Pauvreté, scolarisation, santé mentale, violences : un rapport de l’Unicef France publié ce dimanche déplore une situation « inquiétante » dans l’Hexagone.
Plus d’un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et plus de 42 000 sont sans domicile : la France doit encore réaliser des progrès pour garantir les droits des enfants, en particulier ceux des plus fragiles, pointe l’Unicef, dans un rapport inédit publié ce dimanche.
Les inégalités sociales et territoriales empêchent « un trop grand nombre d’enfants d’avoir accès à l’école, aux services de santé ou de protection », a déploré l’Unicef France dans un communiqué accompagnant le rapport, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant.
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, la présidente de l’Unicef France, Adeline Hazan, a déclaré que les enfants « en situation de handicap » et « les 5700 [mineurs] vivant dans les bidonvilles » rencontrent des difficultés à accéder à l’enseignement. « Les enfants les plus vulnérables, qu’ils soient en situation de grande pauvreté, de handicap, victimes de violences, peinent à voir leurs droits les plus élémentaires garantis », a ajouté l’organisme, qui prépare un rapport destiné aux experts du Comité des droits de l’enfant de l’ONU.
La crise sanitaire a également détérioré les conditions de vie des mineurs. Durant le premier confinement, la violence envers les enfants s’est accrue. « Le nombre d’appels au 119 pour signaler un mineur en danger avait explosé », rappelle la présidente de l’antenne française. Un constat sans appel appuyé par l’Unicef qui établit que « tous les cinq jours, un enfant est tué par un de ses parents ».
En outre, la France a recours à des pratiques contraires aux principes de la Convention internationale des droits de l’enfant, comme l’enfermement administratif des enfants lorsque les familles en situation irrégulière vont être expulsées, dénonce l’Unicef.
Depuis 2012, au moins 33 786 enfants ont été placés en rétention, dont l’immense majorité à Mayotte et 1 460 en métropole.
« La situation est inquiétante. Les mineurs ne sont pas suffisamment protégés en France, ils ne peuvent pas suffisamment vivre leur vie d’enfant », a commenté auprès de l’AFP Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France. Elle juge que l’enfermement d’enfants en centres de rétention pour étrangers doit être « interdit ».
Dans son interview au JDD, Adeline Hazan dénonce en outre les difficultés d’accès des enfants à la santé mentale. « Il faut attendre six mois à un an et demi pour avoir un rendez-vous dans un centre médico-psychologique », déplore-t-elle. Or, « les conséquences sont parfois dramatiques, conduisant à hospitaliser des enfants ou des adolescents ».
L’association reconnaît des améliorations depuis 2016, date de la dernière évaluation de la France par le Comité des droits de l’enfant. Elle souligne par exemple le développement de politiques publiques ciblées sur les enfants. Cependant, l’Unicef regrette que ces politiques soient « très éparses », ce qui nuit à « leur lisibilité » et à « leur efficacité ». L’organisme propose ainsi plusieurs solutions, dont la création d’un ministère de l’Enfance et l’investissement de 1,5 milliard d’euros sur cinq ans.