Le cabinet du président français Emmanuel Macron a annoncé, le lundi 23 décembre, la constitution d'un nouveau gouvernement, après l'effondrement du précédent cabinet lors d'une motion de censure historique.
François Bayrou, chef du groupe centriste MoDem, allié au parti de Macron, a été nommé Premier ministre le 13 décembre. Le gouvernement de Bayrou comprend de nouveaux venus notables, comme l'ancien ministre socialiste devenu partisan de Macron, Manuel Valls, qui est devenu ministre en charge des territoires d'outre-mer, et l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne, qui a été nommée ministre de l'Education. L'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a été nommé ministre de la Justice.
Le ministre conservateur de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui s'est engagé à lutter contre l'immigration clandestine, a conservé son poste. Bayrou avait déclaré que Retailleau, l'un des ministres les plus en vue du gouvernement sortant, « avait trouvé des orientations qui répondaient à ce qu'une partie de l'opinion publique demandait ».
Sont également restés en poste depuis le précédent gouvernement la ministre de la Culture Rachida Dati, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu et le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Lecornu, un fidèle de Macron de 38 ans, a servi dans tous les gouvernements depuis la première élection du président en 2017.
« Je suis très fier de l'équipe que nous présentons ce soir », a écrit Bayrou sur X, ajoutant que son cabinet « expérimenté » viserait à « reconstruire la confiance ». Bayrou espérait faire venir des personnalités de gauche, de droite et du centre pour protéger son gouvernement d'un éventuel vote de défiance, mais son équipe de 35 membres ne comprend aucun membre de la coalition de gauche Nouveau Front Populaire.
Macron réunira l'équipe de Bayrou le 3 janvier pour un premier conseil des ministres, a déclaré la présidence.
Bayrou, 73 ans, chef du groupe centriste MoDem, allié au parti de Macron, a mené des consultations finales tout au long du week-end, en vue de former un gouvernement avant Noël. Sa priorité la plus immédiate est de s'assurer que son gouvernement survive à une motion de censure et adopte un budget pour l'année prochaine. Eric Lombard est le nouveau ministre de l'Économie.
Le retour inattendu de Valls, Premier ministre de 2014 à 2016, à la tête du ministère des Outre-mer témoigne de l'importance de ce poste, après que les autorités ont été vivement critiquées pour leur réponse au cyclone meurtrier qui a frappé Mayotte, territoire de l'océan Indien, et qui a fait au moins 35 morts. Les autorités ont prévenu que le bilan pourrait s'alourdir. Juste avant l'annonce officielle, Xavier Bertrand, un homme politique de droite pressenti pour le ministère de la Santé, a annoncé qu'il ne ferait pas partie du gouvernement. Il a affirmé que celui-ci avait été formé avec le « soutien » implicite de la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen, qui jouera un rôle clé dans sa survie.
« Le Premier ministre m'a informé ce matin, contrairement à ce qu'il avait proposé hier, qu'il n'était plus en mesure de me confier la responsabilité du ministère de la Justice en raison de l'opposition du Rassemblement national (de Marine Le Pen) », a déclaré Bertrand dans un communiqué. « Malgré ses nouvelles propositions, je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec le soutien de Marine Le Pen ». Bertrand est un irritant majeur pour l'extrême droite, à laquelle il s'est longtemps opposé.
Discours de politique générale du 14 janvier
Le chef de file de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a promis de déposer une motion de censure lorsque Bayrou, le quatrième Premier ministre de 2024, prononcera un discours de politique générale au Parlement le 14 janvier. Le gouvernement minoritaire du prédécesseur de Bayrou, Michel Barnier, s'appuyait sur le soutien du camp centriste de Macron et de son propre parti conservateur Les Républicains, et sur l'approbation de Marine Le Pen. Mais plus tôt ce mois-ci, l'extrême droite et l'extrême gauche se sont alliées pour éjecter Barnier de ses fonctions, faisant de son mandat de Premier ministre le plus court de la Cinquième République française, qui a débuté en 1958.
Le chef adjoint du Rassemblement national d'extrême droite, Sébastien Chenu, s'en est pris au nouveau Premier ministre sur BFMTV dimanche, demandant : « Qui comprend ce que François Bayrou veut faire ? » Mais, a-t-il dit, le parti n'allait « pas voter immédiatement une motion de censure ».
Le Pen a laissé entendre que Macron était affaibli par des mois de crise politique et qu'il devrait éventuellement démissionner. « Je me prépare à une élection présidentielle anticipée », a-t-elle déclaré au quotidien Le Parisien la semaine dernière.
Bayrou a enduré une première semaine tumultueuse en tant que Premier ministre, notamment après avoir fait face à un déluge de critiques pour avoir assisté à une réunion municipale dans la ville de Pau dans les Pyrénées, dont il reste le maire, alors que le territoire français de Mayotte, dans l'océan Indien, était aux prises avec les conséquences catastrophiques du cyclone Chido.
Bayrou a mis en garde contre le danger qui nous guette si son gouvernement tombe. « Si nous échouons dans cette tentative, alors ce sera la dernière étape avant le précipice », a-t-il déclaré.
La France est dans l'impasse depuis que Macron a parié sur des élections anticipées cet été dans l'espoir de renforcer son autorité. Cette décision s'est retournée contre lui, les électeurs ayant réélu une Assemblée nationale divisée en trois blocs rivaux.
