Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des affaires politiques a prévenu que la République islamique d’Iran se retirerait du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) si le mécanisme de snapback qui impose au Conseil de sécurité de l’ONU de rétablir les sanctions internationales contre l’Iran était activé.
Majid Takht-Ravanchi a fait ces remarques, citées ce mardi 3 décembre par le porte-parole de la Commission de sécurité nationale et de politique étrangère du Parlement iranien, Ebrahim Rezaï, après que le haut diplomate a engagé des pourparlers à Genève, en Suisse, avec des représentants de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, les trois signataires européens de l’accord nucléaire iranien de 2015, connu sous le nom de Plan global d’action commun (PGAC).
« Takht-Ravanchi a annoncé qu’à ce stade, nous estimions que des négociations pourraient être utiles et nous avons discuté de diverses questions, notamment le programme nucléaire. En ce qui concerne les mesures de rétorsion de l’Iran en cas de recours au mécanisme de snapback [retour automatique des sanctions], l’une des options que nous avons évoquées était de se retirer du TNP », a déclaré Rezaï.
Le vice-ministre des Affaires étrangères a déclaré qu’il y aurait un autre cycle d’échanges de vues avec l’Europe, et que toutes les discussions se sont déroulées dans le cadre des réglementations, notant que la délégation iranienne a participé aux négociations sans faux optimisme, selon Ebrahim Rezaï.
Dans la foulée, le porte-parole de la Commission de sécurité nationale du Parlement iranien a cité Takht-Ravanchi, affirmant que des pourparlers de Genève avaient pour objectif de préserver les acquis de la Révolution islamique de 1979.
« Nous n’avons pas négocié à Genève, parce que nous n’avions pas de texte sur lequel nous pouvions réellement négocier. Nous avons simplement discuté et échangé des points de vue », a ajouté Ebrahim Rezaï, se référant aux remarques de Takht-Ravanchi.
En outre, Rezaï a cité Takht-Ravanchi qui a déclaré que les Européens n’ont pas respecté leurs engagements après le retrait du président américain de l’époque, Donald Trump, du PGAC, ajoutant : « Nous essayions d’abord de définir le cadre des affaires lors des discussions, et nous sommes encore loin des négociations ».
Le porte-parole de la Commission de sécurité nationale du Parlement iranien a cité un autre négociateur iranien aux pourparlers de Genève, Kazem Gharibabadi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des affaires juridiques et internationales, qui a affirmé qu’aucune négociation n’avait eu lieu.
« Les négociations n’ont pas encore eu lieu, et la plupart de nos échanges lors des récentes discussions ont porté sur la question nucléaire et les sanctions brutales contre la nation iranienne, et bien sûr nous avons parlé des mesures de représailles [de l’Iran] », a déclaré Gharibabadi cité par Rezaï.
Au cours de ces discussions, certaines mesures récentes anti-iraniennes, notamment les sanctions contre la compagnie de transport maritime iranien et la compagnie aérienne nationale iranienne, Iran Air, la récente déclaration européenne sur les îles iraniennes dans le golfe Persique, ainsi que la résolution adoptée par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, ont été critiquées, a indiqué Ebrahim Rezaï, faisant référence aux remarques de Gharbabadi.
Enrique Mora, secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure, s’est entretenu jeudi 28 novembre à Genève avec Gharibabadi et Takht-Ravanchi, soulignant qu’il avait eu un « échange franc » avec les deux hommes.
Pour sa part, Gharibabadi a annoncé vendredi 29 novembre que la délégation iranienne avait tenu une nouvelle série de discussions franches avec les directeurs politiques de la troïka européenne, et avait convenu de poursuivre le dialogue dans un proche avenir.
En 2015, l’Iran a prouvé au monde le caractère pacifique de son programme nucléaire en signant le PGAC avec six puissances mondiales. Cependant, le retrait unilatéral de Washington en 2018 et la réimposition ultérieure de sanctions anti-iraniennes ont laissé l’avenir de l’accord dans les limbes.
En 2019, l’Iran a commencé à réduire les limites qu’il avait acceptées dans le cadre du PGAC après que les autres parties n’ont pas respecté leurs engagements.
Au cours de ces deux dernières années, les tensions entre l’Iran et les pays européens se sont intensifiées, en raison des accusations européennes selon lesquelles Téhéran aurait fourni des missiles balistiques à la Russie pour les utiliser dans la guerre en Ukraine. Ceci tombe alors que l’Iran les a catégoriquement rejetées. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également confirmé qu’aucun missile balistique iranien n’avait été livré à la Russie.
Dans le cadre de la récente action anti-iranienne, la troïka européenne a poussé à l’adoption d’une résolution au Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
La résolution accuse Téhéran de mauvaise coopération avec l’agence et exige un rapport complet sur ses activités nucléaires d’ici le printemps 2025. En riposte, l’Iran a déclaré avoir activé une série de nouvelles centrifugeuses avancées.