Face à la vague croissante de francophobie qu’il a suscitée avec en toile de fond le boycott des produits français dans près de 54 pays du monde, Jupiter n’avait pas d’autre choix que de mettre de l’eau dans son vin. Hier soir, le secrétaire général du Hezbollah lui a adressé un message l’invitant à revenir sur son discours et revoir ce fond de pensée raciste qui autorise l’islamophobie et réprime le révisionnisme. Macron vient de faire un début de marche arrière. Est-ce définitif ?
Dans une interview avec une chaîne qatarie, le président français Emmanuel Macron est revenu implicitement sur ses positions, affirmant qu’il comprenait les sentiments des musulmans face à la publication de caricatures offensantes. Macron a déclaré samedi à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera qu’il comprenait les sentiments des musulmans envers les caricatures du Prophète Mohammad et a déclaré que des gens déformaient les enseignements de l’islam.
Macron, qui avait précédemment déclaré que l’Islam était confronté à une « crise », a déclaré à Al-Jazeera que ses remarques « avaient été déformées » pour donner l’impression qu'il soutenait les caricatures, qui, selon lui, ont été « publiées par des médias indépendants et non gouvernementaux". Un net virage, dirait-on. Et Macron de poursuivre : la plupart des victimes du terrorisme sont musulmanes et les actes commis au nom de la religion étaient un fléau pour elles.
Ce virage macronien a commencé alors même que les paires occidentales commençaient eux aussi à lâcher Macron face à l’ampleur du mouvement de protestation : en réponse à une question sur le droit à caricaturer le Prophète Mohammad, comme l’a fait Charlie Hebdo le PM canadien Justin Trudeau a affirmé vendredi : « Nous allons toujours défendre la liberté d’expression ».
« Mais la liberté d’expression n’est pas sans limites », a fait valoir le Premier ministre canadien lors d’une conférence de presse. « Nous nous devons d’agir avec respect pour les autres et de chercher à ne pas blesser de façon arbitraire ou inutile ceux avec qui nous sommes en train de partager une société et une planète ». Ce samedi, une déclaration de Jacques Chirac sur les caricatures du Prophète de l’islam publiées en 2006 par Charlie Hebdo et d’autres titres de presse resurgit sur les réseaux sociaux, signe que les Français ne suivent pas jupiter et que le mouvement islamophobe a son origine ailleurs, à Tel-Aviv par exemple : 'ancien chef de l’État français affirmait son soutien à la « liberté d’expression », mais appelait à ce que celle-ci soit exercée « dans un contexte de responsabilité », alors que leur publication avait déclenché des manifestations.
Ce message précise qu’« en 2006, le président français Jacques Chirac avait fermement condamné les caricatures de Charlie Hebdo sur le noble Prophète Mohammad ». Le chef de l’État français aurait alors déclaré : « Tout ce qui peut blesser les convictions d’autrui, en particulier les convictions religieuses, doit être évité. La liberté d’expression doit s’exercer dans un esprit de responsabilité. Si la liberté d’expression est un des fondements de la République, celle-ci repose également sur les valeurs de tolérance et de respect de toutes les croyances. »Le message s’achève sur une déclaration qu’aurait tenue l’ancien président français en Conseil des ministres : « Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d’attiser dangereusement les passions ».