaires à son adoption.
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