Si la France a maintenu une influence politique et économique sur ses anciennes colonies africaines dans la seconde moitié du XXe siècle, le système s’est depuis décomposé et Paris continuera de réduire davantage sa présence militaire, estime Youri Roubinski, ancien diplomate et historien russe.
Quelques mois après l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, les autorités de transition burkinabè viennent de demander le départ des troupes françaises. Un signe que "le développement du Burkina Faso n'est évidemment plus contrôlé par Paris", décrypte dans un entretien avec Sputnik Youri Roubinski, ancien diplomate et historien russe, spécialiste de l'histoire et de la politique françaises.
Il rappelle que les autorités burkinabè ont récemment accusé la France d'inefficacité dans la lutte antiterroriste.
De plus, plusieurs manifestations ont récemment eu lieu à Ouagadougou pour exiger le retrait du contingent de la France, lequel comprend 400 membres des forces spéciales françaises.
Youri Roubinski, chevalier de la Légion d’honneur, note que l’influence française en Afrique a été à son apogée au XXe siècle : "Après le démantèlement du système colonial, la France a maintenu une influence politique et économique très forte dans la plupart de ses anciennes colonies. Les contingents militaires français y étaient déployés et étaient utilisés par les gouvernements de ces pays en cas de crises internes."
"Ce système a duré assez longtemps, mais à partir du XXIe siècle, il a commencé à rencontrer de grandes difficultés. Aujourd'hui, la présence militaire française, et donc politique et économique, dans les anciennes colonies africaines traverse des heures sombres", observe-t-il.
Le retrait français d’autres anciennes colonies
Le Burkina Faso n’est pas le seul pays africain où Paris semble perdre son influence. Mi-décembre, les derniers militaires français ont quitté le Centrafrique. Ils y effectuaient une mission de soutien aux Casques bleus et aux formateurs européens.
En août 2022, la France a mis fin à une séquence de neuf années d’intervention militaire au Mali sur fond de brouille diplomatique avec les autorités du pays.