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Quels sont les grands acquis du mouvement des Gilets jaunes?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Ramin Mazaheri

Le 1er décembre 2018, les Gilets jaunes se sont affirmés en France, inscrivant leur nom dans les livres d’histoire avec leurs autocollants graffiti révolutionnaires sur l’Arc de Triomphe, l’un des monuments les plus emblématiques du pays.

« Les Gilets jaunes vont gagner » était un slogan qui a résonné dans le monde entier, alors que le mouvement est devenu la grande menace et un véritable mouvement révolutionnaire à laquelle un pays occidental ait été confronté depuis plus d’un demi-siècle.

Le monde ne s’attendait pas à ce qu’un véritable mouvement de résistance germe en France. Le pays était alors entièrement saisi par la frénésie révolutionnaire, et c’était parce que le mode de vie français n’est pas aussi extravagant qu’on pourrait le penser.

Les Gilets jaunes ont été victimes d’au moins 11 000 arrestations. Parmi eux, un millier sont devenus des prisonniers politiques, 5 000 manifestants ont été grièvement blessés. Il y a eu aussi des dizaines de mutilés à vie et onze décès.

Il est difficile de dire ce qui était pire : la répression par le régime français ou la façon dont les médias et les ONG occidentaux ont calomnié et ignoré les effusions de sang hebdomadaires, les tirs de gaz lacrymogène et les arrestations massives.

Les Gilets jaunes sont une réplique immédiate et permanente aux Occidentaux qui prétendent que leurs gouvernements sont plus protecteurs de la démocratie et moins brutaux que ceux des pays non occidentaux. C’est l’un des trois grands héritages des gilets jaunes.

Prospérité, stabilité et démocratie - rien de tout cela n’a été mis en œuvre en France depuis que le projet paneuropéen a été activé en 2009.

La France n’est plus vraiment la France - à moins que Bruxelles ne le dise - et elle devient de moins en moins sous un système politique qui est encore nouveau.

Les Gilets jaunes ont donc vraiment mis 10 ans à se forger. Ils sont même arrivés sur la scène après une décennie pleine de grands mouvements sociaux, car la première guerre de l’Union européenne n’était pas une guerre par procuration contre la Russie, mais une guerre sociale qu’elle a menée contre ses propres citoyens.

Le problème n’était pas seulement la grande récession de 2008, mais le fait que l’Union européenne était le seul bloc macroéconomique à n’avoir mis en œuvre aucun plan de relance majeur.

Pire encore, sa réponse a été d’imposer de manière antidémocratique des politiques d’austérité d’extrême droite. Les Gilets jaunes étaient la « classe ouvrière pauvre » cimentée par les changements à Bruxelles, et leurs adversaires étaient le « bloc bourgeois ».

Les Gilets jaunes ont rejeté l’insistance du monde anglo-saxon, dont les approches sont politiquement conservatrices - selon laquelle tous les groupes populaires en Occident sont nécessairement d’extrême droite.

Depuis décembre 2018, il était clair en France que les Gilets jaunes étaient plutôt proches d’une politique économique de gauche, d’anti-impérialisme et d’une conception non islamophobe et moderne d’un patriotisme sain.

Cela explique le taux d’approbation de près de 80 % pour le mouvement et sa popularité stupéfiante, en particulier en France qui était devenue extrêmement cynique en raison des échecs antidémocratiques du projet paneuropéen.

Le rejet de la réalité actuelle des classes sociales en Occident est le deuxième grand acquis des Gilets jaunes.

Cependant, il y a un acquis encore plus grand, dont on a pourtant moins parlé probablement parce qu’elle nécessite une vue d’ensemble complète de la politique occidentale moderne, qui a commencé en 1789 avec la Révolution française anti-monarchie et anti-aristocrate.

L’émergence et la répression des Gilets jaunes rappellent à tous les indéniables échecs du « libéralisme ». Les Gilets jaunes ne sont pas vraiment nouveaux, mais font partie intégrante de l’histoire des révolutions françaises de 1848 à 1871.

Le libéralisme s’est avéré un échec depuis 1848, et les principes libéraux qui sous-tendent le projet paneuropéen échoué aujourd’hui.

La passion désespérée et la pérennité des Gilets jaunes en sont la preuve, et montrent l’hypocrisie, la brutalité et l’inefficacité d’un libéralisme toujours inégal, ce qui est la troisième et plus grande réalisation des Gilets jaunes.

Les Gilets jaunes ont récemment défilé pour commémorer leur quatrième anniversaire. La France n’est plus en proie à la ferveur révolutionnaire, mais les Gilets jaunes ne sont allés nulle part. Un individu ordinaire a remis son Gilet jaune réfléchissant à sa place légale -dans la voiture-, mais le réseau, les relations et les expériences créées par ce mouvement extraordinaire garantissent qu’il reviendrait un jour.

Ramin Mazaheri est correspondant en chef à Paris pour PressTV et vit en France depuis 2009.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV