Que la société française soit chamboulée de fond en comble par les pires crises sociales qui soient, et cela pour cause d’un système de valeurs exportées de l’autre bord de l’Atlantique, cela ne fait ni chaud ni froid à l’Élysée qui n’a d’yeux que pour l’Amérique ! À peine trois jours après avoir infligé « noir sur blanc » des « sanctions » à l’Iran qui attend toujours que l’Europe mette en place son mécanisme anti-sanction extraterritoriale US, ne serait-ce que pour sauvegarder les intérêts de ses propres nations, le régime du président Macron appelle l’Iran à « cesser immédiatement ses tirs de fusées spatiaux » qui, violeraient, selon lui, la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.
La Macronie ne craint évidemment pas le ridicule, en exigeant sur un ton de menace, que les Iraniens respectent la résolution 2231 que les États-Unis, « Big Brother », ont foulée au pied en mai 2018 en se retirant du PGAC (accord nucléaire) dans le strict objectif de nuire aux intérêts de l’Europe en général et de la France en particulier et aussi de rendre caduc le poids de cette dernière sur la scène internationale. Il est vrai que depuis 2017, date à laquelle Emmanuel Macron est arrivé à l’Élysée, la France n’est plus du tout aux Français, sinon comment comprendre que le Quai d’Orsay, lui-même signataire et garant du PGAC, et si largement défié par l’Amérique de Trump, finisse par s’auto-discréditer en singeant Mike Pompeo.
À Téhéran, la réaction à cet énième signe d’hostilité ouverte de la Macronie à l’égard de l’Iran a été presque immédiate et plus ferme que jamais. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi a mis en garde, vendredi 11 janvier, la France contre cette reprise scandaleuse du discours des « parties qui battent le tambour de la guerre contre l’Iran ».
« On s’attend à ce que la France s’abstienne, à l’avenir, de répéter les déclarations injustes de nos opposants », a-t-il mis en garde. Plus loin, Bahram Qassemi a ajouté que la République islamique d’Iran se réservait le droit de renforcer ses capacités défensives et scientifiques et que cela ne contrevenait en aucune manière à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.
« Aucune clause de cette résolution n’interdit à l’Iran de mener des programmes de développement de missiles et de systèmes de défense antiaérienne et de les utiliser à des fins scientifiques », a réaffirmé le porte-parole qui qualifie d’« irresponsable » toute interprétation erronée de la résolution 2231, irresponsable et vecteur d’hostilités.
Emboîtant le pas à Washington, le porte-parole de Quai d’Orsay, Agnès Von Der Mühll, a appelé vendredi Téhéran à renoncer aux tirs de fusées prévus dans le cadre du programme spatial iranien alors même que la Macronie peine à remplir sa part du marché dans le PGAC qui n’est désormais que l’ombre de lui-même. Les analystes politiques jugent largement contre-productive la politique iranienne de l’Élysée qui malgré de très fortes dissensions transatlantiques reste entièrement alignée sur les politiques du département d’État. Du soutien explicite de la France au groupuscule terroriste OMK (Organisation des Moujaheddin du peuple) aux sanctions que Paris vient d’imposer au ministère iranien du Renseignement largement impliqué dans la lutte contre le terrorisme, la France donne l’impression qu’elle cherche la confrontation plus que l’entente et la coopération.