Ce dimanche 27 mars, plus de 48 heures après le « Bing bang » balistique d’Ansarallah en plein cœur du Royaume des Salmane, « bing bang » qui s’est soldé, pour seulement l’un des 18 sites « aramquoiens » visés en moins de 6 heures par le démantèlement total des réservoirs du port stratégique de Djeddah lesquels n’existent plus, totalement consumés par le feu et remportant avec eux en à peine un jour et demi quelque 5 millions de barils de pétrole d’une valeur de 600 millions de dollars, soit un quart des réserves pétrolières mensuelles saoudiennes destinées aux ports transatlantiques, de très rares voix osent à Tel-Aviv se livrer à cet exercice éminemment périlleux qu’est l’analyse des opérations balistiques d’Ansarallah qu’on sait être, quand elles sont de grande envergure, des tournants dans la doctrine de la guerre asymétrique.
Photo en haut: la frappe de Riyad contre Sanaa en 2015
Photo en bas : la frappe d'Ansarallah contre Riyad en 2022
Le Sioniste Yaron Schneider, chroniqueur de la chaîne 12 prend pourtant le risque tant il est, tout comme les milieux militaires sionistes sous le choc d’une opération qui a pour la énième fois depuis 2015 changé radicalement la donne et rabattu les cartes, signe du séisme provoqué par Ansarallah ce vendredi 25 mars, date anniversaire de la guerre mondiale contre le Yémen, Schneider se réfère à une double image, celle de la capitale yéménite, Sanaa datée de 2015 quand elle était littéralement submergée par des tapis croisés de bombes et celle de Riyad de 2022 qui en présente à quelque exception près l’exacte reproduction : « Que de chemin parcouru par les Houthis ! Cela fait 8 ans que Ben Salmane les combat de toutes ses forces sans pour autant réussir à avoir la peau de ces Houthis qui ne cessent de monter en puissance et de se montrer menaçant ! Cette milice là n’est plus une menace locale, réduite à quelque provinces yéménites, mais régionale avec cette redoutable machine balistique qu’elle a et qui broie tout sur son chemin (…). »
Et d'ajouter : « Au fait les Houthis ont l’art de tâter le terrain, de flairer le moment propice, d’identifier le talons d’Achille de l’adversaire puis de porter le coup et c’est regrettable de voir les Saoudiens et les Emiratis, dans une pareille situation sans que les Etats-Unis, leurs alliés traditionnels n’aillent pas au-delà d’un soutien verbal et veuille tremper sa chemise(…) Que faire ? Riyad ou Abou Dhabi n’ont d’autres choix que de se jeter dans les bras d’Israël ou se soumettre aux exigences énergétiques de Washington pour s’attirer la faveur US suivant l’équation suivante : Pétrole contre Sécurité »
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Israël est-il capable d’empêcher qu’un nouveau 25 mars 2022 ne se reproduise en Arabie ou en émirat ? Mille fois non dans la mesure où cette salve de missiles qui parmi cette ahurissante combinaison drones-missiles de croisière-missile balistiques a été chargée par le QG des forces yéménites pour frapper fatalement Djeddah, l’a été, non pas seulement en pensant à l’impact dévastateur qu’elle aura sur les cours euro-américains du pétrole en ces temps où l’anti-Russisme de l’Occident bat son plein (une hausse de près de 2 dollars pour brent et WTI respectivement à 120 et 113 dollars) mais aussi en écho à l’attaque que prépare la Résistance yéménite et ce, depuis une belle lurette, contre Israël. Précisions que pour Djeddah, la Résistance yéménite avait réservé le meilleur de son arsenal, et à en juger le résultat, on ne peut que le féliciter pour la pertinence de son choix. Pourquoi ?
Photo: le principal réservoir visé à Djeddah dont l'explosion et incendies s'est étendu au reste/Image Stellite
Mais le choix du missile de croisière « Qods 2 », une variante de « Qods 1 » (d’une portée de 900 km) qui, en 2020 avait déjà frappé ce même réservoir (ce qui laisse supposer qu’il était bien protégé deux ans après la première attaque) n’est pas le tout dans cette histoire dans la mesure le moment du tir avait été choisi suivant les conditions climatiques, Djeddah ayant été ce 25 mars particulièrement venteux. Le résultat ? « Qods 2 » a provoqué une première méga explosion puis un incendie géant qui a tôt fait de répandre à la totalité des réservoirs. De « Qods 2 » on ne sait rien si ce n’est qu’il a été dévoilé de 2019 et qu’il fait partie des missiles ailés mais on sait que leur propulsion est assurée par un turboréacteur, un statoréacteur ou un moteur-fusée qui leur offre une vitesse variable entre 800 km/h et 1 000 km/h et une portée de 300 à 3 000 km.
Et connaissant Ansarallah, et ses capacités c’est ce point très particulier qui devra pousser l’entité à brider son vantardise au sujet de ses capacités militaires à aider Riyad et Abou Dhabi. Car si de Sanaa à Djeddah il y a plus de 1300 km et que « Qods-2 » l’a parcouru avec une si grande précision pour buter droit un seul réservoir, Qods 3 ne raterait pas non plus Eilat et ses réservoirs et raffineries qui se situe à 2100 km de Sanaa. A travers Djeddah c’est donc une frappe contre la côte sud-est sioniste sur la mer Rouge qui a donc été reconstruite sachant que pour une Résistance yéménite qui maîtrise déjà la technologie si complexe de la fabrication des croisières, un élargissement de portée de ce genre de missile ne devrait pas poser de problème.
Vidéo: un seul missile Qods 2 a fait voler en mille éclat Djeddah/twitter
Mais en termes de DCA, Eilat n’est-il pas mieux protégé que Djeddah, vu que l’entité continue à vendre le mythe de Dôme de fer, de Fronde de David et de son Arrow et qu’elle a même prétendu vouloir déployer le radar d’Arrow Green pin aux Emirats, façon de prévoir dans le ciel du « Golfe » toute frappe balistique contre Israël ?
On l’ignore mais tout pourrait provenir du système de navigation de ce redoutable missile de croisière qu’on sait être sélectif ? Disons que les croisières de la Résistance bénéficieraient d’une pléthore naviguant réparties entre TERCOM, Ins, Glonass, GPs et Dsmac, ce qui leur permet de surmonter n’importe quel obstacle y compris les plus puissants radars. Et c’est là qu’on revient droit sur le refus US de s’engager « sécuritairement » aux côtés de Riyad et d’Abou Dhabi comme l’évoquait plus haut Schneider, un refus qui n’en est vraiment pas un puisque la date de la dernière livraison de missiles intercepteurs « Patriot » remonte à il y a six jours.
A regarder de plus près la carte de la répartition des zones qui ont été prises pour cible d’Ansarallah tout observateur objectif comprendrait la raison du refus US. C’est simple et limpide comme l’eau de roche : le « Bing bang » du 25 mars a frappé, suivant la carte balistique publié par Al-Masirah, le Sud, l’Est et l’Ouest saoudiens, soit une zone en forme de demi-cercle propre à contourner la meilleur des DCA occidentales qui elles n’interceptent que suivant une logique rectangulaire.
Mais ce n’est pas tout : l’attaque a été si soigneusement planifiée que les drones ont visé les radars des DCA à ras le sol dans des régions les mieux protégées quand les missiles de croisière se sont abattus là où il existe des bases aériennes, histoire de neutraliser les chasseurs F-15 et Typhon. Quant au Sud saoudien, totalement exposé et depuis 4 ans à la puissance balistique de la Résistance, le choix a été évidemment tombé sur les missiles balistiques, les moins précis de tout… Pour être un vrai "Bing Bang", le coup du 25 mars l'a été... presque dans le sens littéral du terme...