TV
Infos   /   A La Une   /   Europe   /   France   /   L’INFO EN CONTINU

L’extrême droite aux portes du pouvoir en France ; le cauchemar de Macron se précise

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président français Emmanuel Macron. ©AFP

Les Français se rendront aux urnes demain dimanche 7 juillet pour un deuxième tour des élections législatives du pays, à l’issue desquelles le premier gouvernement français d'extrême droite pourrait voir le jour et marquer la fin du macronisme.

Le Rassemblement national de Marine Le Pen arrivé largement en tête aux élections européennes, a non seulement remporté une large victoire au premier tour des élections françaises avec 34,2% des voix, mais encore, il est en passe de remporter la majorité absolue à l’Assemblée nationale et de voir Bardella, 28 ans, devenir le Premier ministre de l’Hexagone.

Après la victoire de l'extrême droite aux élections parlementaires européennes, Macron a pris un pari terrible en annonçant la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale et en convoquant des élections anticipées. Un pari qui non seulement n’a pas sauvé Macron, pire encore, il pourrait plutôt conduire à un partage de pouvoir entre lui et le chef du Parti du Rassemblement national, Jordan Bardella.

Bien conscient, Macron a pris un gros risque et a dissous le Parlement dans l’espoir de vaincre l’extrême droite aux élections législatives françaises, marquant ainsi la fin de son pouvoir. Certains analystes considèrent ce scrutin comme la fin du macronisme.

La possible arrivée au pouvoir du RN en France inquiète les pays de l’OTAN

Trois semaines après les résultats des élections européennes, qui avaient entraîné la dissolution de l’Assemblée nationale française, les électeurs sont revenus dans les bureaux de vote à l’occasion du premier tour des élections législatives le 30 juin 2024. Le Rassemblement national a capté le plus grand nombre de suffrages, avec un score de 29,2 %, combinés aux 3,9 % des candidats de l’union de l’extrême-droite ralliés à Éric Ciotti. Ce total permet au RN d’envoyer directement 40 de ses candidats à l’Assemblée nationale, sans même passer par le second tour dimanche 7 juillet.

En deuxième position, le Nouveau Front populaire rassemblant les principales formations de gauche totalise près de 9 millions de voix, soit 28 % des suffrages. Lors de ce scrutin, les Français ont sanctionné le camp d’Emmanuel Macron : la coalition Ensemble ! termine troisième, avec 20 %.  En quatrième position, Les Républicains/Divers droite, déstabilisés notamment par l’alliance nouée entre son président Éric Ciotti et le Rassemblement national, font preuve d’un peu de résistance. Ils réunissent 10,2 % des suffrages exprimés, contre 10,4 % au premier tour des législatives 2022.

Au cours de la semaine séparant les deux tours de l'élection parlementaire, des centaines de candidats de gauche et modérés se sont retirés de la compétition afin de réduire les chances du Parti du Rassemblement national d'obtenir la majorité absolue des voix.

Les résultats des sondages d’opinion montrent que cette technique est susceptible de réduire les chances de l'extrême droite d'obtenir la majorité absolue ; mais par rapport au passé, ce parti bénéficie d’un soutien populaire de plus en plus profond, et en fin de compte, ce sont les Français qui prendront la décision finale.

Législatives en France : 30 000 policiers et gendarmes mobilisés pour le second tour

Si le Rassemblement national parvient à obtenir la majorité absolue, soit 289 sièges, aux élections de demain, Macron devrait nommer Jordan Bardella comme Premier ministre et lui confier la formation du gouvernement. Si le RN ne parvient pas à obtenir la majorité absolue, mais s’attribue le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, Macron aura deux choix.

C’est le scénario le plus improbable à l’heure actuelle. Mais si le Rassemblement national devait malgré tout conquérir les 289 sièges sur 577, on s'acheminerait vers une cohabitation difficile entre Jordan Bardella Premier ministre et Emmanuel Macron. Ce dernier pourrait user de son droit de veto contre la nomination de certains ministres et pourrait, selon la Constitution, refuser de signer des décrets. Il garderait la main selon l’usage sur la défense et la diplomatie. Mais le Premier ministre aurait la maîtrise budgétaire sur les dépenses étrangères comme l’Ukraine.

Un scénario plus probable serait une forte majorité, mais relative du RN qui l’obligerait à s’entendre avec des députés de la droite LR. Difficile d’imaginer Bardella renoncer au poste de Premier ministre avec 270 sièges. De même, si le Centre, la droite républicaine et la gauche modérée atteignaient ensemble un tel seuil, le président pourrait appeler à un gouvernement d’union, ce qui supposerait un grand écart entre le LR et les écologistes. Une coalition à l’allemande, bien loin de la culture politique française.

Autre scénario possible, si les trois blocs refusent toute concession, on passerait alors à un gouvernement technocratique, composé de hauts fonctionnaires, qui expédieraient les affaires courantes. Une solution plutôt négative à long terme, alertent les experts financiers car sans réformes, pas de possibilités de faire des économies budgétaires dans un pays fortement endetté. Problème, le Premier ministre n’aurait aucune majorité et pourrait tomber à tout moment sur une motion de censure qui entraînerait la constitution d’un nouveau gouvernement. En cas de crise grave, Emmanuel Macron pourrait s’arroger les pleins pouvoirs, mais les conditions sont très restreintes. Et redissoudre l’Assemblée ne sera possible que dans un an.

L'Assemblée nationale française est l'assemblée la plus puissante de ce pays par rapport au Sénat. La dernière étape de la législation s'effectue à l'Assemblée nationale ; il est donc très important d’obtenir la majorité des sièges dans ce Parlement et cela augmentera l’influence de l’extrême droite dans la politique française.

Législatives 2024 : 33 % pour le RN, 28 % pour le NFP, les résultats définitifs sont connus

Bien que Macron ait annoncé qu’il ne se retirerait pas avant la fin de son mandat en 2027, toutefois un président faible peut compliquer de nombreuses équations mondiales.

Les liens idéologiques et financiers passés de l’extrême droite avec la Russie ont amené l’Europe à s’inquiéter de la possibilité d’une plus grande influence russe en Europe. L’extrême droite qui insiste, elle aussi, sur son refus d’envoyer de troupes en Ukraine, ravive les inquiétudes.

Ce faisant, Marine Le Pen a déjà révélé à plusieurs reprises sa volonté de sortir la France de l'Union européenne (Frexit). Même si ce parti a changé d'approche, il menace toujours de se retirer des traités économiques internationaux.

Le Rassemblement national a également annoncé qu'il reconsidérerait son maintien de la France au sein de l'OTAN. Marine Le Pen a affirmé que la France devrait ignorer les lois européennes qui sont en contradiction avec les politiques de l'extrême droite.

Il semble que Macron aura du mal à passer le reste de sa présidence, perdant le pouvoir non seulement à l’intérieur mais aussi à l’étranger.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV