Le sous-marin nucléaire à propulsion nucléaire de classe Triomphan (SSBN) Le Téméraire a tiré un missile balistique stratégique M51 dans l’Atlantique au large du Finistère, en France, aux premières heures du 12 juin 2020.
Un missile balistique stratégique M51 a été tiré par les militaires français ce vendredi 12 juin, à l’aube, au large de la pointe de Penmarch (Finistère), a déclaré sur sa page Twitter la ministre française des Armées Florence Parly.
« Cet essai démontre notre excellence technologique et notre attachement à la souveraineté française », a-t-elle écrit, citée par Sputnik.
La ministre a également félicité « toutes celles et tous ceux dont l'engagement a permis le succès de cet essai. Leur implication est essentielle à la dissuasion nucléaire française et à notre souveraineté. »
Les missiles M51, de nouvelles générations, mesurent douze mètres de long, 2,3 mètres de diamètre, et pèsent 56 tonnes. Ils possèdent une portée de 6 000 kilomètres. Ils coûtent, à l’unité, 120 millions d’euros. L’ogive de ces fusées peut contenir jusqu’à dix bombes (têtes) nucléaires, d’une puissance dix fois supérieure à celle d’Hiroshima. Chacun des SNLE en embarque 16.
« Ce type de tir coûte très cher, plus de 100 millions d’euros», a expliqué le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, cité par Valeurs actuelles.
«C’est la raison pour laquelle la France en réalise peu, comparée aux États-Unis qui font un tir par an ou aux Russes qui en font jusqu’à cinq par an», a ajouté le général.
Il a rappelé que la France dispose de quatre sous-marins lanceurs d’engins. Celui qui a tiré le missile a subi un « long chantier de rénovation ».
D’après Jérôme Pellistrandi, ce tir constitue non seulement un essai technique pour l’armée française, mais plus que cela, «un signal clair envoyé au monde entier». Un tel tir est nécessaire « pour garantir notre capacité de dissuasion », estime le général.
« Dans le contexte géopolitique actuel, il ne s’agit pas de surarmer la France, mais de protéger notre souveraineté», insiste-t-il.
De même, le Mouvement de la paix, une ONG créée en 1948, a organisé des piquets de protestation et des « pique-niques pour la paix » à Penmarch, Rennes, Nantes, Saint-Malo ou Morlaix.
« La crise sanitaire a montré que nous manquions de moyens dans les domaines de la médecine et de la recherche. On était en droit d’attendre que le gouvernement fasse preuve de raison et stoppe l’augmentation du budget de la défense nucléaire - passé de 3,2 milliards d’euros en 2017 à 7 milliards en 2021-2022 - pour mettre ces crédits au service de la santé. 120 millions d’euros, le prix d’un missile, équivalent au salaire de 7 500 infirmières, ou au prix de 24 000 respirateurs médicaux », s’insurge Roland Nivet, porte-parole du Mouvement de la paix.
Ces essais sont « une obscénité en ces temps de pandémie », estime dans un communiqué la Fédération antinucléaire de Bretagne. « Cette reprise des essais est en contradiction totale avec le traité de non-prolifération, qui reconnaît que certains États peuvent détenir l’arme nucléaire à condition que ceux-ci réalisent de « bonne foi » un processus de désarmement nucléaire », ajoute l’association.
Lors d’un précédent essai, en 2013, un missile M51 avait explosé quelques secondes après son lancement, à 25 kilomètres des côtes bretonnes. Cet échec, intervenu après cinq tirs réussis, avait empêché la pratique de la pêche pendant plusieurs mois.