Les médias chinois suivent avec une extrême sensibilité les évolutions de combats à Idlib et à raison : Quelques 18 000 terroristes qaïistes d'origine chinoise seraient engagés dans ces combats à titre de supplétifs de l'armée turque, et ils font partie des mercenaires les plus coriaces. Basés dans le village Zanbaki sur les frontières avec la Turquie, ces qaïdistes qui parlent turc et pas chinois refusent catégoriquement de regagner la Chine.
Depuis 2011 ils bénéficient du soutien des services secrets turcs et américains et depuis que l'offensive de l'armée syrienne est lancée avec en toile de fond l'avancée fulgurante des forces du Tigre, c'est à eux que l'armée turque fait appel à chaque fois que la situation devienne périlleuse. Car ces qaïdistes sont là pour rester ou pour mourir. Le plus gros des attaques au drone contre la base russe à Lattaquié ce serait ces mêmes terroristes qui les auraient menées. À Idlib et à Hama, ce sont encore eux qui se battent le plus violemment. Selon certaines sources, leur statut a constitué l'obstacle majeur dans le cadre des pourparlers d'Astana, la Turquie refusant catégoriquement de les accueillir sur son sol. Que faire donc? Selon des sources proches de l'armée syrienne, l'armée turque aurait décidé de les répartir en plusieurs brigades de kamikazes. 300 d'entre eux opèrent dans la banlieue septentrionale de Hama surtout sur les axes d’al-Lataminah, Kafr Zita et Zaka. Ces terroristes ont été transférés depuis Jisr al-Choghour dans le sud-ouest d’Idlib et ont rallié la milice de Jaysh al-Izza. La coordination a été effectuée par les chefs du Parti du Turkestan (PIT).
Ces 300 terroristes ont comme mission spéciale de mener des opérations suicides contre les positions de l’armée syrienne soit en conduisant des véhicules piégés soit en se faisant exploser.
Le 6 juin, l’agence de presse du PIT connue sous le nom d’Islam Awazi, avait publié des photos montrant ses membres pilonnant les positions de l’armée syrienne dans la campagne du nord de Hama avec des canons de fabrication turque de type HY-12. Ankara continue à armer et à entraîner largement ces ressortissants chinois, ce qui ne pourrait pas laisser indifférente la Chine.
Alors que la Turquie s’était économiquement rapprochée de la Chine pour résoudre sa crise économique, elle a publiquement dénoncé la répression des Ouïghours au mois de février et ce, en organisant des manifs anti-chinoises. La Chine a répliqué très sèchement. Tout s'est passé comme si, une fois Daech disparu en Irak et en Syrie, Ankara reprenait les actions secrètes pour le compte de la CIA, cette fois au Xinjiang, cette province orientale de la Chine à majorité musulmane, laquelle occupe une place de choix dans le méga projet stratégique de la Chine dit Nouvelle route de la soie. Aux pourparlers entre les président russe et chinois la semaine dernière à Moscou, la question a été surtout celle-ci : les frappes russes contre les terroristes à Idlib, à Hama et à Lattaquié vont se poursuivre. Mais la Chine pourra-t-elle rester définitivement à l'écart?