Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Guinéen tué en France : la version policière remise en cause
L’enquête sur la mort d’un Guinéen lors d’un contrôle routier en Charente met à mal la version policière, selon des éléments révélés lundi par Mediapart et Radio France, confirmés à l’AFP par une source proche du dossier.
Le 14 juin, deux semaines avant la mort du jeune Nahel à Nanterre, Alhoussein Camara, 19 ans, avait perdu la vie tandis qu’il se rendait au travail au volant de sa voiture, vers 4h du matin dans l’agglomération d’Angoulême, tué par un tir policier après, selon eux, un « refus d’obtempérer ».
Le syndicat de police Alliance avait fait état, ce jour-là, d’une « blessure par balle au niveau de la cage thoracique », le parquet d’Angoulême parlant « du haut du corps » sans autre précision.
Depuis, aucun élément n’avait filtré sur le rapport d’autopsie. Or, selon la source proche du dossier, ce rapport indique que l’orifice d’entrée du projectile est situé « sur la face postérieure gauche » du corps, excluant un tir de face.
Interrogé lundi sur ces informations, le parquet a décliné tout commentaire. L’auteur du tir mortel, un brigadier âgé de 52 ans, a été mis en examen pour homicide volontaire et placé sous contrôle judiciaire fin juin.
Blessé à un genou lors des faits, avec une ITT de 30 jours, il affirme depuis le début avoir sorti son arme sous la menace de la voiture qui l’aurait heurté, et avoir agi ainsi en état de légitime défense, circonstance qui est au cœur de l’enquête.
Selon la version donnée initialement par les autorités, la police a décidé de contrôler le véhicule parce qu’il « zigzaguait » sur la chaussée. Il a été poursuivi « à allure réduite », avant de s’arrêter au niveau d’un feu rouge. La victime a essuyé le tir policier alors qu’elle tentait d’échapper au contrôle, la voiture finissant sa course contre un mur.
Mais le rapport de l’IPGN, cité par Mediapart et Radio France, fait ressortir des contradictions dans les déclarations des policiers impliqués dans l’intervention, sur le motif du contrôle comme sur le déroulé des faits.
« Comme dans beaucoup de dossiers de violences policières, il apparaît que les policiers ont menti, que les syndicats ont validé leurs mensonges et que la justice les a couverts », a dénoncé lundi l’avocat de la famille Camara, Arié Alimi.
2. RDC : après la MONUSCO, l'EAC doit plier bagage
Les autorités de la République démocratique du Congo ont demandé aux forces africaines d’Afrique de l’Est dans le pays de partir pour non-efficacité à ramener la paix. Une décision qui intervient après que le pays a demandé le retrait des forces de la Monusco.
Dans une déclaration lundi, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a laissé entendre que les forces régionales d’Afrique de l’Est ont été incapables de rétablir la paix dans le pays et doivent partir d’ici décembre. Selon lui, ils devraient partir « parce qu’ils n’ont pas réussi à résoudre le problème ».
« Je vous informe qu'il est déjà revenu, et le message était clair : la force régionale de l'EAC doit quitter la République Démocratique du Congo d'ici le 8 décembre, tel que convenu, parce qu'elle n'a pas été en mesure de résoudre le problème, notamment celui du M23, qui bloque depuis deux mois le processus de pré-cantonnement, conformément aux accords signés à Luanda. C'est le message qu'il a porté. Il y aura sûrement une réunion des chefs d'État par la suite, qui devra statuer sur l'incapacité de la force régionale à résoudre cette question, et des mesures seront prises », a expliqué Patrick Muyaya lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue de la Santé publique, de l'Hygiène et de la Prévention, le lundi 9 octobre 2023.
Actuellement, le gouvernement accuse le M23, sous l'observation complice de la force régionale, de bloquer le processus de pré-cantonnement en maintenant le contrôle de points de communication stratégiques dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, en violation des accords et des obligations convenues dans la feuille de route de Luanda.
Depuis novembre dernier, des troupes de l’Ouganda, du Burundi, du Soudan du Sud et du Kenya ont été déployées dans le cadre de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est pour rétablir la paix dans la province troublée du Nord-Kivu et surtout se débarrasser des rebelles du M23 qui ont sous leur contrôle, plusieurs localités.
Selon le gouvernement congolais, les rebelles du M23 avaient refusé de se retirer des zones sous leur occupation conformément aux accords signés à Luanda, en Angola, l’année dernière. Muyaya a ajouté qu’une réunion des chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est « devrait se prononcer sur l’incapacité de la force régionale » à traiter la question.
La région est embourbée dans un conflit depuis au moins deux décennies, avec différents groupes armés y opérant malgré la présence des forces de maintien de la paix de l’ONU depuis 1999. Le M23 a cessé de se retirer des zones sous son occupation en avril lorsque le président Félix Tshisekedi les a exclus des pourparlers. L’année dernière, les dirigeants de l’EAC ont ordonné au M23 de cesser le feu et de se retirer sur le mont Sabinyo, du côté congolais de la frontière avec l’Ouganda.
Cette demande de départ de la force africaine intervient après que le gouvernement a également demandé le retrait rapide des Casques bleus de la Monusco, avec toujours la même accusation comme partout en Afrique, à savoir, de ne pas avoir réussi à ramener la paix dans l’est du pays.
Le 20 septembre, à la tribune de l'ONU, le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi a insisté pour un retrait « accéléré » des Casques bleus de son pays à partir de fin 2023, regrettant qu'ils n'aient « pas réussi à faire face » aux groupes armés.
« Il est temps pour notre pays de prendre pleinement son destin en main et de devenir le principal acteur de sa propre stabilité », a-t-il lancé lors de l'Assemblée générale de l'ONU. Dans cet objectif, le retrait « progressif » de la mission de maintien de la paix de l'ONU (Monusco) et de ses plus de 15 000 Casques bleus « est une étape nécessaire pour consolider les progrès que nous avons déjà réalisés », a-t-il estimé.
Il a déploré que les missions onusiennes présentes depuis près de 25 ans « n'aient pas réussi à faire face aux rébellions et conflits armés qui déchirent ce pays et la région des Grands Lacs ni à protéger les populations civiles ».
Depuis 2020, le Conseil de sécurité de l'ONU a entamé un désengagement prudent, approuvant un plan de retrait progressif fixant de grands paramètres pour transférer les responsabilités des Casques bleus aux forces congolaises. Avec en ligne de mire l'horizon 2024.
Ces discussions autour du retrait de la Monusco interviennent alors que l'ONU a fait face à une série d'attaques et de manifestations contre la présence des Casques bleus dans le pays. Systématiquement lors des manifestations demandant le retrait de la MONUSCO du pays, les Congolais ont dû faire face à une répression violente de la part des soldats de l'ONU. « L'accélération du retrait de la Monusco devient une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et nos concitoyens », a insisté Félix Tshisekedi.
3. Niger : déculottée pour la France et les USA !
C’est acté depuis hier 10 octobre 2023. En effet, les troupes françaises ont entamé leur retrait du territoire nigérien. Le Président français, Emmanuel Macron, après avoir vainement et inutilement résisté à la pression des autorités et des populations nigériennes, a finalement succombé de rappeler ses soldats. Et l’on peut se demander comment il aurait pu en être autrement. En effet, les populations nigériennes n’ont jamais véritablement accepté sur leur sol, la présence de troupes françaises éconduites comme des malpropres du Mali et du Burkina Faso. Pour preuve, elles ont tenté à coup de barrages de s’opposer, en novembre 2021, au passage d’un convoi militaire français en provenance de la Côte d'Ivoire à destination de Gao au Mali, avec à la solde des morts sur le carreau. Et il faut le dire, au-delà du Niger, l’opinion publique africaine en général, est hostile à la présence des troupes françaises sur le continent, celles-ci étant considérées comme des troupes d’occupation coloniale qui, en sus, ont échoué à enrayer le péril terroriste dans les États sahélo-sahariens et tout cela dans un contexte global de montée du sentiment anti-politique néocolonialiste français. L’on ne pouvait donc douter de l’issue du bras de fer que le président français avait engagé avec le nouvel homme fort du Niger, le général Tchiani.
Ce retrait, même organisé sous la surveillance des autorités nigériennes, est une nouvelle déculottée pour la France qui se retire, à nouveau, la queue entre les pattes, exactement comme elle a été contrainte de le faire plus tôt au Mali et au Burkina Faso. L’histoire se répète donc et l’on peut se demander si les autorités françaises ont une claire perception de la dynamique qui s’est enclenchée dans les pays africains et plus particulièrement dans les anciennes colonies françaises. En attendant de répondre à cette question, le retrait forcé de l’armée française, du Niger, constitue, pour les militaires au pouvoir à Niamey, une importante victoire d’étape. Sans rien lâcher, ces stratèges militaires qui font preuve d’une extraordinaire lucidité politique continuent de dérouler leur agenda, broyant au passage la machine de guerre française, sans même livrer combat. Et sans nul doute, c’est ce qui adviendra aussi de la menace d’intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui comptait certainement sur le dispositif français sur le territoire nigérien, pour mener à bien son plan d’attaque. Les autorités nigériennes peuvent surfer sur cette double victoire.
Il y a donc nécessairement un supplément d’efforts à faire et c’est en cela que la perspective de la coopération avec les États voisins du Mali et du Burkina est une belle opportunité pour monter en puissance sans aucune quelconque entrave. C’est donc l’occasion pour ces trois pays qui semblent désormais évoluer en harmonie, d’exorciser la tristement célèbre région des trois frontières qui constitue dans la bande sahélo-saharienne, le triangle de la mort.
Cela dit, alors que la France est contrainte au divorce, elle peut se consoler de ne pas être la seule à ramasser ses effets du domicile conjugal. En effet, les États-Unis seraient également dans le collimateur. Washington s'attendait certainement à ce que les nouvelles Autorités nigériennes laissent les soldats américains continuer d'occuper le pays comme si de rien n'était. Mais suite au retrait des troupes françaises, la présence américaine dans le pays est également compromise. Et pour cause, la réaction américaine ne s'est pas fait attendre.
Les États-Unis d'Amérique ont annoncé, mardi, avoir pris acte du « coup d'État militaire » intervenu le 26 juillet dernier au Niger. L'annonce a été faite dans une déclaration publiée par l'ambassade américaine au Niger, relayant des propos du porte-parole du département d'État américain Matthew Miller.
« Les États-Unis ont conclu qu'un coup d'État militaire avait eu lieu au Niger », a indiqué la déclaration.
« Conformément à l'article 7008 de la loi de crédits annuelle du département d'État, les États-Unis suspendent la plupart de leur aide au gouvernement du Niger », a ajouté la même source, rappelant que « le 5 août, les États-Unis ont temporairement suspendu certains programmes d'aide étrangère au gouvernement du Niger, totalisant près de 200 millions de dollars ».
Précisant que « cette aide est également suspendue », la déclaration a annoncé « la suspension par le Millenium Challenge Corporation de toute assistance au Niger, y compris tous les travaux préparatoires sur son Compact de transport régional du Niger de 302 millions de dollars et toutes les nouvelles activités sur son Compact de 2018 ».
Conditionnant toute reprise de leur aide à une action des autorités militaires nigériennes « afin d'inaugurer une gouvernance démocratique dans un délai rapide et crédible », les USA ont réitéré « leur appel à la libération de Mohamed Bazoum, de sa famille et de toutes les personnes détenues ». En d'autres termes, Washington demande a occupé le pays après le départ de la France.
Pour rappel, début août, une diplomate américaine de haut rang, Victoria Nuland, s'est rendue au Niger, où elle a eu des entretiens « francs » et « difficiles » avec les chefs du coup d'État militaire.
« Ils sont très fermes sur la façon dont ils veulent procéder, et cela n'est pas conforme à la constitution du Niger », a déclaré Victoria Nuland.
« Nous avons laissé la porte ouverte à la poursuite des discussions. Mais encore une fois, cela a été difficile aujourd'hui, et je serai franche à ce sujet », a-t-elle déclaré.
Les États-Unis « voulaient parler franchement aux personnes responsables de ce défi à l'ordre démocratique pour voir si nous pouvions essayer de résoudre ces questions de manière diplomatique », a-t-elle ajouté. Elle a également pu rencontrer un « large échantillon » de la société civile nigérienne, y compris des « amis de longue date » des États-Unis, des journalistes et des activistes présents sur place pour relayer la propagande américaine.
Selon certaines sources, la discussion « franche » concernait la présence américaine. Nuland aurait demandé aux nouvelles autorités nigériennes de mettre la France à la porte, mais de garder la présence américaine au Niger. Et vu les commentaires de Victoria Nuland, ce fut un échec complet.
Le gouvernement nigérien, la population nigérienne, mais également, le Mali et le Burkina, sont si soudés que plus aucune puissance impérialiste ne peut imposer quoi que ce soit. L'union de l'Afrique mettra définitivement un terme au néocolonialisme occidental.