Le groupe de pirates « Anonymous Sudan » a publié plusieurs messages sur son canal Telegram, menaçant la France de représailles en raison de la crise politique au Niger.
Spécialisé dans la saturation des sites Internet par des attaques DDos, le groupe de pirates informatiques « Anonymous Sudan » assure être prêt à mobiliser ses troupes virtuelles contre « l’impérialisme français ».
Une capuche comme logo et des menaces à peine voilées : « France, qu’est-ce que tu fais ? Tu veux envahir le Niger ? Tu veux subir le même sort que le Kenya ? Pas de problème… nous n’avons jamais aimé l’injustice. »
Sur la messagerie chiffrée Telegram, Anonymous Sudan menace depuis lundi la France d’une vague de cyberattaques par déni de service (DDos) sur des institutions et leurs sites Internet.
Peu dévastatrices et souvent symboliques, ces actions consistent à saturer de demandes de connexions à un site ou un service afin de le rendre inaccessible. La source de leur courroux ? La crise politique au Niger où les putschistes ont pris le pouvoir mercredi dernier et accusent l’ancien pays colonisateur (France, ndlr) de vouloir intervenir militairement.
Ce groupe de hackers avait fait parler de lui en mars dernier en parasitant les sites Internet d’hôpitaux, d’établissements d’enseignement supérieur et d’aéroports français. La menace avait été considérée suffisamment sérieuse par la DGSI, les services de renseignements français, et le parquet de Paris, pour qu’une enquête soit ouverte pour « entrave au fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données », selon Numérama.
« Ils ne mettent pas tout le temps leurs menaces à exécution mais ils ont démontré depuis leur apparition en début d’année une vraie capacité opérationnelle d’attaque par déni de service, c’est visible et impactant », analyse Adrien Merveille, directeur technique de Check Point France. Malgré quelques coups d’éclat, ces attaquants restent dans l’ombre et personne ne sait qui se cache derrière cette organisation structurée.
« Leur nom ne garantit pas qu’ils soient basés au Soudan et ils n’ont aucun lien avec le collectif des Anonymous car ils sont organisés avec une vraie hiérarchie et des donneurs d’ordre », souligne l’expert.
Les hackers s’en étaient aussi pris aux sites d’AP-HP et les hôpitaux de Lyon et Marseille fin juin pour protester contre la mort de l’adolescent franco-algérien Nahel, tué par la police lors d’un contrôle routier.
Leur dernier message posté sur Telegram ce mardi menace aussi le Nigeria prêt, selon eux, à aider « les impérialistes français et combattre le Niger. »
Leurs prochaines actions seront scrutées de près. « Ils seront comme tous les autres groupes de pirates à surveiller en août où ils sont particulièrement actifs car ils savent que les effectifs sont amoindris lors des périodes de vacances et de jours fériés », prévient Adrien Merveille qui appelle à la vigilance contre des cyberattaques qui seraient, elles, plus destructrices que symboliques.
Six jours après le coup d'Etat au Niger et au vu de la brutale détérioration des relations entre Paris et Niamey, les ressortissants français sur place ont reçu mardi matin un SMS de l'ambassade de France, les informant qu'une opération d'évacuation par voie aérienne était imminente.
En fin de matinée, un premier avion français, d'une capacité de 200 passagers, était d'ores et déjà en route vers Niamey, selon l'AFP. Le Quai d'Orsay a précisé un peu avant que cette opération concernerait les 500 résidents permanents français sur place, les touristes de même nationalité et ceux des pays européens (Union européenne, Royaume-Uni et Suisse) qui souhaiteraient quitter le pays.
La France, soutien indéfectible du président Bazoum apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui ont pris le pouvoir jeudi dernier. Ils ont, lundi, accusé l'ex-puissance coloniale de vouloir « intervenir militairement ».
L'ambassade de France, défendue par cinq gendarmes, avait été caillassée dimanche par 2.000 manifestants. Le président français, Emmanuel Macron, avait alors menacé de répliquer « de manière immédiate et intraitable » à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger.
Lundi soir, le Burkina Faso et le Mali, dirigés eux aussi par des militaires, ont mis en garde contre toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum, affirmant qu'elle serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays.
Ils ont fait part de leur soutien inconditionnel à la junte nigérienne et ajouté qu'ils refusaient d'appliquer les « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes » décidées par la Cédéao.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, pays allié de la France qui a participé à la réunion au Nigeria de la Cédéao quoiqu'il n'en soit pas membre, s'est ensuite rendu à Niamey où il s'est entretenu avec Mohamed Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans la résidence présidentielle, et avec le général Omar Tchiani, le chef de la junte. Le Kenya semble avoir obtenu le statut de seul médiateur agréé par les deux parties.