Après des semaines d’hésitation, la Grande-Bretagne vient d'annoncer son ralliement à la coalition de guerre maritime US contre l’Iran pour ce qu'il a qualifiée de "protection des navires marchands dans le détroit stratégique d'Hormuz". C'est le nouveau ministre de la Défense de Sa Majesté, Ben Wallace qui a annoncé la nouvelle dans un communiqué, cautionnant ainsi le point de vue de ceux des analystes qui voient à travers cette manœuvre, l'alignement désormais total de la Grande-Bretagne sur la politique de guerre US. Comment un tel alignement pourrait-il se manifester? Le pétrolier "Grace 1" retenu depuis plus d'un mois par Gibraltar, et ce, sur l'ordre conjoint Londres-Washington, risque de voir se prolonger sa détention. Ce qui élargirait à n'en pas douter les risques de confrontation militaire opposant Londres à l'Iran dans le golfe Persique.
Au fait, l'idée de Washington qui consiste à ce que chaque pays escorte militairement ses navires marchands avec le soutien de l'armée américaine, laquelle assurerait "la surveillance aérienne de la zone et le commandement des opérations" ne peut qu'in fine déboucher sur un face-à-face puisqu'au moindre faux-pas de la partie britannique, la réaction iranienne ne se fera pas attendre. Le cas du Stena Impero illustre à merveille la gravité de la situation dans laquelle se place la Grande-Bretagne de Boris Johnson. Ce faisant, elle fait néanmoins le bonheur du Pentagone qui s'en est félicité et le malheur des puissances européennes qui, elles, à commencer par l'Allemagne et la France, ne veulent pas s'associer à la politique de "pression maximale" sur l'Iran par crainte d'avoir à s'engager dans une aventure guerrière sans lendemain dans une région énergétiquement vitale pour le monde entier.
« Il est essentiel de garantir à toutes les expéditions internationales de naviguer librement dans le détroit d'Hormuz et cela sans tarder davantage compte tenu de la menace grandissante », s'est aventuré à dire le nouveau secrétaire britannique à la Défense, Ben Wallace, ajoutant : « Le déploiement d'actifs de la Royal Navy est un signe de notre engagement envers les navires battant pavillon britannique et nous sommes impatients de travailler aux côtés des États-Unis et d'autres pays pour trouver une solution internationale aux problèmes du détroit d'Hormuz. ».
La ligne guerrière de Boris Johnson se précise, n'empêche que la confusion reste entière au 10 de Downing Street en ce qui concerne la politique face à l'Iran. Car aussitôt après la déclaration de guerre implicite de Wallace à l'encontre de l'Iran, le nouveau chef de la diplomatie britannique s'est livré à trouver la quadrature du cercle, en prétendant que "la politique de Londres en matière d’Iran n’avait pas changé" mais "que rejoindre les États-Unis était la plus importante des décisions prises à ce jour en matière de politique étrangère, hors-Brexit, par le gouvernement du Premier ministre, Boris Johnson".
Il y a à peine deux semaines, la Grande-Bretagne appelait à une mission navale dirigée par l'Europe. Il a maintenant rejoint ce qu’il a qualifié de «mission internationale de sécurité maritime» dirigée par les États-Unis. Aucun autre pays n'est encore impliqué. C'est clairement un déni retentissant envers l'Europe.
Reste à savoir comment Londres qui se permet de déployer de troupes dans le golfe persique et de saisir le pétrole iranien au risque d'anéantir la libre navigation compte" préserver l’accord sur le nucléaire iranien" alors que les États-Unis ont réclamé une politique plus dure vis-à-vis de l’Iran : "Notre approche à l'égard de l'Iran n'a pas changé, a déclaré le secrétaire Dominic Raab qui a ajouté : Nous restons déterminés à travailler avec l'Iran et nos partenaires internationaux afin de désamorcer la situation et de maintenir l'accord sur le nucléaire".
Les deux autres principaux pays de l’Union européenne à savoir la France et l’Allemagne, n’ont pas encore accepté de rejoindre cette coalition. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas a annoncé, lundi 5 août, que son pays ne participerait pas à la mission dirigée par les États-Unis et que Berlin était favorable à une mission européenne même s’il a averti que ce serait plutôt difficile de progresser sur cette initiative.
« Pour le moment, les Britanniques préféreraient rejoindre une mission américaine. Nous ne ferons pas cela », a déclaré Maas à la presse.
L’ambassade américaine à Berlin a déclaré mardi que l’administration du président Trump avait appelé le gouvernement allemand à se joindre à la France et à la Grande-Bretagne dans le cadre d’une mission visant à assurer la sécurité de la navigation dans le détroit d’Hormuz et à lutter contre ce qu’il a qualifié d’"agression iranienne".
Le plan américain, avancé il y a quelques semaines pour soi-disant protéger les navires et bateaux commerciaux en circulation dans le golfe Persique, a été rejeté par nombre d’alliés des États-Unis dont le Japon.