La Russie devrait essentiellement combattre l’Iran pour le faire sortir de Syrie, où Téhéran entend poursuivre son alliance de 30 ans et aider à la reconstruction du pays après la guerre civile, selon les experts israéliens.
Le journal israélien Haaretz a écrit que le conseiller à la sécurité nationale américaine John Bolton s’est entretenu, la semaine dernière, avec les autorités russes et israéliennes de l’avenir de la Syrie. Au début de la semaine, juste avant son arrivée à Tel-Aviv, Bolton avait prétendu que les USA et la Russie s’étaient entendus sur le retrait de l’Iran de Syrie, mais que Moscou se disait incapable de pouvoir faire sortir les Iraniens.
Sur le papier, il semblerait qu’il y ait un consensus entre Israël, les États-Unis, la Russie et d’importants pays arabes pour le retrait iranien de Syrie. Un haut responsable de la Maison-Blanche a confié au journal Haaretz : « Tout le monde plaide pour la sortie de l’Iran, mais la question qui se pose est de savoir si quelqu’un a un programme qui soit à même d’accéder à cet objectif. »
Jusqu’ici, c’est Israël qui a assumé la responsabilité de faire sortir l’Iran de Syrie. L’unité Téhéran/Moscou a beaucoup aidé à la victoire du président syrien Bachar al-Assad au terme de sept ans de guerre.
L’Iran a joué un rôle important dans le triomphe d’Assad, mais la Russie a joué un rôle déterminant, de sorte que les autorités israéliennes espéraient que le président russe Vladimir Poutine pourrait user de son influence sur l’Iran. Cependant, les Russes avaient dit à maintes reprises à Israël être incapables de faire sortir l’Iran de Syrie.
Poutine avait déjà dit à Bolton qu’il souhaitait lui-même que l’Iran se retire de Syrie, mais que son pays à lui seul n’était pas capable de forcer Téhéran à le faire. Jusqu’à présent, la Russie a maintenu les forces iraniennes à 85 km de la frontière d’Israël. Mais il y a une exception : les Iraniens sont toujours présents à Damas et dans ses alentours, toujours d’après le journal israélien Haaretz.
Pour le gouvernement Trump, le retrait iranien de Syrie fait partie des conditions préalables à tout nouvel accord entre Téhéran et Washington qui devrait, selon lui, remplacer l’accord nucléaire de 2015.
La politique des États-Unis consiste à augmenter la pression économique sur l’Iran via les sanctions, dans l’espoir de faire revenir Téhéran à la table de négociations.
Certains analystes sont d’avis que tout débat sur « le retrait iranien de Syrie » s’avère irréaliste. L’Iran dispose de milliers de combattants sur le sol syrien et attend impatiemment le processus de reconstruction de la Syrie. Le fait de faire sortir de Syrie toutes les forces militaires fidèles à l’Iran portera atteinte à tous ses projets.
Tamara Cofman Wittes spécialiste du Moyen-Orient à la Brookings Institution, a écrit sur Twitter le mois dernier : « Cela fait plus de 30 ans que l’Iran et la Syrie sont deux pays alliés. L’idée que les États-Unis pourront, même avec l’aval de la Russie, enclencher le retrait iranien de Syrie s’avère ridicule. Selon elle, “cette idée traduit encore la politique injuste de Washington dans le cadre de cette guerre horrible”. »
Hussein Ibish expert à l’Institut des États arabes du golfe Persique à Washington a confié à Haaretz : « Le principal objectif de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de Bahreïn, trois des principaux rivaux de l’Iran au Moyen-Orient, est de restreindre la présence de l’Iran en Syrie. Ils exigent le retrait de Téhéran de Syrie, tout en concédant que parvenir à ce résultat est pour le moment très difficile. »
C’est seulement en cas de confrontation avec Israël que l’Iran pourrait se transformer en une source de danger pour Bachar al-Assad, qui a rejeté, le mois dernier, cette éventualité, en affirmant qu’il souhaite une présence à long terme de l’Iran et du Hezbollah en Syrie pour qu’ils aident au rétablissement de la stabilité dans le pays.