Dans ses prévisions régionales, le Fonds monétaire international (FMI) pointe du doigt une croissance en berne et une inflation toujours très forte, alors que le risque de pénurie d'énergie pourrait aggraver la situation. La croissance sur le continent européen est désormais attendue à 3,2 % en 2022 et 0,6 % en 2023.
« Les perspectives européennes se sont considérablement assombries », a indiqué l’institution dans ses prévisions régionales publiées dimanche. Le FMI avait présenté le 11 octobre ses prévisions économiques mondiales, lors de ses réunions annuelles organisées avec la Banque mondiale à Washington, et a publié ensuite des rapports régionaux, comme celui-ci.
« L'Europe était sur le point de sortir de la pandémie fin 2021, avec une combinaison de politiques globalement appropriée, tandis que la hausse de l'inflation était en passe de s'atténuer », mais « la guerre de la Russie en Ukraine et ses retombées ont complètement changé ces perspectives », a détaillé le FMI.
La croissance sur le continent européen, hors Turquie et pays en conflit, est désormais attendue à 3,2 % en 2022 et 0,6 % en 2023, soit respectivement 0,7 et 1,1 point de moins que ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions, publiées en juillet. Quant à l'inflation, elle devrait ralentir en 2023, mais rester très élevée : le FMI attend 6,2 % dans les économies européennes avancées, et 11,8 % dans les économies européennes émergentes, respectivement.
Le tableau est sombre, et « l'un des principaux risques à court terme est une nouvelle perturbation de l'approvisionnement énergétique qui, combinée à un hiver froid, pourrait entraîner des pénuries de gaz, un rationnement et des difficultés économiques plus profondes », a averti le FMI.
« Les tensions sociales pourraient s'intensifier en réponse à la crise du coût de la vie », poussant les gouvernements à avoir « une politique budgétaire plus expansionniste qui pourrait contraindre les banques centrales à resserrer davantage leur politique monétaire ». « Devant faire face à une combinaison de croissance faible et d'inflation élevée qui pourrait s'aggraver, les décideurs européens sont confrontés à des arbitrages sévères et à des choix politiques difficiles », a encore relevé le FMI.
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« Les récessions techniques - au moins deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB - projetées dans certaines parties de l'Europe pourraient se transformer en récessions encore plus profondes à travers le continent », a encore averti cette instance international. A l'échelle mondiale, le FMI a maintenu à 3,2 % sa prévision de croissance pour 2022, et a abaissé celle de 2023, à 2,7 %.