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Zoom Afrique du 31 mai 2023

Zoom Afrique du 31 mai 2023

Les titres de la rédaction :

  • Kenya : le président Ruto annonce la signature d’un accord commercial avec la Russie
  • Ghana : l’exécutif lance les activités du port de pêche d’Elmina réhabilité pour 90 millions $
  • Libye : la NOC boucle un programme permettant de renforcer l’approvisionnement local en gaz
  • Fesco, le géant russe du transport maritime va développer ses services au Maroc, en Egypte et en Tunisie

Les analyses de la rédaction :

1. Le Burundi a fait le choix de la neutralité

En visite au Burundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé, ce mardi, l’Occident d’utiliser l’Ukraine pour menacer la Russie. 

« L’Occident utilise l’Ukraine pour proférer des menaces à l’encontre de la Russie et ces menaces existent à nos frontières, et utilise l’Ukraine pour piétiner les droits des peuples qui sont proches de la langue russe », a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse, animée conjointement à Bujumbura, capitale économique du Burundi avec Albert Shingiro, chef de la diplomatie burundaise. 

Arrivé ce mardi à Bujumbura, Sergueï Lavrov a indiqué que l’Occident veut rester dominant dans les régions du monde. Il a aussi souligné que l’Occident fournit des armes à l’Ukraine, rejetant les déclarations de l’Occident selon lesquelles ces armes ne devaient pas être utilisées contre les territoires russes. « C’est un mensonge », a-t-il dit. 

Pour sa part, Albert Shingiro a rappelé que le Burundi a fait le choix de la neutralité. « Nous avons opté pour une politique étrangère qui s’ouvre au monde. Tous les pays au monde sont nos amis, donc il n’y a pas un choix entre un pays ennemi et un pays ami. Nous sommes ouverts à tous », a-t-il déclaré. 
Il a ainsi appelé les parties en conflit au dialogue rappelant que « les guerres laissent derrière elles des ruines, de la désolation, des orphelins, des veuves ». « Il faut recourir aux outils préventifs de la diplomatie qui sont à notre disposition à ce moment », a-t-il déclaré. 

Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, le continent est de plus en plus courtisé par les deux pays. Moscou annonce un sommet Russie-Afrique du 26 au 29 juillet à Saint-Pétersbourg.

2. Mali : La population souhaite le départ de la MINUSMA 

Les Maliens ne veulent plus de la MINUSMA. Au moment où Bamako renforce sa propre capacité défensive qui se traduit par des succès sur le terrain face aux groupes terroristes et où le pays continue de faire face à une pression de nombre de régimes occidentaux – cette volonté populaire semble plus que jamais justifiée. 

Plusieurs milliers de Maliens ont manifesté dans la capitale malienne Bamako pour réclamer le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). À l’appel du M5-RFP, parti du Premier ministre de transition Choguel Maïga, du Mouvement de la société civile Yèrèwolo (hommes dignes), Debout sur les Remparts et une trentaine d’associations, des milliers de personnes se sont ainsi rassemblées jeudi dernier au Palais des sports de Bamako pour exiger le départ de la mission onusienne. 

Pour Sidiki Kouyaté, porte-parole du mouvement, la MINUSMA doit partir dès maintenant – n’étant plus utile pour le Mali, car c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Une fabrication qui continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes. 

Dans leur discours, les leaders de la manifestation ont également vivement critiqué le dernier rapport de l’ONU sur le massacre perpétré en mars 2022 contre la population civile dans la ville de Moura, située dans la région centrale de Mopti. Un rapport qui accuse les Forces armées maliennes (FAMA) et des soldats étrangers. 

En dehors des autorités et de la société civile du Mali, la présence de la MINUSMA est indésirable y compris pour d’anciens cadres du gouvernement, à l’image de l’écrivaine et ancienne ministre malienne Aminata Dramane Traoré, qui considère que la France – comme la MINUSMA – se sont invitées toutes seules au Mali. Et que la force onusienne participe à l’instar de l’ancienne puissance coloniale et d’autres régimes occidentaux – à un combat géopolitique contre son pays qui se bat pour sa dignité. Pour elle – la MINUSMA doit simplement suivre Barkhane (l’opération militaire française ayant duré plus de 8 ans en terre malienne et terminée en novembre dernier, ndlr). 

De manière plus générale, l’opinion largement entendue de la nation malienne rejoint l’analyse d’Observateur Continental qui traitait le problème de la présence des forces onusiennes dans le cadre des missions dites de paix, plus particulièrement sur le continent africain. Notamment les questions d’un manque flagrant d’efficacité de ces missions dans leur rôle annoncé de « stabilisation ». Et d’autre part – l’affiliation des divers secrétariats onusiens à l’establishment occidental, avec tout ce que cela implique – ce qui représente un énorme défi jusqu’à ce jour pour les pays concernés et toute la véritable communauté internationale. 

Comme également rappelé précédemment – le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service. 

D’où par la même occasion le mécontentement à peine voilé des structures citées quant à l’arrivée d’autres acteurs qui obtiennent des résultats notables en un espace de temps rapide. Et d’où les fameux « rapports » des diverses structures onusiennes proches de l’Occident en vue de condamner les actions des autorités des pays concernés et de leurs alliés non-occidentaux. 

Encore une fois et en ce qui concerne les pays d’Afrique – il semble aujourd’hui de plus en plus évident que les MINUSMA, MINUSCA, MONUSCO et autres – n’ont plus leur place dans la résolution des défis sécuritaires dans les États concernés. Surtout au vu des événements des quelques dernières années, lorsque l’Occident politique & affiliés n’arrivent plus à voiler les succès des acteurs de l’espace non-occidental, des succès obtenus en coordination avec les nations africaines. 

Quant à l’approche encore plus mondiale – il faudrait revenir effectivement une fois de plus à la question d’une très large réforme de la machine onusienne, à défaut de passer à d’autres actions parmi les puissances des BRICS et les nations du Sud global. Cela passe incontestablement par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU – en direction des pays non-occidentaux, représentant l’écrasante majorité planétaire. Une perspective que les membres permanents que sont la Russie et la Chine soutiennent. 

Et d’autre part – faire libérer les différents secrétariats et structures de l’ONU de cadres qui se maintiennent à leurs postes uniquement en raison de leurs citoyennetés occidentales ou de leur affiliation à l’Occident. Surtout lorsqu’on sait que la Chine fait partie des principaux contributeurs financiers des Nations unies, de même que d’autres nations non-occidentales. Cela sans même de nouveau rappeler les réalités démographiques, géopolitiques et géoéconomiques du monde contemporain multipolaire. 

Mikhail Gamandiy-Egorov 

3. L’alliance Burkina-Russie va poursuivre la stabilisation de l’Afrique de l’Ouest

La Russie est parvenue à accomplir une chose que ni la France, ni les États-Unis n’ont pu (ou voulu, si l’on adopte des interprétations cyniques) réaliser. Elle renforce les capacités militaires de ses partenaires afin qu’ils parviennent à se défendre par eux-mêmes des menaces terroristes, et même lancer des contre-offensives pour récupérer leurs territoires. Cet aspect « dur » de la coopération en matière de sécurité fait partie d’un soutien d’ensemble qui intègre un soutien « doux » contre les menaces de Guerre Hybride, ainsi que des accès à des produits de base accessibles. 

Ibrahim Traore, le président burkinabé par intérim, a affirmé jeudi 4 mai 2023 au cours d’une interview que son pays venait de sceller une alliance stratégique avec la Russie, et ajouté que Moscou constitue l’un de ses principaux fournisseurs militaires, et que Ouagadougou est satisfaite de l’état des relations entre les deux pays. Il a également réfuté les rapports non vérifiés qui avaient été publiés préalablement à cette annonce, voulant que Wagner se batte aux côtés de l’armée nationale dans sa mission anti-terroriste, et affirmé que « l’on a inventé la présence de Wagner pour faire du tort au Burkina, pour que d’autres pays ne coopèrent pas avec nous. » 

Le coup d’État survenu au mois de septembre 2022 au Burkina Faso a été applaudi par la plus grande partie de la population du pays, qui était sérieusement préoccupée par l’incapacité du gouvernement par intérim précédent à répondre de manière appropriée aux menaces terroristes, dès son arrivée au pouvoir, lors du coup d’État précédent, remontant au mois de janvier 2022. On a vu apparaître des drapeaux russes lors de diverses manifestations de soutien spontanées à la prise de pouvoir par Traore, et les médias dominants ont saisi cette opportunité pour faire craindre à ceux qui les suivent que ce pays allait suivre le Mali et devenir le prochain partenaire régional de Moscou. 

Les autorités révolutionnaires du Mali, État voisin du Burkina Faso, ont expulsé les soldats français qui étaient présents sur leur sol, ont ensuite banni les médias et « ONG » français, et ont accéléré l’expansion des relations tous azimuts avec la Russie, surtout dans la dimension sécuritaire. L’Occident a enragé d’assister à cette expression de souveraineté, et s’est immédiatement mis à verser des souillures sur le Mali, jusqu’à cette semaine, dans l’enceinte même de l’ONU, après avoir affirmé à tort que l’armée nationale et Wagner avaient soi-disant tué des centaines de civils au cours d’une attaque menée l’année dernière. 

Au mois de janvier, la Russie a défendu face au Conseil de Sécurité de l’ONU ses efforts de « Sécurité Démocratique » en Afrique de l’Ouest et au Sahel, face aux attaques menées dans la sphère informationnelle à ce sujet, qui visent à diaboliser ses tentatives de venir en aide aux pays de la région pour rétablir le contrôle des États sur leur territoire, puisque la France n’est pas parvenue à le faire. De fait, c’est en grande partie grâce aux succès de Moscou à assister à cet égard la République Centrafricaine et le Mali que les pays africains considèrent la coopération avec le Kremlin comme désormais souhaitable. 

La Russie est parvenue à accomplir une chose que ni la France, ni les États-Unis n’ont pu (ou voulu, si l’on adopte des interprétations cyniques) réaliser. Elle renforce les capacités militaires de ses partenaires afin qu’ils parviennent à se défendre par eux-mêmes des menaces terroristes, et même lancer des contre-offensives pour récupérer leurs territoires. Cet aspect « dur » de la coopération en matière de sécurité fait partie d’un soutien d’ensemble qui intègre un soutien « doux » contre les menaces de Guerre Hybride, ainsi que des accès à des produits de base accessibles. 

Si on les considère dans leur ensemble, les liens stratégiques cultivés avec Moscou garantissent que les pays africains puissent survivre aux myriades de menaces, qui découlent de la Nouvelle Guerre Froide, pesant sur leur souveraineté. Ces pays peuvent ainsi éviter de devenir les prochains champs de bataille dans cette compétition globale pour l’avenir de l’ordre mondial. Dans le contexte burkinabé, cela va stabiliser davantage l’Afrique de l’Ouest, cette alliance allant de paire avec les efforts de « sécurité démocratique » menés dans le Mali voisin, et nécessaires pour aider la région à se protéger de la France. 

Même si Traore a exprimé au cours de cette interview que « le départ de l’armée française ne signifie pas que la France n’est plus une alliée », son positionnement pragmatique, consistant à garder une posture ouverte à une coopération mutuellement bénéfique avec la France ne signifie pas que l’ancienne puissance colonisatrice du Burkina Faso voit les choses du même œil. Le paradigme du jeu à somme nulle qui influence la doctrine des relations étrangères françaises, semblable à celui cultivé par les États-Unis du fait de leurs intérêts hégémoniques partagés, devrait amener Paris à répliquer après ces pertes récentes. 

Cette réplique visera probablement le Burkina Faso de la même manière que celle qui cible le Mali, et le Burkina Faso devrait se préparer sans tarder à une combinaison de guerre de l’information – et de menaces terroristes organisées conjointement par la France et les États-Unis. Toutefois, le partenariat stratégique burkinabé-russe devrait être en mesure d’assurer une défense efficace face à ces menaces, comme dans le cas du Mali, ce qui va sécuriser les gains multipolaires de la région, et de l’ensemble de l’Afrique.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV