Cinq jours après la 6e journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites, les ordures continuent de s’accumuler sur les trottoirs de Paris.
A la date du samedi 11 mars et selon les estimations disponibles, près de 5.000 tonnes de déchets étaient ainsi non ramassées, les éboueurs poursuivant leur grève sur fond de blocages des usines d'incinération.
Les poubelles débordent et la situation n'est pas près de s'améliorer. Plusieurs milliers de tonnes de déchets ont été accumulées dans certains arrondissements de Paris depuis le lundi 6 mars, veille de la 6e journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites.
Une situation qui provoque l'indignation de certains riverains. « Ça sent pas bon, c'est pas beau, il y a des rats », déplore une Parisienne au micro de CNEWS. « Une catastrophe. Ça ne devrait pas exister, c'est très sale », abonde une autre.
Les ordures se sont accumulées dans les rues de Paris et les livraisons de carburant ont été bloquées dans les raffineries alors que les travailleurs poursuivaient les grèves contre la réforme des retraites, mais le président Emmanuel Macron a refusé de rencontrer les syndicats et a déclaré que la réforme devait aller de l'avant.
Alors que le débat sur la réforme se poursuivait au Sénat, les travailleurs ont empêché les livraisons de carburant de quitter les raffineries TotalEnergies (TTEF.PA) et Esso vendredi, tandis que l'alimentation électrique a été interrompue et que la maintenance de certains réacteurs nucléaires d'EDF (EDF.PA) a été retardée.
Jusqu'à présent, l'impact n'a pas été majeur, car le froid a empêché les ordures à Paris et dans d'autres villes de puer, alors qu'il n'y a pas encore de lignes dans les stations-service car les automobilistes et les exploitants de stations-service ont anticipé les perturbations.
Mais le syndicat CGT de la raffinerie de Donges de TotalEnergies a déclaré que la grève se poursuivrait au moins jusqu'à jeudi et que les syndicats des éboueurs n'avaient fixé aucune date pour une reprise des services.
Dans une lettre aux syndicats, Macron a refusé d'accéder à leur demande de réunion, affirmant que les syndicats avaient eu amplement le temps de négocier avec le gouvernement au cours des derniers mois et qu'il était maintenant temps pour le Parlement de revoir la réforme, dont la mesure clé est une prolongation de deux ans de l'âge de la retraite à 64 ans.
« Je ne sous-estime pas le mécontentement que vous exprimez ni la crainte de nombreux Français qu'il n'y ait pas de retraite pour eux », a déclaré Macron dans la lettre, publiée par les médias français.
Il a ajouté qu'il ne transigerait pas sur la nécessité de rétablir un équilibre financier durable du système de retraite afin de garantir les pensions des générations futures.
À la raffinerie TotalEnergies de Donges, dans l'ouest de la France, le dirigeant syndical CGT Fabien Privé Saint-Lanne a critiqué Macron pour avoir refusé de rencontrer les syndicats et a déclaré que les travailleurs avaient décidé de poursuivre leur grève au moins jusqu'à jeudi. « Le président refuse de rencontrer les syndicats (...) son mépris pour le monde du travail ne peut qu'aiguiser la colère des gens et conduira soit à la violence dans les rues, soit à la vengeance contre Macron dans l'isoloir », a-t-il déclaré.
Les syndicats prévoient d'autres marches à l'échelle nationale samedi. Selon une note du ministère de l'Intérieur citée par la télévision française BFM, la police s'attend à ce que 800 000 à un million de personnes manifestent.
Les sondages d'opinion montrent qu'une majorité d'électeurs s'opposent au plan de Macron. Mardi, 1,28 million de personnes sont descendues dans la rue lors de manifestations à travers le pays, le taux de participation le plus élevé au sixième jour de protestation contre la réforme cette année.
Les livraisons de carburant ont également été interrompues à la raffinerie de Fos, exploitée par Esso, filiale d'ExxonMobil (XOM.N), a déclaré un porte-parole de la CGT.
Les perturbations sur les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) se sont poursuivies, la société Fluxys (FLUX.BR) déclarant que la jetée et le quai de chargement des camions de Dunkerque étaient indisponibles et que la capacité de livraison était réduite au minimum.
La grève a également réduit la production d'électricité française de 16,6 gigawatts (GW) - environ 25% de l'approvisionnement total actuel - dans les centrales nucléaires, thermiques et hydroélectriques, a déclaré la CGT.
