Ce n'est pas seulement aux missiles antinavires de fabrication iranienne, propre à faire fuir les navires et destroyers US des côtes vénézuéliennes que la marine de la République bolivarienne songe ces jours-ci, bien que selon des sources bien informées le Venezuela commence à en avoir assez des "infiltrations US" dans son espace maritime. Pour la deuxième fois en trois semaines, la marine US a envoyé jeudi un navire de guerre dans les eaux territoriales vénézuéliennes, le destroyer lance-missiles l’USS Pinckney qui a pénétré au moins un mille marin, ignorant les avertissements sans toutefois oser aller trop loin.
L’US Navy prétend que cette infiltration visait à contester la décision du Venezuela d’étendre "ses frontières maritimes de trois milles marins" en "ignorant les règles internationales", mais qui croirait une telle sornette quand le secrétaire d'État US affirme sans honte que "les Etats-Unis empêcheraient que l'Iran et le Venezuela s'entre-aident". Cela étant dit, vouloir et pouvoir sont deux choses nettement différentes et par les temps troubles qui courent aux USA, cibles des explosions en chaîne sur ces sites sensibles et de crash d'avions non expliqué, le pari de Pompeo a toutes les chances de tomber à l'eau.
Dans les minutes suivants l'infiltration de l'USS Pinckney dans son espace territoriale, le Venezuela a dénoncé jeudi 16 juillet un "acte de provocation" d'un navire de guerre américain US qui n'a pas osé de jouer cartes sur table et mais qui a pénétré les eaux nationales du pays "de manière furtive", comme si l'US Navy avait perdu sa confiance en soi et qu'elle avait bien peur de quelque chose : « L’USS Pinckney, un destroyer de la marine américaine, a croisé dans notre zone contiguë à une distance de 16,1 milles nautiques (environ 30 km, NDLR) des côtes vénézuéliennes », dit le ministère vénézuélien des Affaires étrangères dans un tweet dénonçant une incursion "furtive" dans une zone de la mer des Caraïbes sous juridiction vénézuélienne qui constitue "à tous égards une violation du droit maritime".
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Mais pourquoi une infiltration "furtive" puisque suivant la doctrine Monroe, l'US Navy est partout aux Caraïbes chez soi? Fin avril début mai, une opération commando de la CIA destinée à enlever ou à tuer Madura a tourné lamentablement court et depuis, les échecs de la politique vénézuélienne des USA se multiplient. Pour Caracas, la toute dernière tentative d'infiltration en catimini de l'USS Pinckney est un "acte de provocation inexcusable", ce qui veut dire qu'elle serait ripostée. La violation était la deuxième fois en trois semaines après que l'US Navy a déployé le destroyer lance-missiles USS Nitze au large des côtes vénézuéliennes le 23 juin. Le Venezuela a qualifié l'opération de provocation et a déclaré qu'il réagirait avec force si le navire de guerre américain menait une opération militaire contre Venezuela.
Jeudi 25 juin, le Venezuela Mais comment? Militairement comme ce fut le cas de cet avion US que l'armée de l'air vénézuélienne a abattu en plein air et à coup de missile il y a sept jours. Le Venezuela pourrait, aussitôt après l'expiration de l'embargo sur le commerce d'armes avec l'Iran se doter des missiles mer-mer iraniens, ceux qui ont été testés avec succès il y a à peine une quinzaine de jours au nord de l'océan Indien par la marine iranienne. Le contre-amiral Tangsiri, commandant de la marine du Corps des gardiens de la Révolution islamique, avait annoncé que le CGRI dispose désormais de missiles de croisière antinavires d’une portée de 700 kilomètres. Le développement de ces missiles a connu durant ces dernières années d’importants changements. Les engins ont été notamment équipés de radars avancés, de systèmes de guerre électronique et de système de navigation plus avancés, a dit le commandant, ce qui pourrait parfaitement convenir au Venezuela.
Mais la réponse pourrait aussi consister à étendre ce cercle des Etats anti-impérialistes qui luttent contre les sanctions US. Le secrétaire d'État Pompeo a beau fonder des espoirs, cette coalition qui contourne les sanctions US, qui les rendent caduques s'élargit trop rapidement. La Turquie vient ainsi d'envoyer ce vendredi une cargaison d'aides médicales au Venezuela, bien qu'elle soit ami et allié de Washington. Mais ce n'est pas tout: Au Sénégal qui abrite le siège de l'Africom, OTAN africaine, les sanctions US sont mises à la rude épreuve.
Grand pays de l'ouest africain et dont le président apprécie de moins en moins les ingérences US dans les affaires du pays, le Sénégal multiplie les contacts à la fois avec l'Iran et le Venezuela. Ce samedi, l'ambassadeur iranien à Dakar s'est ainsi entretenu avec le ministre sénégalais du Pétrole des coopérations bilatérales en prévision de la tenue d'une cinquième commission mixte économique au seuil du 50ème anniversaire du rétablissement des liens entre les deux Etats.Le Sénégal tolère la présence de l'Africom sur son territoire n'empêche qu'il suit attentivement le jeu auquel s'apprête cette instance militaire US en Afrique et surtout en Libye, ces campagnes anti-russe et sa volonté d'étendre le conflit à partir du Sahel vers la côte. Ce bellicisme effréné, le président Sall l'a condamné tout au début de l'affaire Floyd, en dénonçant la discrimination dont sont victimes les Afro-américains. Dans les rues de Dakar, les Sénégalais continuent à démonter les symboles du colonialisme et de l’esclavagisme et les sanctions américaines en sont un.