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Barkhane : la justice malienne fait peur !
« Trois condamnations à mort par contumace, quarante-trois condamnations à 20 ans de réclusion criminelle plus une amende de 10 millions d’euros au bout d’un procès », on ose dire historique, qui a duré deux jours et qui a retenu en haleine non seulement la France, mais encore tout l’Occident qui assiste, impuissant à une radicale vague anticoloniale du Sahel. À peine 48 heures après que 24 accusés maliens de l’attaque de 2016 contre Grand Bassam ont été condamnés à Abidjan à la perpétuité, attaque qu’on soupçonne avoir été un False Flag piloté par une France en quête de renforcer sa présence militaire sur la Côte, la justice malienne a prononcé ce vendredi 30 décembre son verdict dans l’affaire dite « 46 soldats ivoiriens ». Ce matin RFI tente de cacher son malaise, mais il est lisible à travers tout son article consacré à l’affaire.
En effet, par le scénario dit « 46 soldats ivoiriens » le scénariste français entendait bien placer deux grandes nations africaines l’une en face de l’autre et à les pousser au mieux à une confrontation militaire, au pire à un face à face économique avec en toile de fond un Abidjan transformé en le vecteur d’une dynamique divisionniste interafricaine dont la pointe de la flèche serait dirigée droit contre l’économie malienne qui n’en déplaise aux Occidentaux, commence en dépit des sanctions de la CEDEAO à prendre de très belles couleurs, à être compétitive dans plusieurs secteurs et à se démarquer de cette économie tout le temps déficitaire sous l’occupation française.
Mais voici que tout s’inverse et que le sort de ces 46 soldats détenus à Bamako devient le prétexte à une « complicité » retrouvée entre les deux capitales que le tropisme pro France d’Ouattara n’avait cessé ces derniers temps d’éloigner l’une de l’autre. Mais ceci est loin d’être la seule raison du malaise que Paris affiche dans cette affaire et dont ses journaux portent en commentant ce matin et le procès et son verdict les marques. RFI écrit : « Ce verdict lourd ne contredit toutefois pas, selon les observateurs, l'accord signé le 22 décembre par Bamako et Abidjan, car la possibilité d'une grâce présidentielle existe toujours. Assimi Goïta, le chef de la junte malienne, doit s'exprimer samedi 31 décembre, à l'occasion de ses vœux à la Nation. »
Décidément le fait qu’une tentative de coup d’État dont l’objectif consistait à faire plonger le Mali dans le chaos ne se transforme pas en une occasion pour manifester la solidité et la puissance et surtout le bon fonctionnement des institutions étatiques maliennes ne peut qu’inquiéter l’ex-puissance d’occupation. Car quel en serait le message pour les autres pays sahéliens si ce n’est qu’en mettant à la porte la France tout reviendrait à la normale, l’exécutif ferait son boulot tout comme le pouvoir législatif ou judiciaire.
Les journalistes de RFI pourront tant qu’ils le voudront traiter Goita de chef de la junte, de tenter de le délégitimer, de multiplier les piques à l’adresse d’un ordre malien qu’il qualifie de « non constitutionnel », ce procès est la preuve on ne peut plus irréfutable que l’État malien fonctionne à nouveau et qu’après des années de chaos terroriste, il retrouve sa santé, sa pleine capacité quitte à imposer à la France sa volonté, à la contraindre de frapper par Abidjan interposé à sa porte, bref à lui reconnaître son autorité. Et c’est cela qui provoque le malaise et l’inquiétude français, car en écoutant le procureur malien citer à la barre les chefs d’accusation à l’encontre des agents ivoiriens de Barkhane, celle-ci ne pourrait s’empêcher d’entendre presque un réquisitoire à son propre encontre : « attentat et complot contre le gouvernement », « atteinte à la sûreté extérieure de l'État », « détention, port et transports d'armes et de munitions de guerre ou de défense (...) ayant pour but de troubler l'ordre public et par l'intimidation ou la terreur », et bien ce sont là tous les crimes dont la France aussi devra répondre tôt ou tard.
Et dire que ces soldats ivoiriens, le Mali avait mis la main dessus, un certain août 2021, très exactement le jour où son ministre des AE, Diop a réclamé une audience auprès du Conseil de sécurité pour que soient portées à la connaissance du monde les preuves de la complicité de Paris avec les terroristes djihadistes! C’est ainsi que ces quelques lignes que RFI cite d’un ex-ministre d’IBK, Amadou Koita dans son article deviennent automatiquement un lapsus révélateur : « Ce dossier était à deux niveaux : un niveau judiciaire et un niveau politico diplomatique. Quittant le cercle judiciaire, on ose espérer que le président de la transition usera de son droit de grâce pour gracier les 46 soldats ivoiriens ». Eh oui, la justice malienne fait peur et pas qu’aux mercenaires de la France. C’est désormais Barkhane qui devrait la craindre.
Burkina : une tentative de coup d'État ?
Le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, écroué depuis mi-janvier pour des faits présumés de « tentative de déstabilisation des institutions » sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré a été arrêté mardi, pour des raisons similaires alors qu’il avait été remis en liberté provisoire, seulement le 15 décembre courant dans le premier dossier, a annoncé mercredi en soirée le Parquet militaire burkinabè dans un communiqué.
Le Parquet militaire a expliqué dans son communiqué que les premiers éléments de l'enquête révèlent que des militaires en collusion avec des civils étaient en train de préparer « une déstabilisation des institutions de l'État » et que « l'adjudant-chef Neboa Charles et le Sergent Traoré Adama sont cités comme faisant partie du groupe selon le dénonciateur ».
« Ce groupe serait en contact avec l'Unité “Mamba vert du Lieutenant-colonel Zoungrana Emmanuel”, et projetait de lancer des attaques simultanées sur la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), la Maison d'Arrêt et de Correction des Armées (MACA), où était détenu préventivement cet officier supérieur pour d'autres faits similaires, et la résidence du Chef de l'État », a noté le Parquet précisant que selon ses sources « des renforts étaient attendus d'éléments d'autres unités ».
La justice militaire burkinabè a souligné que l’enquête diligentée a permis à ce jour d'entendre et de confronter plusieurs personnes, témoins et mis en cause, alors que les deux mis en cause sont en fuite. Des déclarations recueillies, il ressort de « façon constante » que leur entreprise était planifiée par interactions physiques lors des visites ou téléphoniques, avec le Lieutenant-Colonel Zoungrana Emmanuel depuis la prison militaire, lieu de sa détention, selon le Parquet qui précise que le 9 novembre 2022 lors de fouilles de routines dans les cellules des détenus, un téléphone portable a été retrouvé en possession de Zoungrana.
« Pour certains membres de ce groupe (qui préparait le putsch) le Lieutenant-Colonel Zoungrana Emmanuel serait l'homme de la situation après les évènements du 30 septembre 2022, et leur action se voulait de le porter à la tête de l’État. Pour d'autres c'était pour le libérer de la prison militaire », a relaté le Parquet militaire.
Zoungrana avait été interpellé le 14 janvier dernier et incarcéré à la Maison d'arrêt et de correction des armées (Maca), pour « tentative de déstabilisation des institutions de l'État ». Il a bénéficié d’une liberté provisoire le 15 décembre courant.
« En vue de la manifestation de la vérité, le Lieutenant-colonel Zoungrana était interpellé ce 27 décembre 2022, à son domicile à Pabré, non sans résistance et propagande sur la toile, alors même qu'il bénéficiait d'une liberté provisoire dans la première affaire », a expliqué le Parquet.
Que signifie cette tentative de coup d’État en plein milieu des contestations anti-françaises au Burkina Faso et un retournement du pays vers la Russie ?
Il est très clair que le nouveau chemin dont le gouvernement de Traoré a entrepris n’est pas du tout au goût de l’axe US-OTAN. En effet alors que le Burkina Faso recrute de plus en plus de Volontaires pour la défense du pays et alors qu’il ne cesse de se rapprocher de l’axe de l’Est, l’axe US-OTAN est désemparé et quoi de mieux donc que de perpétrer un coup d’État afin de mettre en place un nouveau gouvernement qui suivrait leurs diktats.
D’ailleurs ce Lieutenant-Colonel Zoungrana Emmanuel a suivi des cours dans plusieurs pays tels que le Maroc et la France.
Un avertissement est donc lancé à l’encontre du général Traoré, mais il a prouvé à plus d’une reprise qu’il n’est pas du genre à se laisser faire. La fin de la Françafrique dans tout le Sahel est très proche !
Éthiopie : ce qui fait peur aux Occidentaux...
En Éthiopie, une importante délégation de haut niveau représentant la communauté internationale est arrivée à Mekele, la capitale du Tigré, jeudi 29 décembre, pour la première fois depuis les accords de Pretoria. Les médiateurs de l'Union africaine Uhuru Kenyatta et Olusegun Obansanjo étaient du voyage, ainsi que le secrétaire général de l'organisation régionale l'Igad et une trentaine de hauts diplomates africains et occidentaux.
Plus d'analyse avec Luc Michel, géopoliticien.